Deuxième jour de résidence. Notre journée est polarisée par le premier rendu que nous allons faire à 18h à la Maison des associations.
Notre objectif est double:
-continuer à rencontrer des acteurs du monde associatif et numérique rennais, et des usagers.
– dégager quelques constats et propositions à présenter pour le soir.
Des rencontres éclectiques
Entre l’élu de la ville de Rennes, la bibliothécaire chargée du service numérique et le primo-arrivant qui vient dans les cybercentres pour mailer et apprendre le français, nous rencontrons des personnes avec des objectifs et usages du numérique très disparates.
9h, Nous rencontrons Sarah et Pierre, animateurs dans deux pôles multimédia du sud de Rennes (Maison des Squares / Maison de Suède). Ils nous parlent avec plaisir de leur quotidien et de ce qu’ils perçoivent de leur rôle. A la fois, animateurs de projets de groupe (journalligator), conseillers pour la recherche d’emploi et formateurs à l’outil internet, ils définissent leur position à cheval entre le culturel et le social. De fait, ces pôles sont bien souvent intégrés à une maison de quartier qui travaille en partenariat avec le centre social, l’association d’apprentissage au français, le comité de quartier. Pour nous, c’est l’occasion de voir la réalité des « usagers » et de savoir ce que représente pour eux le réseau social local de la Ruche.
Deux types de population fréquentent les centres:
Les jeunes, 10 /18 ans, plutôt débrouillards, jonglant entre MSN, Facebook et les jeux en réseau. La ruche, ils ne connaissent pas. Nous allons avec l’un d’entre eux sur l’interface de la Ruche. Un réseau social localisé à Rennes, cela apparaît comme logique, car ses amis (sur MSN, Facebook) sont rennais.
Quelque chose comme « le local » semble encore pertinent sur le web…
Les autres usagers de ces centres, sont ceux qui viennent pour bénéficier d’une formation pour utiliser internet : personnes âgées, usagers des centres sociaux. Un public qui ne manipule pas encore bien l’outil informatique ou bien se limite à des actions simples : quelques mails avec des membres de la famille éloignés, une gravure sur cd de photos numériques pour inviter les autres à découvrir leur vacances.
La ruche ? Elle est encore loin d’eux…
Pierre, animateur du pôle multimédia de la Maison de Suède, nous fournit la conclusion de notre visite :
« Pour moi, la Ruche, en ce moment, c’est plus culturel que social. C’est comme un agenda culturel »
La Ruche : réseau social local
Local, on voit.
Social, c’est moins évident, surtout si personne ne l’utilise.
Nous continuons notre enquête auprès d’autres acteurs plus décisionnels (élus, bibliothécaire, CRES) pour connaître leur utilisation et volonté concernant un « numérique local ». Tous relèvent que le numérique peut contribuer à mettre en avant la participation du citoyen.
La Bibliothèque veut redéfinir sa politique et donc ses services en mettant les usagers au centre. Une Bibliothèque connectée et active dans un réseau social local, « c’est imaginable » pour Françoise Sarnowski. C’est même l’objectif de la déterritorialisation des institutions.
Autre exemple d’ouverture au numérique:
Sébastien Sémeril et Fréderic Bourcier , tous deux élus à la ville, affirment que l’apport des nouvelles technologies dans le domaine de la concertation des habitants (dans le cadre d’un projet d’urbanisme) peut être considérable :
– vues en 3D
– entrée dans un projet à n’importe quel moment
En quoi la Ruche peut concerner ces problématiques urbaines et citoyennes ?
Mais tout d’abord, utilisent-ils la Ruche ? Non… pas encore…
Pourtant le potentiel d’un outil participatif, local, numérique semble exister… Il est encore à développer.
Au fil des rencontres, nous voyons un premier objectif de notre résidence se préciser : définir, circonscrire les objectifs de la Ruche avec ses concepteurs. Pour qu’elle ne soit pas le fourre-tout des attentes de chacun, un projet sans fin, mais davantage une proposition lisible et stimulante.
Quelle est son identité et donc sa fonctionnalité ? Beaucoup nous parlent de sa spécificité ( par rapport à Facebook), de son image éthique (protection des données des usagers…) rares sont ceux qui nous parlent de leur utilisation ou d’une potentielle utilisation.
La ruche un outil conçu pour les associations ?
C’est ce qu’attendait Thierry Vincent, acteur associatif important de Rennes (CRES) et Richard Delogu lorsqu’ils ont mis en place les apéruches : débats citoyens autour d’un thème. Initiative qui inaugure une sortie de la Ruche dans le « réel physique » et qui, pensons-nous, peut être développée. Un outil qui permettrait d’échanger plus facilement des infos entre assos, de mutualiser des compétences, de se prêter du matériel. Pourtant techniquement, la Ruche permet -en bonne partie au moins- de répondre à ces attentes par la constitution de groupes, la publication d’annonces et des événements de chacun. Mais le paradoxe actuel veut que presque personne n’utilise toutes ses fonctionnalités (dont certaines sont en ligne depuis peu).
Un travail de sensibilisation (pédagogie ?) de ce qu’est La Ruche nous apparaît de plus en plus nécessaire. Pour cela il s’agit de trouver ceux qui seraient à même d’en révéler le potentiel et de la faire vivre : ses potentiels ambassadeurs. C’est pourtant prendre le problème à l’envers. Comment les animateurs des pôles que l’on verrait bien dans ce rôle, pourraient faire vivre La ruche s’ils ne comprennent pas eux-mêmes son objectif ?
Les choses semblent circulaires. Un élément nous a permis de sortir de ce cercle : poser la question sous cette forme aux concepteurs de la Ruche. C’est ce que nous avons eu l’occasion de faire lors de notre présentation à 18h. Un nouvel élément de compréhension nous a été donné.
« L’objectif de la Ruche, c’est aux usagers de le définir »
« C’est à eux (les usagers) de nous dire ce qu’est elle est et non à nous (les concepteurs) de donner une définition qui tombe d’en haut. En gros, c’est de l’usage que viendra le sens. Le but est qu’elle devienne ce que les abeilles veulent en faire : un outil à inventer. »
Position louable, qui consiste à ne pas trop pré-penser d’en haut un usage mais inviter les potentiels usagers à bricoler, braconner et faire leur ce lieu virtuel. Mais n’est-ce pas limiter ici l’usage du réseau aux initiés ?
Entre une définition trop réductrice et pédagogique de ce qu’est la ruche et l’entière liberté laissée aux abeilles d’imaginer ses différents usages, un juste milieu peut être trouvé. Que la ruche soit force de propositions participatives et collectives, libre aux abeilles de maintenir l’énergie et de devenir, elles-mêmes, initiatrices de nouvelles propositions.
Prendre du recul et imaginer un projet participatif
Deux perspectives sont envisageables :
– aider à définir ce qu’est la Ruche (valeurs, objectif) en partenariat avec ses concepteurs et les usagers actuels et potentiels pour mieux communiquer et initier ses potentiels représentants (ambassadeurs)
– concevoir une réalisation concrète participative et collective pour ranimer la Ruche (happening, installation dans des lieux physiques, organisation d’un « Flash butinage »)
Il s’agit de savoir comment on peut influer une énergie à cette Ruche, ce que nous disions plus haut, faire qu’elle ne soit pas qu’un « concept éthique » pour devenir un véritable lieu d’échange et un outil repéré par les associations et les citoyens.
Autant de propositions qu’il faut construire pour ne pas perdre cette « énergie » que représente la Ruche. Car « les gens s’y sont inscrits alors qu’on ne leur offrait rien » rappelle Richard Delogu de BUG, « il faut savoir répondre à ce premier désir ».
Quel désir exactement ?
Partager, échanger, créer, se situer…
Et comment ?
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