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Transfo Pays de la Loire / Semaine 8 / Hub PME & Atelier des prototypes

En cette semaine 8, et après beaucoup de travail et de réflexions mises bout à bout pour en arriver là (cela a commencé dès la semaine 7), nous avons enfin pu tester grandeur nature le mode opératoire « Atelier des prototypes » ! Et pour une première, le sujet était à la hauteur puisqu’il s’agissait de notre premier contact du côté du volet économique de la Région  ! La Direction de l’Action Economique, de l’Innovation et de l’Internationalisation (DAEII pour les intimes) avait sollicité l’appui de la fonction innovation sur un projet complexe autour du soutient aux entreprises (aides, accompagnements…). Le sujet est en quelque sorte un cas d’école puisqu’il s’agit pour la Région d’être force de proposition et animatrice d’une réflexion à laquelle de nombreux partenaires (CCI, développeurs économiques…) devront prendre part. Comme souvent, la Région ne fera pas tout elle-même ; elle doit co-produire.

L’Atelier des prototypes tombait donc à pic pour permettre à la direction concernée de poser rapidement sur une table de réunion une ou plusieurs propositions martyres face auxquelles les partenaires présents pourrait dès lors réagir plus facilement que devant de « simples constats » et qu’ils pourraient déconstruire/reconstruire à l’aune de leurs expertises respectives.

Illustration du mode opératoire "Atelier des prototypes"

Illustration du mode opératoire « Atelier des prototypes »

Oui mais encore fallait-il pour l’équipe innovation naissante à la Région réussir à prototyper une réponse ! Cela fait bientôt 2 ans que l’équipe Transfo travaille avec les agents qui composent aujourd’hui l’équipe innovation mais, outre le fait qu’on ne devient pas designer ou animateur de projet en quelques semaines de Transfo (et ça n’est d’ailleurs pas l’effet recherché), lorsqu’il faut se lancer seul, lorsqu’il faut faire face à un sujet qu’on ne connait pas, assumer cette posture de « naïf », et oser proposer, alors la question dépasse largement le cadre des compétences pour toucher très directement à la confiance de chacun… L’équipe d’agents a donc mis à profit l’été pour soigné tout particulièrement ce premier sujet, parcourant plus de mille kilomètres à la rencontre des acteurs concernés sur le territoire régional et analysant ainsi plus que prévu le sujet, avant de brillamment mettre en forme le fruit de cette analyse (aidée en cela par Angélique, apprentie designer fraîchement arrivée à la Région) et les idées qu’elle a fait naître.

Après un léger affinage en début de semaine 8 avec les résidents Transfo et une remise au clair sur les objectifs du test et son déroulé, tout était donc fin prêt mercredi 16 octobre. L’équipe innovation au grand complet était présente pour dévoiler son travail à Joëlle Debon, chargée de ce projet à la DAEII ainsi qu’aux représentants de la CCI et d’Atlanpole, à une développeur économique et une chef d’entreprise. Les attentes étaient nombreuses de toute part !

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2h30 plus tard, après une présentation rapide et des discussions fructueuses, l’équipe innovation rappelait que ce qui avait été présenté était un matériau brut, mêlant analyse et début de propositions formelles que les porteurs de projet devait maintenant faire mûrir. Dans une démarche consistant à rendre lisible et appropriable sa production, les points clés repérés par l’équipe ont été mis en évidence et les opportunités et limites de chacune des 8 propositions concrètes présentées ont été expliquées faisant ainsi appel à l’expertise des spécialistes pour décider de la suite en connaissance de cause. Les participants ont tous trouvé la démarche intéressante et Joëlle Debon a pu repartir très motivée avec une réflexion consolidée et des propositions amendées par ses partenaires.
Annexe 3 - Projet HUB PMEAnnexe 3 - Projet HUB PME2

Si tout n’a pas été idyllique, le test s’est donc avéré tout à fait concluant ! Certes cela n’a pas été facile. Le temps passé sur ce projet s’avère au final beaucoup plus important que ce que les résidents Transfo avait initialement imaginé et de très nombreuses petites épreuves ont du être franchies, pas toujours aisément : passer de l’analyse à la proposition, ne pas se laisser enfermer sur l’une ou l’autre des idées, animer une réunion à plusieurs, ne pas se retrouver en défense d’une idée, savoir « couper le cordon » avec le projet et laisser le porteur s’en ressaisir… Mais quel plaisir d’arriver au bout et de voir que c’est possible, que les participants – experts d’un sujet que l’équipe innovation ne connaissait pas – ressortent contents !

Le débrief fait dans l’après-midi aura soulevé de nombreux points d’amélioration possibles (organisation spatiale de la réunion, maintient d’une posture permanente de questionnement…) mais la première étape de validation est largement franchie. Simplement, si le permis est en poche, la confiance et les automatismes doivent encore grandir, c’est bien normal. Ce qui est bien, c’est que les sujets à arpenter ne manquent pas !

Transfo Pays de la Loire / Semaine 7 / Jour 1 / L’équipe s’agrandit

Si la semaine d’avril dernier a été l’occasion d’identifier les futures interventions de la fonction innovation et de tracer leurs premiers contours, notre travail commun ne s’arrête pas là.

Il s’agit maintenant de formaliser les missions de la future fonction innovation pour affiner les conditions de leur pertinence et de leur mise en œuvre. En cohérence avec les méthodes de travail jusque là expérimentées, l’objectif est de prototyper et tester 3 des 6 modes opératoires retenus en semaine 6. Pour mener à bien ce programme, les deux prochaines semaines du programme y sont consacrées : la semaine 7, du 24 au 28 juin 2013, est l’occasion de préparer avec les agents les tests qui auront lieu en semaine 8, en octobre 2013.

En prenant en compte l’actualité des politiques régionales en lien avec le degré de pertinence d’intervention de la future fonction innovation, voici les thèmes de travail qui ont vu le jour :

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Pour envisager la pérennisation de la fonction innovation et la diffusion de la démarche, il nous semble essentiel de co-élaborer avec les agents déjà impliqués cette prochaine étape. Ceci est d’autant plus nécessaire qu’entre la semaine 6 et la semaine 7, 5 agents ont été choisis pour porter particulièrement la démarche d’innovation interne à la Région suite à la fin du programme de la Transfo.

C’est donc avec ces objectifs en tête que lundi 24 juin, la Transfo a repris ses marques au sein du Conseil Régional.

Le matin fut l’occasion de faire un rapide retour des semaines précédentes, et de repréciser les 6 modes opératoires de la future fonction innovation.

Fabrique des Politiques Régionales

Pour illustrer le chemin parcouru au regard de la gestion de projet en design, et se mettre d’accord sur la définition du terme « prototypage » ensemble, la petite présentation ci-dessous fut bien éclairante :

TransfoPdL-Prototypage

Après avoir repris le déroulé du programme de la semaine (à voir ici), les agents présents ont été invités à faire part de leurs attentes à court et moyen terme sur la démarche engagée.

Cet exercice a permis de mettre en évidence :
– le besoin de clarifier le mandat confié à l’équipe innovation au sein du conseil régional (quelle posture adopter, quelle officialisation de la fonction, quelle coordination engagée, quel temps imparti sera donné… ?)
– l’envie de voir quels impacts auront les démarches mises en œuvre par la fonction innovation à terme.

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L’après-midi du lundi permit de se lancer concrètement dans le premier sujet de la semaine : quel prototype de « la fabrique des mandats » sur la question de la gestion des mails au sein de la Région mettre en place en semaine 8 ?

L’ensemble de l’équipe innovation désignée était de la partie, accompagnée d’agents complices depuis plusieurs semaines. Claire et Carole, de la DCI, ont présenté les enjeux de fond du sujet, ayant déjà travaillé cette question avec une direction régionale et ayant fait le constat de l’échec de la mise en pratique des préconisations proposées alors.

Si cette explicitation du contexte était nécessaire, c’est un grand écart qu’ont du réaliser les agents présents pour ne pas chercher à résoudre de but en blanc les soucis internes de la gestion des mails mais se positionner en tant que concepteur du prototype du mode opératoire « la fabrique des mandats » de la future fonction innovation.

Le croquis réalisé en semaine 6 nous a permis de reprendre le fil de notre réflexion.

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De façon générale, c’est avec plaisir que les quatre résidents de la Transfo ont pu constater que le groupe commençait à se prendre au jeu et à intégrer pleinement les coulisses de la démarche menée depuis plus d’un an en région. Oui, l’équipe innovation est en marche…

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Transfo Pays de la Loire / semaine 6 / Jours 2,3,4 : atelier !

Après une journée de démarrage consacrée au nécessaire résumé des épisodes précédents, nous nous sommes retrouvés ce mardi matin à l’Hôtel de Région, prêts à entamer le travail « vers un  prototype de la fonction innovation ». Première tâche, et premier atelier : à partir des expérimentations réalisées dans les semaines précédentes, mais aussi à partir de l’expertise des agents en matière de « fabrication » des politiques publiques, nous nous proposons de dessiner les cheminements pris par la construction des politiques publiques. Nous nous répartissons en 3 groupes. Deux s’appuient sur des exemples vécus précis correspondant aux directions des participants (prospective participative et politique culturelle co-produite) tandis que le troisième groupe prend comme point de départ l’ensemble des expériences des participants. Dans tous les cas, les questions sont les mêmes : quelles actions, quels acteurs, avec quels moyens et pour quels livrables ? Nous abordons ces questions une par une, les anticipons, y revenons et construisons rapidement plusieurs schémas basés sur un même axe temporel.

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Mais surtout, pour chaque « cartel », nous nous demandons quelle « importance » il a dans le processus de conception et de mise en œuvre d’une politique publique de la Région. Dans chaque groupe, les discussions sur ce qui fait critère d’importance en la matière apporte une profondeur supplémentaire à la prise de recul que nous entamons. Ces discussions nous permettent déjà, ce mardi, d’identifier les points d’appuis que nous pourrons utiliser pour la suite de nos ateliers. Tard dans la nuit, voilà où nous en sommes (cliquez sur l’image pour accéder au fichier pdf) :

Représentation Construction de politique publique v0.1

Nous continuons nos travaux dès mercredi matin, sur la base de cette analyse de la synthèse réalisée par l’équipe dans l’intervalle. En re-travaillant cette forme-support en sous-groupes, nous affinons les intuitions de la veille et identifions des zones clés, des vides, des noeuds, des points d’acupuncture en quelque sorte, sur lesquels pourraient porter les efforts et les propositions de la future fonction innovation. Parmi ces points identifiés : le passage de la commande et son lot d’incompréhension, le temps de l’évaluation, l’identification des rôles de chacun dans un groupe projet…

Schéma construction des politiques retravaillé

Une fois mise en forme par l’équipe avant le dernier atelier, nous obtiendrons cette deuxième forme-support (là aussi, cliquez sur l’image pour voir en grand).

Représentation Construction de politique publique v0.3-LD1

Lors de la clôture de l’atelier du mercredi, des propositions de réponses, concrètes, à ces problématiques, émergent peu à peu. Et c’est ainsi assez simplement que l’équipe travaillera tout ce matériau dans l’après-midi, non seulement pour produire les deux dernières schémas de synthèse mais aussi pour entamer des maquettes de 6 modes opératoires de la future fonction innovation.

Représentation Construction de politique publique v0.3-LD2

A l’issue du travail du mercredi, nous imaginons en effet qu’elle ne deviendra pas un seul bloc opérationnel mais bel et bien une sorte de boîte à outils élaborée, ou plutôt une boîte à processus, à modes d’action, à laquelle les agents pourront faire appel indépendamment à différents moments de la vie de leur programme :

  • au moment de l’émergence de la commande politique, « le démarreur bienveillant »
  • en amont de l’ingénierie de projet proprement dite, « l’exploration des usages » pour connaître le contexte des usages, mais aussi « la fabrique de mandats » pour mettre sur pied une équipe opérationnelle et « l’atelier des prototypes » afin de disposer d’un objet-prototype à interroger avant même de lancer la machine ;
  • au fil de la vie du projet, une forme d’évaluation intelligente, le dispositif de « mise en réalité » ;
  • et à la fin, mais aussi tout au long de la vie du projet, un travail de veille et de documentation « utile » à la vie du projet : « le capitaliseur ».

Et pour préciser ces propositions, dans la lancée de la semaine (et de l’année passée !), l’équipe soumet lors du dernier atelier du jeudi, quelques « dessins à réaction » aux agents participants, élaborés à partir des nuages de mots récoltés sur chaque mode opératoire la veille. Ces dessins, entre recherches formelles et reprises graphiques des questionnements, poussent le groupe vers la concrétisation. En replaçant ces idées parfois décalées dans leur réalité de travail, les sous-groupes enrichissent, précisent et contre-disent les premières maquettes… en vue de la présentation de l’exposition du lendemain !

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atelier-jeudi-mode-action2Voilà comment une semaine passe en un clin d’oeil ! Plus justement, voilà comment une année passe en un clin d’oeil ! En effet, régulièrement dans la semaine, nous avons récoltés des avis très positifs comme quoi cette semaine particulière serait sans doute la plus intéressante de toute cette Transfo jusqu’alors. Or nous savons les étapes qu’il a fallu franchir pour arriver à celle-ci et nous avons pu, tout au long des réflexions et productions de la semaine, mesurer (si nous en doutions !) à quel point ces trois jours étaient intimement liés à tout le parcours réalisé jusqu’ici. Nous le rappelons donc dès que l’occasion nous est donnée et nous ravissons d’avoir eu le temps nécessaire pour en arriver là !

Transfo Pays de la Loire / Semaine 5 / Jour 4 : Objectif « note »

Jeudi 14 novembre

Avant dernier jour, et, comme toujours, les choses s’accélèrent. Nous avons préparé la veille au soir un dernier temps d’atelier avec les agents. Nos objectifs ? Avant tout, il s’agit bien sûr de finaliser la démarche de prototypage entamée. Mais nous nous en fixons un autre : s’assurer de l’utilisation extérieure des productions de la semaine. Et nous imaginons qu’il faudrait pour cela permettre aux agents de trouver une passerelle entre ces travaux un peu éloignés de leur quotidien et leurs pratiques habituelles. Mais lesquelles ? La rédaction de notes de validation de projet, pardi !

L’atelier va donc consister, une fois faits les retours des tests en ENR, en 2 ateliers, avec 2 groupes de travail sur 2 des formes réalisées mardi. Le choix, fait collectivement, aura bien sûr permis une précision des termes utilisés et de ce que chacun met derrière les « mots ». La question à traiter,  in fine : dégager ce qu’il faut pour rédiger une note proposant le développement de l’objet choisi et sa mise en oeuvre concrète.

Pendant que le premier groupe se penche sur le couple réseau des passeurs/cartographie des acteurs de l’orientation, le second s’intéresse au développement d’une « bande-annonce » de présentation d’outils généralistes comme meformer.org. Résultat en images ci-dessous:

Au moment du partage des travaux réalisés en sous-groupes, nous nous attachons surtout à ne pas perdre de vue notre objectif opérationnel : s’assurer qu’il y aura des suites au travail de la semaine « dans la réalité », sous forme de note (et qui sait, si elle est validée, ce que cela pourra devenir ensuite).

Pari gagné ? Nous n’en savons rien pour le moment, mais au moins nous avons fixé quelques éléments clés :

  • qui ? Les 2 agents du CR présents depuis lundi se chargent de coordonner les travaux et d’initier la rédaction de la note
  • quoi ? Entamer la rédaction de deux notes (une par objet travaillé), contenant des éléments classiques (=rédigés) mais intégrant également des éléments visuels issus des travaux du jour (et proposés à l’exposition de demain) ;
  • pour quoi faire ? Pour proposer la mise en œuvre des prototypes.
  • avec qui ? L’appui, sur leur demande, des résidents et des participants des autres directions ou encore les partenaires des CIO et de l’ONISEP (voire même d’autres). A voir si des co-signatures de directions internes pourront être tentées…
  • quand ? D’ici mi-décembre.

Rdv est donc donné pour mesurer l’implantation et l’appropriation des méthodes d’innovation proposées par la Transfo et donc leur durabilité.

Après-midi

Rejoints par Romain, de la 27e Région, nous entamons l’après-midi avec une bonne liste de choses à faire, que nous nous répartissons. Deux agents passeront prendre le pouls et mettre, un peu, la main à la pâte dans l’après-midi. Les uns partent donc commencer la conception et la mise en place de l’exposition du lendemain, les autres avancent sur les productions à y ajouter, d’autres encore relancent une invitation aux membres du CR pour venir la visiter…

Et dans tout cela, nous gardons aussi le cap sur notre second objectif de la semaine : préparer très en amont la prochaine semaine, en février, qui sera dédiées à faire le point : « qu’avons nous réalisé jusque là (avec les différentes expérimentations) et qu’en faisons nous pour la suite (du prototypage d’une fonction innovation ?) ». Pour préparer plus intelligemment cette future semaine, nous mobilisons dans l’après-midi la DPSDD pour échanger autour de nos premières intuitions et imaginer notre travail commun d’ici là.

En ressortent des idées riches et enthousiasmantes : en février, nous aurons vraisemblablement à construire quelque chose comme un « carrefour des réflexions » : nous pourrions proposer de travailler de manière collaborative sur les chantiers respectifs du « labo des mutations », de la Mission Méthodes et de la DPSDD pour que chacun progresse en profitant de l’intelligence collective – et au même moment mettre cette dernière au service d’un premier protypage de la future fonction innovation. Ceci permettrait à chacun d’être partie prenante de scénarios ainsi élaborés tout en avançant sur ses propres missions.

Est-ce que nous sommes plus organisés, à force? En tout cas, si elle n’a pas toujours été facile (se répartir les tâches impose aussi de réserver des temps de mis en commun), cette répartition des tâches fut productive!

Transfo Pays de la Loire / Semaine 5 / Jour 3 : Tester et prendre du recul


Mercredi 13 novembre

L’équipe se retrouve pour un début de débrief au petit matin, rapidement écourté pour retrouver Anne Bassinet, Directrice Générale Déléguée Stratégie et Territoires, et, pour nous, « directrice référente » puisque régulièrement rencontrée et responsable de la direction prospective.  A nouveau, nous nous séparons : la moitié de l’équipe part au RDV, l’autre moitié met ce temps à profit pour synthétiser, en billet de blog et en schéma, ce qui a été dit et produit jusqu’alors.

Le rendez-vous : obtenir d’avoir des agents « permanents »

Le rendez-vous est pour nous un moment important. Nous ramons depuis trop longtemps à faire participer des agents à nos semaines, alors même que nous avons pu compter très rapidement sur la grande aide de quelques alliés dans la maison. Nous cherchons donc activement des moyens de dépasser le stade des chasses aux participants répétées avant chaque semaine pour pérenniser notre démarche. Une bonne part de l’entretien sera donc tourné vers ce but. Nous repartons avec une liste de directions/personnes fléchées et l’accord pour transmettre et appuyer nos futures demandes vers ces « cibles ». A nous d’envoyer au plus vite un premier calendrier de la semaine de février ! Calendrier auquel nous travaillons justement…

Par ailleurs, ayant eu vent d’une nouvelle commande politique qui semble nous concerner, nous cherchons à comprendre ce qu’il en est et à nous affirmer comme interlocuteur bienveillant sur le sujet. Tendres ingénus, nous découvrons encore cette possibilité qu’une demande politique intervienne sans crier gare au milieu du travail des administratifs. Or il faut bien s’y faire ! Et si cela nous inquiète un peu de prime abord compte tenu des efforts que nous déployons pour réfléchir sur la méthode, le principe que les élus se saisissent au plus vite d’une question leur semblant primordiale sans attendre qu’elle colle à l’agenda administratif n’en est pas moins compréhensible. Nous nous mettons donc d’accord pour nous rapprocher des agents saisis de la demande et voir avec eux comment nous pouvons participer à la réponse.

Plus généralement, cet épisode montre bien comment le fonctionnement théorique entre politique et administratif est différent dans les faits, comment les aspects transversaux sont complexes à gérer et enfin comment des équipes travaillant sur un sujet peuvent ne pas être consultées sur une question pourtant directement en lien avec leur travail. L’analyse des causes de ce fonctionnement (travaux méconnus, manque de temps pour identifier les compétences à associer, culture du travail par directions…) et la proposition d’alternatives devra forcément apparaître quelque part dans notre production au bout du programme… De façon plus précise, nous sommes, à un moment où nous nous le demandions justement, directement alertés sur les questions de « gouvernance de la fonction innovation ». Qui décide d’utiliser cette fonction ? Qui pose le sujet dont elle se saisit ? Quelles compétences sont alors activées et comment ?

Parallèlement, production de synthèse

Synthétiser la réflexion, la mettre en forme pour y voir plus clair voilà ce à quoi s’attèle le reste de l’équipe.

11h > 12H30 : un temps commun de partage des avancées de la veille avec les agents

Suite à la séparation des équipes, et au fait que certains agents n’aient pas pu se libérer pour la phase de test sur le terrain, nous nous remettons à niveau avec ceux qui ont pu prendre le temps de nous rejoindre. Les designers de l’équipe expliquent les mises en formes réalisées (les idées « prototypées » ainsi que la synthèse de la réflexion sous forme de schéma), mais aussi les réactions recueillies lors de la soumission de ces idées à l’animatrice de l’ERN Médiagraph rencontrée la veille. Cette remise à niveau collective permet de relancer la discussion, d’affiner les propositions… et même de faire naitre de nouvelles idées.

15h > 17h : immersion dans une maison de quartier

L’après midi, le coeur joyeux et l’esprit chantant, nous nous rendons dans le quartier du Breil et plus particulièrement à l’espace multimédia de la maison de quartier.

Certains d’entre nous discutent avec l’animateur pendant que d’autres interviewent les adolescents présents : raison(s) de leur présence, relation à l’animateur, ambiance du lieu, et… orientation ! Nos discussions sont intéressantes, mais aborder avec le sujet de l’orientation est délicat: ils sont très jeunes (5e et 4e) et n’ont pas encore trop d’idées, ne savent pas encore à qui ils vont s’adresser , ni comment ils vont s’y prendre, ni si Daniel_ l’animateur_ sera leur interlocuteur. Bref, la discussion n’est pas facile à mener et nous avons l’impression de leur demander de s’exprimer sur des choses dont ils n’ont pas grand chose à nous dire.

Le deuxième temps de notre visite sera plus intéressant : nous descendons d’un étage voir la personne de l’accueil de la maison de quartier.

Elle nous réconforte d’emblée : « Je suis la porte ouverte du service public ». « On me demande tout, caf, stage de 3e, aide au CV, horaire de la piscine … ». Nous sommes donc fasse à une véritable « Passeuse », c’est à dire, pour nous, une personne qui est en relation avec le public cible de l’orientation mais qui n’est pas forcément compétente en la matière.

Partageant notre vision des choses, elle nous confirme son manque d’outils, de méthodes et de savoirs pour orienter ces gens vers les « bonnes personnes ».

Nos idées lui paraissent intéressantes mais peut-être encore trop vagues. Grâce à notre discussion, c’est elle qui nous permettra d’aller plus loin en nous montrant des outils qu’elle a l’habitude d’utiliser : le guide des associations de son quartier (un livret-annuaire édité par la mairie de quartier). Voilà qui nous intéresse. Quel serait l’équivalent nommé « Guide des acteurs de l’orientation du quartier du Breil » ?

Car oui, tous nous l’ont dit : « un annuaire des professionnels c’est bien, mais il faut qu’il soit à l’échelle du quartier car les gens ici n’ont pas de voitures et ne feront pas l’effort d’aller à l’autre bout de Nantes pour rencontrer la personne ou la structure indiquée. Il faut qu’on les oriente vers des professionnels proches » 

Voilà une des difficultés : comment la Région peut-elle se saisir, avec ses partenaires bien sur, de la question et contribuer à inventer des outils pour des échelles si fines?

Nous laissons la questions en suspens. Une chose est sûre : outiller les passeurs semble être une bonne idée, et même un impératif. Reste à savoir comment. Avec un annuaire local des professionnels ?  un temps de formation?la mise en place d’un réseau des passeurs ? Nous n’avons pas encore LA solution (et elle est certainement multiple) mais l’immersion aura confirmée que la zone d’action est la bonne !

Sur ce, rendez-vous demain pour un dernier atelier sur le sujet qui consistera à mettre en mots les propositions afin de les présenter aux élus vendredi.

Transfo Pays de la Loire / Semaine 5 / Jour 2 : Prototyper et anticiper

Mardi 13 novembre

Ce matin, notre petit groupe mêle des agents issus de directions différentes (Labo des mutations, Prospective, Lycées, Apprentissage) mais aussi des « extérieurs » (Onisep, Carif-Oref, CIO). Avec eux, nous attaquons ce deuxième jour par 3 heures d’atelier créatif. L’objectif de la séance est ambitieux : faire émerger, au sein de l’éco-système de l’orientation, des pistes d’amélioration et développer des prototypes permettant de tester ces pistes sur le terrain.

Comme souvent, nous repartons du matériau récupéré la veille en atelier comme support de la réflexion. L’effort de synthèse opéré par l’équipe laisse apparaître des « points cardinaux » qui révèlent une répartition des compétences entre les dispositifs généraux dédiés à l’orientation et les ERN en tant que structure de médiation, tout en localisant de potentielles zones d’impact des « signaux faibles » identifiés par la prospective.

Le premier travail d’identification des nœuds et de dépliage des questionnements est long mais essentiel, et il faut savoir prendre le temps de le faire aboutir collectivement (du moins c’est ce que nous nous efforçons de faire). Nous savons que le temps passé cette fois-ci à première phase d’analyse a été très court et l’équipe appréhende donc un peu des réactions face à cette simplification graphique. Au contraire, l’idée générale qui en ressort est plutôt partagée et le schéma re-raconté par les participants avec notamment une vision sous un autre angle : « l’axe vertical, là où les structures identifiées sont bien positionnées, c’est l’axe de la commande publique et l’axe horizontal, là où les espaces numériques sont positionnés, c’est l’axe de la mission territoriale ». Décidément, un schéma, ça se partage !

Si le constat de certains dysfonctionnements importants au sein du système actuel de l’orientation est assez largement partagé, il est parfois difficile d’admettre que : « nous ce n’est pas là que nous pourrons agir ». Nous nous obligeons donc à faire un « pas de côté », à explorer les marges de manœuvre existantes au sein de l' »espace gris » autour des dispositifs officiels. C’est là que nous pouvons intervenir, et c’est aussi cette échelle qui permet prendre du recul et de réfléchir aux usagers qui échappent encore aux mailles, un peu trop grosses sans doute, du filet institutionnel. Par contre, tout le monde s’accorde sur la multiplicité des dispositifs : l’enjeu n’est pas d’en créer un nouveau, mais plutôt d’éclairer les chemins possibles au sein du système global en essayant d’identifier les « grains de sable » pour, si possible, les éliminer.

Rapidement, les participants, répartis en deux groupes, esquissent quelques pistes:
– penser le rôle de « passeur » des professionnels des structures de médiation comme les ERN,
– fluidifier les parcours entre les différents dispositifs,
– valoriser l’essai-erreur et révéler le caractère itératif des cheminements individuels,
– permettre les échanges entre pairs,
– penser la place des outils numériques…

Et tout ça, concrètement, ça pourrait donner quoi ? Un « Marmiton.org » des « ingrédients » utilisés par chacun dans son propre parcours (mais aussi des erreurs de « cuisson » ou de « dosage », pour filer la métaphore) ? Un livre d’or qui valorise l’essai-erreur et l’aléa dans les parcours de chacun ? Un kit d’animation à transmettre aux « passeurs » ? Une cartographie pour se repérer dans cet éco-système complexe?

Pas de doute, il y a là de la matière pour développer des prototypes!

A mi-parcours du programme, nous continuons aussi de tirer les leçons de nos erreurs passées. Si une mobilisation forte d’agents issus de directions différentes est la condition sine qua non de la pérennisation de notre action, le processus de mobilisation prends du temps. Nous décidons donc d’anticiper au mieux les suites en profitant de notre présence sur place pour préparer la prochaine semaine, en février.

L’occasion, aussi, de se mettre à jour sur les avancées de chacun pendant notre absence et de reprendre contact avec des interlocuteurs importants : les prises de RDV se multiplient, et les « trous » de la semaine se remplissent peu à peu. Aujourd’hui, nous rencontrons Antoine Foucault (DPSDD) et Carole Bodenan (D4CAE, Mission méthode). Avancée de la démarche prospective, échecs et succès des « immersions », conceptualisation d’une exposition-restitution des Assises, réutilisation des enseignements tirés de notre expérience à la Flèche, transformation du Bureau des Méthodes en Mission Méthode, réflexions sur la fonction prospective au sein de la Région… Il s’en passe des choses en quelques semaines ! Mine de rien, l’acupuncture Transfo semble porter quelques fruits, et les agents s’autorisent de plus en plus à réutiliser certaines des méthodes déployées. Par ailleurs, nous prenons à nouveau conscience de l’importance du partage de l’information, loin d’être optimale, et de la difficulté de coordonner les calendriers de chacun… Pas toujours simple de faire coïncider le calendrier d’un programme sur deux ans en pointillés, avec des « trous » de plusieurs mois entre les semaines Transfo, et un agenda politique qui peut tout bousculer !

Pendant que le premier binôme enchaine les RDV, les designers de l’équipe mettent la main à la pâte pour mettre en formes des versions plus tangibles des idées du matin permettant de les tester au plus vite. Les temps sont malheureusement trop serrés car, au mieux, nous aurions bien partagé un peu plus ce travail avec les agents. Un jour viendra… En attendant, la fin d’après-midi approche, il est temps pour cette moitié d’équipe de retrouver les agents présents et de s’acheminer vers Médiagraph, ERN associatif situé en centre-ville de Nantes. Premier test in vivo des outils élaborés quelques heures plus tôt, et surtout confrontation au terrain pour les agents et à l’ambiance sur place. Puisque nous parlions de lien social et de l’importance des aspects humains le matin, nous sommes servis ! Médiagraph est un lieu de vie avec une cuisine où on se croise et où on partage ses expériences. Peut-on s’inspirer de cette réalité vivante et informelle, s’appuyer dessus, sans l’institutionnaliser, ce qui la tuerait sans doute ?

La journée fut bien remplie pour chacun, et il faut aussi trouver le temps de partager entre nous informations, expériences et questionnements soulevés par ces différentes rencontres…

Transfo Pays de la Loire / Semaine 5 / Jour 1 : Lancement

Lundi 12 novembre 2012

L’équipe Transfo est de retour à l’Hôtel de Région pour une 5ème semaine un peu particulière. D’une part parce que nous sommes (déjà !) à mi-parcours, et d’autre part parce que, si pour l’heure l’équipe retrouve sa composition habituelle (Jacky, Shah-Dia, Léonie, Magali), c’est aussi la dernière semaine de Léonie et Magali en tant que résidentes.

D’abord, quelques mots sur le contexte général. En Pays de la Loire, le but de la Transfo est de faire l’interface entre la prospective et les politiques régionales. Au cours de cette 5ème semaine, nous souhaitons donc mettre en avant la porosité entre ces deux éléments trop souvent dissociés. Comment ? En s’attaquant à l’amélioration d’un dispositif régional à l’aide des tendances prospectives construites par la DPSA21 (devenue Direction de la Prospective, des Schémas et du Développement Durable, DPSDD) et le Labo des mutations.

Pour cela, nous avons choisi de nous saisir d’un dispositif qui, s’il n’est pas spécifiquement dédié à l’orientation, se retrouve souvent à accompagner les usagers dans ce processus, sans forcément être outillé pour : les espaces régionaux numériques (ERN). Objet à la fois physique, technique et humain, les ERN reflètent bien l’enjeu de l’adaptation constante des services publics aux évolutions des pratiques sociétales.

Finalisation de l’architecture de la semaine

Au bout de cinq semaines, des processus de travail commencent à se stabiliser. Comme à l’accoutumée, la journée démarre par un premier temps de travail interne à l’équipe.

A l’ordre du jour de cette matinée:

  • re-définir collectivement les objectifs de la semaine IN (mettre en œuvre et transmettre la méthode du prototypage appliquée aux questions d’information et d’orientation tout au long de la vie)
  • finaliser le déroulé de la semaine IN (moyens de réalisation, répartition des rôles)
  • re-définir  collectivement les objectifs de la semaine OFF (préparer la semaine 6) et organiser son déroulé (moyens de réalisation, répartition des rôles, prises de RDV)
  • finaliser le déroulé de l’atelier de lancement et les outils d’animation ad’hoc (un déroulé formalisé et mis à l’écrit, une première d’organisation pour nous!)

Travaux pratiques

Avec un tel programme, l’heure de l’atelier est vite arrivée. Nous nous dirigeons vers un espace du campus régional encore inexploré (oui, s’immerger dans la Région c’est aussi explorer de nouveaux lieux au gré des salles de réunions réservées). Peu à peu, c’est finalement 12 personnes qui viennent nous rejoindre, avec des profils très divers : des agents issus de directions différentes (Labo des mutations, Prospective, Lycées, Apprentissage) mais aussi des « extérieurs » (Rectorat, Carif-Oref, Fongécif, CIO, PING).

Le temps que tout le monde s’installe, notre atelier commence finalement à 16h au lieu de 15h30.  30 minutes de moins, auxquelles s’ajoute un tour de table qui prend finalement un peu plus de temps que prévu. Eh oui, créer de l’interconnaissance et de la transversalité prends du temps, et nous ne l’avons pas forcément assez anticipé en se fixant des objectifs plutôt ambitieux pour 2h de réunion…

Avant d’entrer dans le détail, un petit retour en arrière s’impose pour mieux comprendre le déroulé de cet atelier : lors de l’élaboration du programme, nous avons pensé qu’une contribution des agents en amont permettrait d’enrichir notre séance de lancement. Ce « passage de relai » nous a semblé très important car il répond à l’un des objectifs de long terme de la Transfo : la mise en œuvre autonome des méthodes utilisées dans le programme. Nous avons donc « passé commande » aux agents, en leur demandant des contributions de deux ordres: des « paroles d’experts » sur l’orientation, la prospective et les ERN; et les retours d’une petite enquête de terrain réalisée en amont. Conscients des plans de charges de chacun, nous avons cependant pris le soin de tenter de réduire au maximum le temps de travail demandé en le facilitant par l’envoi de consignes précises.  Après un temps de présentation de la démarche par l’équipe puis un tour de table, nous leur passons donc le relai pour ces présentations introductives.

Nous commençons par une présentation rapide et à plusieurs voix des objectifs de l’orientation, complétée par un panorama des dispositifs existants en la matière à l’aide d’un support graphique proposé par Olivier Ryckewaert, du Laboratoire des mutations.

En images, cela donne ça:

Chartlotte Rautureau, chargée de mission chez PING qui accompagne la Région dans sa réflexion sur l’avenir des ERN, nous présente ensuite cet objet un peu particulier.  Elle confirme rapidement notre intuition. Si les ERN ont bien été conçus comme outils de lutte contre la fracture numérique, aujourd’hui, l’augmentation du niveau d’équipement numérique des ménages – entre autres –transforme leurs missions. Ils sont, de fait et comme beaucoup d’autres structures, amenés à faire de l’aide à l’orientation. Les ERN, qui regroupent usagers et praticiens parfois démunis sur le sujet, constituent donc un espace pertinent pour tester nos prototypes. Ce premier diagnostic est rapidement complété par les apports du terrain, grâce à un reportage photo réalisé par deux agents et qui rend compte de leur visite de l’ERN du BreilEnfin, diaporama à l’appui, 2 agents (DPSDD et Labo des mutations) nous présentent les 4 (devenus 5) signaux faibles pouvant impacter les dispositifs d’aide à l’orientation qu’ils ont pu identifier grâce à leur travail prospectif :

  • ludification (développer des formes appropriables pour faire passer des contenus informatifs et répondre au déclin de l’écrit)
  • individuation (développement de l’offre personnalisée grâce à l’utilisation de données sur la personne)
  • robotisation (systématisation de la gestion des tâches répétitives par des systèmes informatiques ou mécaniques)
  • humain (développement des métiers à caractère « social », rôle du sensible, de l’empathie, des rapports humains…)
  • proximité (relocalisation et économie du partage)

Maintenant que chacun a bien en tête ces éléments, les participants sont répartis en 2 groupes pour réaliser, armés de post-it et à partir des présentations et des discussions, un travail collectif de synthèse. Pour identifier des nœuds solides pour penser l’évolution de la fonction orientation, nous tentons de répertorier les usages des ERN et des dispositifs institutionnels d’aide à l’orientation, tout en essayant d’y injecter les points de vigilances qui découlent des signaux faibles présentés auparavant.

Chaque groupe avance à son rythme, mais la petite demi-heure qui nous reste à disposition semble un peu courte. Un des groupes prend pourtant le temps d’ébaucher un classement qui permet de problématiser la réflexion et d’identifier des « pôles » d’usages et de compétences, qui ne sont pas forcément les mêmes pour les deux « morceaux » étudiés. Nous récoltons une matière première dense, qu’il va falloir « détricoter » pour qu’elle puisse servir de base à la réflexion en vue du prototypage…

A l’issue de l’atelier, nous prenons aussi le temps d’échanger en off sur la stratégique générale de la Transfo avec Olivier Ryckewaert, notre principal allié au sein de la structure. Nous en tirons des questionnements partagés, des débuts de réponses, en tout cas des éléments qui permettent de nous projeter sur les semaines suivantes en tenant compte des objectifs généraux du programme (vus de la Région et vus de l’équipe) et du contexte politico-administratif.

Malgré la fatigue de fin de journée, nous regagnons enfin nos pénates pour une dernière séance de travail d’équipe. Comment retravailler la matière récoltée durant l’atelier pour préparer l’atelier du lendemain en fonction des objectifs fixés le matin ? RDV demain pour voir le résultat !

Transfo Pays de la Loire / Semaine 4 / Jour 5

Qui dit 5ème jour dit, en langue « Transfo », jour de bilan…

Après avoir travaillé toute la semaine sur un objet comprenant à la fois les dispositifs de rencontre de la Région avec ses citoyens et la production issue de ces rencontres, que pouvons-nous répondre aux questions de départ ? Alors que nous arrivons bientôt au milieu du programme Transfo en Pays de la Loire, tentons ici de les reprendre une par une (ainsi que quelques nouvelles qui ont surgi entre temps) et de voir ce qui se dégage de nos expériences…

– Pourquoi aller à la rencontre de l’usager/habitant (y compris sur des sujets aussi complexes que la prospective) ?

En semaine 3, nous étions arrivés à illustrer la situation en concluant que nous étions, par de nombreux aspects, à la recherche d’un insaisissable équilibre. Entre la technicité de l’action régionale et les aspects pratiques du terrain, entre les connaissances techniques des agents et l’expérience du quotidien des habitants, entre le temps long de la prospective et le besoin de réponses concrètes et rapides ressenti par les usagers, nous dessinions points par points les contours d’une Région idéale capable de produire des politiques publiques adaptées et comprises par ses habitants. Parmi ce flot d’entre-deux quelque peu théoriques, deux figures « pures » ressortaient, au sens où elles étaient positionnées exactement à l’équilibre : le citoyen et l’élu. La figure du citoyen en particulier retenait notre attention et était finalement différenciée de l’habitant ou de l’usager. Au fur et à mesure des discussions, le citoyen apparaissait tout simplement redéfini comme une personne informée, à même de comprendre les enjeux et le sens de l’action, qu’elle soit usager ou non, habitant ou non.

Aller à la rencontre de l’habitant reviendrait donc d’abord à faire une action de communication, au sens noble du terme, d’explication de l’action, de présentation et d’échange autour des questionnements régionaux avant même de proposer des réponses. Cet aspect pédagogique s’est en effet révélé particulièrement important cette semaine. Il prenait même régulièrement des accents inattendus de désacralisation de l’institution et de ceux qui la compose (à l’image des agents « presque redevenus humains » le temps d’un soir parce qu’ils avaient mis de côté la veste et avaient joué quelques scénettes ! ). Le besoin de « cassage du mythe régional » s’est donc avéré criant et a montré le fossé qui nous séparait de l’état actuel à celui de connaissance mutuelle. Cette dernière notion mérite d’ailleurs d’être ré-affirmée : il ne s’agit pas uniquement de faire faire à l’habitant le chemin le séparant de l’institution mais bel et bien de faire se rapprocher dans un effort commun et permanent l’institution et l’habitant.

Ce faisant, les productions issues de la semaine passée font aussi la preuve qu’au-delà d’un « simple » rapprochement, des rencontres Région-citoyens peuvent aussi permettre de s’assurer de l’absence d’a priori et de repréciser quelques notions dans ce qu’elles ont de plus sensible et subjectif.

– Quelle matière peut-on retirer de la consultation citoyenne ?

L’immersion fléchoise a confirmé ce que nous pressentions : même après un temps de présentation non négligeable, comme dans le cas de la soirée du jeudi, tout sujet (encore plus lorsqu’il est aussi complexe que la prospective) amène avant tout à parler de qui l’on est, de ce que l’on connaît avant d’éventuellement aller plus loin et toucher du doigt la complexité régionale. Pour autant cela n’a pas vraiment semblé problématique. Au contraire, ce contenu vivant et imparfait, après avoir généré quelques questions sur son utilité, est vite devenu une matière appréciée pour sa capacité à être parlante, à résumer parfois en quelques mots emplis de vécu une idée qui, énoncée par la Région, semble souvent bien plus abstraite. Si une compilation exhaustive de toutes les phrases prononcées et les images collectées n’aurait vraisemblablement qu’un intérêt restreint, chaque participant à cette semaine est sans nul doute reparti avec en tête son florilège de réflexions spontanées lui permettant ainsi de re-concrétiser la démarche, de la tangibiliser. Ce faisant, chacun d’entre nous aura intimement ressenti ce qui est peut-être l’intérêt premier de la production d’une démarche de consultation : une re-connection avec l’humain, un apport de chair et d’os dont l’expression, très rapidement clichée et facile à moquer, ne doit pas masquer la satisfaction qui ressortait largement dans l’équipe en cette fin de semaine d’avoir un tout petit peu répondu à la quête de sens précédemment exprimée.

Personne n’est donc revenu avec des réponses précises aux grandes questions posées et il faut bien rappeler que ça n’est pas ce qu’il faut aller chercher ! Au contraire, nous avons récolté tout au long de la semaine des avis subjectifs, des visions parcellaires et des phrases « qui résument tout », de l’affect, des envies, des peurs, de la complexité, du re-questionnement… Et cela nous apparaît aujourd’hui comme un complément intéressant à l’exercice de prospective préalablement mené par la Région. Là où le travail des experts consiste à faire émerger des tendances, à raisonner en systèmes et à rationaliser, la consultation répond de façon impressionniste et expressionniste. Ce qui nous a dès lors préoccupé a été de ne pas simplifier artificiellement ce contenu, de ne pas l’orienter par nos réactions, le sur-interpréter, d’assumer notre besoin de synthèse sans produire des comptes-rendus vides de sens, de sensibilité, de contradictions. C’est pourquoi nous avions consacré une bonne partie des ateliers de la semaine 3 ainsi que le temps jusqu’à la semaine 4 à imaginer des formes originales à même de recueillir tout ce matériau subjectif et de le rendre le plus ré-appropriable possible. La difficulté de l’exercice auquel nous nous attelons dès aujourd’hui est de récupérer toutes ces formes et d’en faire un document compréhensible et partageable… Y compris dans d’autres temps de consultation !

En effet, l’un de nos tests de la semaine (les « Questions à Réactions« , posées sans préalables au sein d’un marché et qui ont montré certaines limites) a aussi mis au jour un intérêt important : aller au devant des gens avec des questions et un intérêt pour leurs réponses est sans doute l’un des meilleurs moyens pour faire preuve de l’ouverture de la démarche et donner envie de participer à des formats plus longs… En quelque sorte, la consultation se nourrie d’elle-même : des formes de consultations légères permettent de mener d’autres consultations plus approfondies et d’accentuer ainsi le partage et le rapprochement de la Région et de ses citoyens.

– Comment faire un pas vers la stratégie (sans prendre le pas sur le travail des élus, sans effacer la complexité) ? Comment passer de la consultation à l’objet de politique publique ?

Notre expérimentation autour de l’exercice de « prospective participative » touchant à sa fin, nous arrivons maintenant au moment où les études se transforment en décisions et en dispositifs. C’est alors aux élus de se saisir du travail mené et de proposer les projets qui y répondront. Le rôle des agents est de faciliter le passage de l’un à l’autre et pour cela, généralement, de synthétiser. Cependant, dans le cas de la prospective, comme dans d’autres, la somme d’informations récoltée est énorme et les questions bien plus nombreuses que les réponses. Synthétiser ne reviendrait-il pas dès lors à faire état de cette complexité, à la mettre en avant plutôt que de chercher à la réduire artificiellement ?

Puisqu’il ne s’agit pas ici d’anticiper sur le travail des élus, qui seuls ont la légitimité politique, et puisque les agents ont bien montré leur souci de ne pas mal interpréter le contenu qu’ils ont récolté, il nous faut penser des formes intermédiaires entre le retour de paroles brutes et la synthèse simpliste. Il nous faut affirmer la notion de flou: se garder de faire passer ce qui a été fait pour un travail scientifique et bien montrer grâce aux formes employées que tout cela ne sont que des tendances pouvant même être contradictoires les unes par rapport aux autres, un ressenti exprimé par le territoire à un moment T. Depuis le début, toute la difficulté de l’exercice semble se cristalliser dans ce moment de passage de relais, d’un travail fait d’expertises et de sensible vers le politique, « définisseur » de projets. Forts de tout le travail mené depuis le début de la Transfo, nous avons maintenant la possibilité de tester des formes nouvelles et d’avancer encore un peu notre réflexion de fond sur l’innovation au sein de l’institution régionale. Nous entrons dans une phase où le travail sur les formes de restitution va être prépondérant et notre vendredi après-midi est d’ailleurs en grande partie consacré à la réflexion en groupe sur ce sujet. Rendez-vous est donné dans quelques semaines…

– Quel(s) retour(s) pour les citoyens ?

Notre semaine a aussi été l’occasion de se rendre compte parfois de notre manque de politesse ! Nous saluions bien les personnes rencontrées et les remerciions chaleureusement mais pris dans l’élan et concentrés sur nos premiers objectifs, nous nous sommes assez vite rendus compte que nous avions délaissé les questions de présentation (qui sommes-nous, pourquoi sommes-nous là) et que nos remerciements, même appuyés, semblaient finalement bien maigres au regard de l’attention que nous portaient les fléchois et du travail qu’ils fournissaient dans les ateliers. Ainsi, nous nous sommes vite considérés comme redevables si ce n’est d’une réponse, au moins d’un retour envers tout ceux qui avaient bien voulu nous répondre. C’est en fait ce vendredi que l’expression idoine est clairement ressortie ; ce qui nous avait marqué à l’issue de cette semaine et ce qu’il fallait que nous gardions absolument a été ainsi résumé : faire preuve d’empathie.

Lors des ateliers, un premier retour consistant à afficher aux murs les productions tout juste réalisées donnait l’occasion d’une première prise de recul et d’une première affirmation que ce qui avait été dit n’était pas parti dans le vide. Mais il nous faut maintenant aller plus loin. Après nous être rendus compte de notre erreur, nous avons essayé de collecter les adresses e-mails de tous les participants intéressés et devons maintenant leur faire un retour plus complet et plus travaillé, montrer que nous avons entendu et retenu ce qui a été exprimé sous une forme synthétique mais pas simpliste. Les participants sont bien placés pour savoir ce qu’ils ont dit et ne s’y retrouverait pas ! Finalement, le besoin auquel nous devons répondre ne semble pas très éloigné de celui de restitution aux élus… Cela peut même apparaître comme une qualité que d’être en mesure de faire d’abord un retour ne prenant pas parti, faisant le plus honnêtement possible état de ce qui a été dit, avant de donner la parole aux élus qui expliqueront ce qu’ils en ont retenu et les réponses qu’ils y apportent. Dans l’idée de pédagogie, c’est aussi l’occasion d’affirmer, si ce n’est de faire connaître, la différence entre l’aspect administratif de la collectivité et le rôle stratégique et décisionnaire des élus. Le travail sur des formes intermédiaires évoqué plus haut apparaît donc à la fois plus important et plus efficace.

– Quelle(s) forme(s) pour une fonction d’innovation régionale ?

La fin de la Transfo est encore un peu lointaine mais les semaines défilent vite et à l’aune de notre premier sujet d’expérimentation, quelques hypothèses se dessinent déjà. De part le temps passé en immersion avec 7 agents régionaux, la semaine 4 a notamment été l’occasion de nous confronter à des questions de management dont nous sommes peu familiers. Les temps de réflexion internes au sein de l’équipe 27e Région et les temps de réflexion ouverte avec les agents, tout comme les temps de réflexion avec les citoyens se sont parfois mélangés avec des résultats plutôt négatifs, voire contre-productifs : pertes de repère, sentiments de flottements, fréquentes remises en cause et possible perte de temps. En cela, la 27e Région (bien que toute petite comparée aux 26 autres) et à travers notre équipe, la préfiguration d’une fonction d’innovation régionale, n’apparaissent pas différente d’une autre organisation puisqu’elles ne peuvent s’exonérer de ces questions de management et doivent réussir à mieux formaliser le processus de co-création, sans doute en dissociant mieux les temps de travail et en formalisant des niveaux de responsabilité laissant libre cours à la discussion et aux propositions mais permettant de décider d’une orientation à suivre lorsque cela est nécessaire. En somme, le difficile équilibre évoqué pour l’action régionale se retrouve assez logiquement ici dans le fonctionnement même de la fonction innovation.

Cela amène d’ailleurs à penser l’autonomie de cette fonction. Comment en effet tenir son rang de « poil à gratter », de « re-questionneur » ou encore de « pirate bienveillant » sur la longueur (très importante pour pouvoir capitaliser et construire comme l’expliquait par expérience Jean-Lou Molin) au sein de l’institution ? Sur cette question l’utilisation du design aujourd’hui donne une bonne possibilité de comparaison. Avec un rôle identique sur de nombreux aspects, la fonction design est partagée entre des équipes intégrées au sein des organisations et des équipes externes. Si la base du métier est la même, le contexte dans lequel s’exerce la fonction amène selon le cas (et en généralisant quelque peu) à plus de facilités pour l’intégration des contraintes de l’organisation ou à une prise de recul plus évidente. De ce fait, certaines organisations ont recours au deux modes de production simultanément, faisant travailler des équipes externes et internes sur des sujets communs. Cependant il nous faut aussi penser en terme d’efficacité or l’action publique a la particularité de dissocier le travail de réflexion, d’analyse et de mise en place effectué par l’administratif de celui de priorisation, de stratégie et de décision mené par le politique. En cela une fonction d’innovation régionale pourrait sur le papier déjà bénéficier d’une bonne part de l’indépendance nécessaire à son bon fonctionnement. Mais, de la même façon qu’une Région proche de ses citoyens ne peut se construire que sur le long terme, l’acculturation des agents régionaux, et à travers eux de l’ensemble de l’institution, à des méthodes innovantes incluant par exemple le recours à la prospective pour re-problématiser les sujets d’étude, ne peut se faire qu’avec une certaine pérennité, qui doit donc être garantie. A voir le malheureux exemple de l’abandon soudain du travail mené en Espagne en région Estremadur, on peut justement se demander : une fonction innovation externalisée ne constituerait-elle pas une alternative plus stable et donc plus à même de remplir son rôle ? Afin que cela soit viable, mais aussi pour garantir le recul de cette fonction innovation sur ses sujets de recherche, une telle entité pourrait-elle par exemple bénéficier d’un portage multi-acteurs ?

Nombre de questions sont encore posées et les réponses sont certainement multiples. Cependant, nous saisissons un peu mieux chaque semaine les tenants et les aboutissants du sujet. Généralement d’ailleurs l’enthousiasme l’emporte sur les difficultés rencontrées et à relire nos billets de blog, il pourrait apparaître comme une forme de positivisme démesuré. Qu’on se rassure donc, le travail mené soulève au moins autant de questions qu’il n’en résout, il montre en particulier l’extrême difficulté qu’il y a à mener une action mesurée assez innovante pour faire bouger les choses et faire preuve de son efficacité, tout en étant assez partagée pour pouvoir être diffusée et donc, là aussi, efficace… Nul doute que cela fera partie des questions abordées lors de l’événement organisé par la 27e Région « Design Public Local » à Tourcoing la semaine prochaine.

Transfo Pays de la Loire / Semaine 4 / Jour 3

Il est 7h du matin et notre deuxième journée à La Flèche commence : eh oui, les semaines de Transfo ne ressemblent pas tout à fait à des vacances!

Le programme est chargé et il n’y a pas de temps à perdre. Nous essayons de nous répartir les tâches au mieux: pendant qu’une équipe s’installe sur le marché, l’autre prend ses marques au lycée d’Estournelle de Constant. L’occasion de mettre en pratique,  auprès de publics différents, les « questions à réactions » travaillées la veille.

Tester, c’est aussi apprendre à tirer des leçons de nos échecs pour tenter d’améliorer les processus mis en oeuvre. La veille, en faisant le point sur l’atelier à l’IFSI, nous avons réalisé que nous avions – dans l’urgence et malgré un effort de préparation important – complètement négligé un aspect important de l’introduction. Pourtant, aménager un vrai temps de présentation est le préalable indispensable pour parvenir à instaurer d’une relation de confiance entre nous et les personnes qui participent à l’exercice. Question de politesse, d’honnêteté ou d’intégrité, chacun en convient, nous avons une forme de dette envers ces personnes. Quel que soit l’outil utilisé pour aller à la rencontre des citoyens, toute personne qui accepte de donner de son temps est en droit d’exiger de :

  • savoir QUI l’interpelle
  • savoir POURQUOI elle est interpellée
  • savoir COMMENT sera utilisée sa parole

Avant de nous lancer, nous prenons donc dans chaque groupe le temps de présenter un « protocole » défini la veille par les résidents pour apporter, d’entrée de jeu, des réponses aux questions ci-dessus.

Après quelques heures de mise en pratique vient le temps du débriefing. Jacky et Nicolas, restés au « QG » pour continuer un travail de fond sur la préparation de la suite de la semaine, en profitent pour nous rejoindre et partager les enseignements tirés de cette expérience. Premier constat: il est très facile de s’approprier l’outil, bien que chacun le fasse à sa façon. Par ailleurs, nous sommes tous agréablement surpris par les réactions des personnes abordées, bien plus positives que ce que chacun pouvait imaginer. Enfin, nous réalisons que l’outil n’a pas nécessairement répondu à l’objectif de départ mais que sa mise en oeuvre a permis, entre autres:

  • de « faire du buzz » pour la séance du jeudi
  • de désacraliser l’institution régionale
  • d’instaurer un lien de confiance entre la Région et les citoyens
  • de sensibiliser les participants sur la Région
  • de mettre le pied à l’étrier des agents-animateurs

Pour autant, quelques ratés sont à déplorer. Tout d’abord, sur le fond, personne n’est sûr d’avoir appris des choses nouvelles. Les contenus recueillis ne sont pas inintéressants, mais n’apportent rien de nouveau. Par ailleurs, on peut quand même regretter un certain effet micro-trottoir (qui, on s’en doutait, est probablement inévitable dans ce genre d’exercice, mais rien ne vaut la preuve par l’expérimentation). Enfin, faire le lien avec la soirée du jeudi, qui portait sur la prospective, était loin d’être évident. Beaucoup de questionnements persistent, mais c’est aussi cela l’intérêt du test! D’autant que des pistes d’amélioration se dessinent.

Après une pause-déjeuner salutaire, nous allons cette fois-ci investir la Mairie pour un temps de travail collectif. Encore une fois, l’ampleur de la tâche nous invite à nous répartir en petits groupes, car nous avons une heure pour récupérer et commencer à mettre en forme les contenus recueillis grâce aux 3 outils testés. Nous initions donc un travail qui nous sera fort utile pour commencer à réfléchir au contenu du « 6 pages » de restitution que nous nous sommes engagés à produire à l’issue de l’immersion. Le retravail du contenu du photo-langage dévie assez rapidement sur une proposition d’amélioration de l’outil en soi, sans qu’une proposition de mise en forme de l’ensemble des contenus récoltés ne soit vraiment esquissée. Eh oui, les consignes sont aussi là pour être détournées!

Séance de travail à la Mairie: comment restituer et mettre en forme les contenus récupérés?

A 16h, une partie de l’équipe se dirige vers la Bibliothèque pour une nouvelle séance de Questions à réactions, pendant que le reste de la troupe retourne au « QG ». Quelques uns planchent sur les items du Radar du futur, dont certains sont loin de faire l’unanimité. Avec parfois l’impression de couper les cheveux en quatre et de remettre en cause de façon permanente des choix forcément un peu subjectifs. Chacun réalise vite que si le test permet de tirer des enseignements essentiels pour améliorer nos outils, la phase de retravail se révèle souvent à la fois passionnante, chronophage et épuisante! Pendant ce temps là, nos comédiens dans l’âme répètent leur « spectacle »: d’un commun accord, nous avons décidé de renforcer la théâtralisation des récits de vie. Avec plus ou moins d’appréhensions, car se mettre en scène reste assez loin des pratiques quotidiennes des agents d’une institution régionale, chacun fini par se prêter au jeu.

On tâtonnes, on retravaille, on se prend la tête, mais une chose est sûre: on avance, d’une façon ou d’une autre. Et on apprend énormément, que ce soit de nos succès ou de nos échecs!

Transfo Pays de la Loire / Semaine 4 / Jour 2

Ca y’est ! Nous y sommes ! Après avoir longuement travaillé sur la question de l’immersion et sur les finalités de celle-ci en semaine 3, nous voici à La Flèche ! Agents, participants extérieurs et équipe 27e Région, nous sommes une douzaine sur place pour tester sur 3 jours différents outils.

Avant tout, nous rappelons l’objet de notre quête : questionner les modalités de rencontre entre la Région et ses citoyens. Comme à notre habitude, l’équipe recontextualise la démarche et lance un état des lieux de l’avancée des différents outils pensés pour la semaine. Depuis juin, les échanges de mails sont allés bon train mais rien ne vaut une bonne mise à jour en face à face ! A nouveau, la démarche se veut ouverte et nous mettons de suite en discussion les outils.

Les 2 propositions d’outils destinés à des temps d’atelier, bien qu’assez avancées dans leurs formes (sans savoir si celles-ci se révèleront appropriées ou non), sont encore à préciser, ne serait-ce que dans leurs modalités de mise en route. Entre le « photo-langage » et le « radar du futur », la matinée passe vite à préciser collectivement les étapes qui nous permettrons d’animer chaque outil. Nous prenons la logique d’animation/mini-formation à coeur et tâchons de faire en sorte que les citoyens que nous allons rencontrer puisse rentrer dans les outils aussi simplement et progressivement que possible, que leurs premières réflexions puissent leur permettre de rentrer dans la logique prospective, de rentrer dans la démarche, pour ensuite s’exprimer de la façon la plus ouverte qui soit, en connaissance de cause. Au fur et à mesure des discussions et des différentes modalités envisagées, nous nous rendons bien compte du lien direct entre les questions auxquelles nous cherchons à répondre et la façon dont il va nous falloir scénariser les outils. Cependant, imaginer tous ensemble les avantages et les inconvénients de telle ou telle mise en forme (relativement complexe compte-tenu du format des ateliers), la requestionner face aux objectifs s’avère parfois difficile et peut-être même quelque peu inefficace alors que les premiers tests grandeur nature sont prévus pour la fin de journée…

En début d’après-midi, nous lançons une réflexion sur un outil que nous avons moins précisé : des « questions à réactions » à même de susciter la discussion sur des lieux comme le marché ou dans la rue dans lesquels nous n’aurons pas le temps ni les moyens de s’appuyer sur des supports complexes. L’équipe explique son parti pris : tant qu’à questionner les personnes croisées dans la rue sur un thème plus resserré, pourquoi ne pas le faire sur cette fameuse question de la relation entre la Région et ses citoyens ? Sur cette base, nous imaginons collectivement, sur le mode brainstorming, une collection de modalités toutes aussi décalées par rapport à ce qui existe aujourd’hui que pertinentes compte tenu de ce que nous cherchons à obtenir. A force de regroupements, nous reprécisons nos attentes et identifions des sous-thèmes plus à mêmes de susciter la réaction. Nous arrivons finalement à un constat : plutôt que de questionner les citoyens dans un mode assez déconnecté de la réalité, tourné vers 2040, pourquoi ne pas jouer à fond la carte de l’étonnement ? Nous décidons de nous présenter demain au marché comme des personnes de la Région envisageant sérieusement différents modes de consultation aussi loufoques que susceptibles d’exister un jour. Nous écrivons les phrases sur lesquelles nous nous baserons demain : « Bonjour, nous sommes de la Région et nous réfléchissons aux relations entre les citoyens et la Région. C’est pourquoi nous envisageons de faire venir un élu chez vous pendant une semaine ». Ou encore : « Bonjour, nous sommes de la Région et nous réfléchissons aux relations entre les citoyens et la Région. C’est pourquoi nous envisageons d’augmenter les impôts des personnes ne participant pas aux réunions publiques ». Nous espérons bien que cette approche débridée amènera, au-delà des réactions d’étonnement, des discussions ouvertes et vivantes sur les buts, les limites, les intérêts, les possibilités d’échanges entre citoyens et Région…

Vient enfin le temps de notre premier test des outils destinés aux ateliers ! Nous arrivons à l’IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) un peu avant 17h et nous installons rapidement. Nous découvrons que le public sera très restreint mais nous le prenons comme la possibilité de tester nous-mêmes les outils en se mêlant aux 4 personnes présentes. Compte-tenu de ces circonstances, sur le temps d’un atelier, nous nous répartissons en deux groupes et produisons un « radar du futur » et un « poster flou » issu du photo-langage. Ces premiers tests jouent pleinement leur rôle d’objets martyrs. En effet, à peine ces objets produits, nous demandons à nos participants de nous faire leurs retours… Des retours pleins de questions et même, de quelques débuts de remises en cause vraisemblablement accentués par le fait que nous avions pleinement – voire un peu trop – joué le jeu de l’expérimentation et affiché dès le départ nos questionnements… C’est là le jeu de l’ouverture !

Loins d’être parfaites, les formes et les méthodes proposées pour les ateliers sont logiquement re-questionnées après dîner, tout comme nos méthodes de co-production et notre organisation. Petit à petit, notre expérience de l’innovation publique ouverte se forge… Demain, dans quelques heures, nous irons à nouveau à la rencontre des citoyens, les « vrais »(!), un aller-retour entre réflexion et pratique, fondement de notre démarche, que le quotidien ne cesse de conforter !