Archives mensuelles : janvier 2011

Présentation de la première semaine

La soirée de jeudi est la première présentation de notre travail aux habitants, élus et acteurs de la vie associative du quartier. Ce retour nous permet d’exposer les différents points de vue que nous avons pu récolté, de l’habitant à l’urbaniste en passant par les travailleurs sociaux, et le réseau associatif.

La vitrine accueille les invités avec la question « Habiter à Wazemmes  … c’est quoi pour vous ? », et y expose les multiples réponses qui nous ont été faites. Nous présentons les entretiens avec les habitants et les porteurs de projet associatifs, et la carte du réseau des associations locales que nous avons rencontré, disposées selon leur champ d’action : social, économie, écologie, art, et patrimoine.

De toutes ces rencontres nous essayons de tirer des « ingrédients », des éléments qui nous semblent participer à la cohésion sociale et permettre les échanges. Ces grandes notions sont toutes illustrées de projets rencontrés à Wazemmes mais aussi ailleurs en France ou en Europe.

Accessibilité :

Transversalité : trouver des points communs qui traversent les cultures, les générations ? un élément qui relie les gens pour échanger se connaître …

Quotidienneté :

Comment intervenir dans la vie de tous les jours au-delà des fêtes et des festivals qui enchantent un moment l’espace public, comment transformer la vie courante ? améliorer la qualité de vie quotidienne.

Expression :

Comment le quartier parle de lui et les habitants parlent du quartier, comment prendre la parole en public pour parler à la rue…

Accessibilité :

Comment permettre l’accès aux initiatives / événements / associations au plus grand nombre. Comment donner de la visibilité, comment inviter à… ?

Contribution :

Comment prendre part : contribuer de manière légère, qu’est-ce que veut dire s’impliquer sans y passer tout son temps ?

Les lieux « ressources »

Vendredi :

La matinée est consacrée à quelques dernières rencontres d’acteurs du milieu associatif,  Pierre Brasseur nous raconte son association « BricoZem » …

BricoZem, d’abord atelier de conseil en bricolage, puis atelier de bien être pour sénior passant par « éco-promoteur » des initiatives locales, Pierre Brasseur nous raconte comment il sait saisir les opportunités  qui passent pour créer du lien, agir pour le développement durable, ou simplement pour « rendre service »… BricoZem est un « lieu ressource à pleins de bras » dit-il, un espace qu’on prête, pour un cinéma, une exposition, un atelier…, mais aussi des outils, qu’on met à disposition, des savoir-faire qu’on peut transmettre, etc. Avec leurs multiples compétences et projets, ils jouent les « agitateurs d’idées » du quartier et même plus loin.

Gestion Urbaine de Proximité…

Rencontre avec Patricia Cailleret et Valentine Omont qui travaillent à la Gestion Urbaine de Proximité (GUP) (service Politique de la Ville, pôle Démocratie Participative et Animations de Proximité. Elles sont accompagnée de Medhi, un stagiaire arrivé dernièrement pour s’occuper de la mise en place de la maison du projet à Lille Sud.

L’enjeu de la discussion concerne la participation des habitants dans l’aménagement de leur quartier : qu’est-ce qui est déjà mis en place par la mairie de Lille en ce sens ? quelles en sont les limites ?

Patricia et Valentine présentent leur travail qui accompagne les transformations urbaines engagées dans les quartiers lillois du « Grand Projet Urbain » (GPU). Elles interviennent dans ces quartiers pour informer d’abord, et quand elles le peuvent pour faire participer les habitants aux changements et aux évolutions de leur quartier. A Wazemmes, elles ont mené tout un travail avec les résidents du secteur Magenta-Fombelle. Elles ont proposé par exemple un « diagnostic en marchant », une balade avec les habitants qui permet d’identifier les points à améliorer…, puis quelques « Ateliers Urbains de Proximité » (AUP), dans une version minimale : l’urbaniste était simplement là pour répondre aux questions des habitants. Mais pour la réalisation du « Centre Petit Enfance » de Magenta-Fombelle, un groupe d’habitantes a véritablement pu participer au suivi du chantier et faire quelques modifications dans son déroulement.

« Effectivement les habitants prennent part au processus, mais leur participation porte plus sur le volet gestion que celui de la conception », les lourdeurs des rouages administratifs sont parfois handicapantes pour mener une action dans son intégralité… Patricia nous parle d’un livret pédagogique qui n’a pas pu être diffusé, et d’un retour aux habitants refusé après un diagnostic marchant.

Comment la résidence pourrait-elle participer à faciliter les échanges à la fois entre les habitants et les « concepteurs » ou entre les habitants et les « décideurs »… Comment faire de la participation autrement? Quelles actions fortes pourrait mettre en place la Résidence pour  interpeller voire déplacer ces frontières ? Les idées fusent entre Patricia et les résidents, l’inter-résidence va continuer de fouiller ces questions…

Habiter Wazemmes : Invitation pour le jeudi 20 janvier

A travers les yeux des urbanistes…

Mercredi 19 : Journée de rencontres avec des professionnels de l’espace public et de la participation : L’agence d’architecture et d’Urbanisme Patou Tandem, et « Les saprophytes », collectif d’architectes et paysagistes.

Le regard des urbanistes sur la participation des habitants soulève le problème de compréhension : comment traduire et expliquer l’urbanisme aux habitants ? « On a besoin que les gens s’expriment sur l’espace public or leur premier problème c’est leur propre logement. » Pour recueillir des participants, trouver des biais, des moyens de solliciter les habitants, cherchant la convivialité dans des ateliers par exemple qui permettent de « désacraliser la parole de l’expert ». Dominique … nous cite « La caravane de quartier » de Renne, un événement polymorphe réunissant le milieu associatif et culturel avec les habitants dans une ambiance très festive pour créer du lien social, installer la confiance et en profiter pour poser des questions de gestion urbaine …

Nous interrogeons les 7 associés de Patou Tandem qui nous reçoivent sur le terme « Espaces qui parlent ». L’un d’eux exprime le « très fort paysage sonore » de Wazemmes, on entend parler de multiples langues, dans les rues, ou au marché, lui aussi très « bruyant », mais d’abord perçu comme un espace très vivant.

Nous nous arrêtons sur « les places »  de Wazemmes et leur plus ou moins grand investissement et appropriation par la population : Les places, emblèmes de l’espace public semblent à Wazemmes exister entre saturation et abonné… La grande place du marché, se métamorphose chaque jour au cœur de ce quartier : surinvestie les jours de marché, et particulièrement le dimanche quand beaucoup d’habitants extérieur viennent profiter de cette animation, ou bien particulièrement vide et désertée servant seulement la fonction de parking. Comment « la place » joue-t-elle son rôle de point de rencontre au quotidien ?


De leur expérience avec « Parking Day », ( une journée d’occupation d’une place de parking pour installer un petit salon de verdure accueillant les passants pour discuter), Thomas Van Assche soulève que l’espace public, bien que très libre, est extrêmement contrôlé.  Mais les places ont une histoire disent-il et le sol qui a vécu a plus de force d’appropriation que celles qu’on aménage avec des nouvelles dalles… Il y a de l’humus sur les vieilles places, et c’est fertile en terme investissement !

Le collectif « Les saprophytes », fondent leurs actions sur cette métaphore : « Recréer de l’humus avec du compost urbain. ». Dans une démarche de recyclage et de participation, ils agissent en testant sur  le terrain, en occupant physiquement l’espace public pour proposer sans cesse de participer, de donner son avis, de construire avec eux. Ils se  positionnent comme une « force de proposition » : « par le faire ensemble on installe cette confiance nécessaire à l’implication et l’appropriation de l’espace public ».

Dans le débat sur les places et les espaces public investis ou non investis, Mélia Delplanque donne un exemple significatif : « chez moi il y a une autoroute qui traverse  la ville en plein milieu. Pour le voisinage elle est coupée la nuit et le weekend. C’est l’occasion pour plein d’enfant d’aller jouer au foot sur un grand espace, de se retrouver pour discuter etc. La place du marché de Wazemmes, elle est pleine tout le temps quand elle n’est pas saturée par le marché, c’est les voitures qui occupent l’espace…Peut-être que c’est ça aussi permettre l’appropriation : laisser l’espace libre… ».



Seconde journée à Wazemmes

Mardi matin  aux Ambassadeurs :

Dans nos discussions et bilan, la question de la visibilité émerge de nouveau. Toutes les associations du quartier que nous avons pu rencontrer se veulent portes grandes ouvertes mais on se demande si en réalité il ne faut pas toujours aller pousser la porte pour y prendre part. Dans la journée, on relève des solutions dans des espaces très transparents, visibles et accessibles :

Par exemple au café citoyen et solidaire « Parlons d’avenir », nous rencontrons Marie-Béatrice autour de sa table d’hôte du mardi midi. S ‘y retrouvent entre autres les jeunes d’un secteur de Magenta Fombelle, réputé difficile. Ils viennent chercher de l’écoute, de la convivialité,  c’est « un endroit qui soulage, un endroit où j’ai retrouvé le sourire, la confiance, le partage, comme en Afrique. » explique ce jeune qui aide aux cuisines.

Le café tente d’accompagner chacun dans son quotidien, par exemple pour des recherches  d’emplois, avec « le petit forum »  (relais emploi). Mais il n’est pas question d’assistanat, tout le monde paye sa consommation, et « on dit la vérité ».… Le café  complètement vitré s’affiche sur l’espace public. Lumineux, chaleureux et coloré, il n’a pas besoin de faire de communication spécifique, on le voit, et on en entend parler par le bouche-à-oreille. Il joue la carte de la transparence, et de l’ouverture.

Les événements qui se déroulent dans l’espace public semblent aussi proposer cette simplicité d’accès. Il s’agit de partir du dehors pour « montrer » et pour « inviter ». Si la fête de la Soupe de Wazemmes est un emblème du quartier, c’est  aussi parce qu’il investit l’espace public ! Nous suivons Cécile Almeida (association BarracaZem) dans un porte à porte autour du secteur Flandre pour interroger les habitants sur la perception de leur quartier : la fête de la soupe revient dans toutes les bouches. Musicale, conviviale, intergénérationnelle, interculturelle, les recettes de soupes qu’on s’y échange viennent du monde entier !

L’expérience en direct de la nécessité de cette transparence : Installation de la vitrine de la 27ème Région aux Ambassadeurs! On retire les rideaux pour y installer la question : « Habiter Wazemmes, … c’est quoi pour vous ?» Tout de suite interpelés, plusieurs passants s’arrêtent…

 

Enfin, rendez-vous pour les vœux du président de la Maison de Quartier, autre lieu qui nous apparaît comme un espace accessible, multiculturel et intergénérationnel. C’est un moment convivial et festif où, comme à la fête de la soupe, les habitants du quartier apportent leurs savoir-faire culinaires au buffet. Un accueil de qualité nous permet de rencontrer de nouveaux acteurs locaux, autant de rendez-vous pour les jours à venir…

Première journée de résidence à Wazemmes

Lundi 17 janvier 2011, nous  investissons les locaux de la folie Wazemmes,  pour y déballer nos outils, notre matériel, nos références… Puis nous nous dirigeons tout de suite vers  notre second point d’attache : le local des  « Ambassadeurs de Wazemmes ».  C’est Françoise Quenelle qui nous accueille, responsable de cette association qui agit pour  préserver et diffuser la mémoire de Wazemmes.

Tout de suite en plein cœur des questions de vécu du quartier, Françoise nous livre  son histoire et ses expériences dans ce quartier qu’elle a vu beaucoup évoluer… Elle raconte : l’histoire de la rue Jules Guesde, dans laquelle se situe ce local des Ambassadeurs que nous « habitons »  pour une semaine, la gloire de la dentelle des brodeuses lilloise, et celle de son commerce, puis l’association des Ambassadeurs, et la collecte de la mémoire de Wazemmes qu’ils ont entrepris depuis plusieurs années…
A la question « Pourquoi vous aimez Wazemmes ? », elle répond d’abord «  c’est pratique ! »,  le marché et le  supermarché juste à côté, c’est bien desservi  par les transports, « alors, à pied, en métro, en voiture,  ou à cheval on peut aller partout… », au fil de la discussion, elle soulève des problèmes de propreté,  de communication entre les habitants et entre les communautés et les générations…
Elle nous fait aussi état ainsi de la densité de la vie associative de Wazemmes que nous avions déjà eu l’occasion d’entrevoir lors de nos premières visites et rencontres à Wazemmes.

Cette semaine sera donc consacrée encore aux rencontres et collectes de témoignage avec les associations et habitants, mais cette fois, concentrée sur la question du « vivre ensemble » à Wazemmes. Au sortir de cette rencontre avec Françoise Quenelle, nous  nous interrogeons plus précisément  sur le terme « habiter » et ces différentes interprétations. D’une vision très pratique à une vision très sensible, habiter c‘est avoir un logement, mais aussi avoir des voisins…


Habiter c’est rencontrer des gens. Partager des biens, échanger des services,  créer des relations interculturelles, intergénérationnelles etc., comment je mobilise mon quartier sur les questions communes ?
Habiter, c’est créer des liens avec des lieux, mettre en partage des espaces publics.  Comment les habitants peuvent-ils s’approprier l’espace public ? Comment se le partagent-ils ?

Nous avons l’occasion le soir même d’assister aux vœux de la mairie de Quartier de Wazemes et une réunion plénière de l’association Asso Réso Métro sur l’organisation des fenêtres qui parlent. Nous profitons de cette soirée qui rassemble un grand nombre d’habitants et de responsables d’initatives locales pour prévoir, des outils de dialogue a expérimenter avec eux autour de la question « d’habiter » et « d’habiter Wazemmes. ». Nous choisissons de nous positionner comme quelqu’un qui vient de s’installer à Wazemmes, et qui cherche à prendre place dans le quartier. Nous formulons alors 6 petits scénarios représentant différentes manières de créer des liens avec les autres ou avec les lieux :

Thomas, 37 ans, j’ai 3 enfants et je ne peux pas les accompagner à l’école tous les jours. Vous connaissez des solutions pour ça dans le quartier ?
Hervé 52 ans, Je bricole chez moi, je voudrais emprunter une perceuse et je connais personne qui en a une. Comment je fais ?
Djamila, 45 ans, Je voudrais mobiliser  mes voisins pour nettoyer notre rue. Comment je peux faire ?
Wing Li, Je suis chinoise, je vis à Wazemmes depuis 3mois. Je vais où pour rencontrer des gens d’ici ?
Esteban 68 ans, je trouve que Wazemmes est trop urbain et pas assez vert. Je voudrais agir pour ça, mais je ne sais pas par quel bout commencer. Vous avez une idée ?

A toutes ces questions, beaucoup ont des réponses intuitives d’entraide de voisinage, d’arrangements ponctuels avec ses connaissances et son réseau social : « Moi, je demande à mon voisin s’il n’a pas une perceuse », « C’est la directrice de l’école qui met en relation les mamans qui habitent le même quartier pour qu’elles puissent alterner les voyages. », « Nous dans notre quartier, on a fait le carnaval des balais ! Tout le monde sort en costume on met de la musique et on fait la fête en nettoyant les rues ! »…

« Habiter Wazemmes » c’est bien profiter de cette animation, de cette vie associative, et de cette solidarité,  mais c’est aussi, croiser les squatters, vivre avec ceux qui font du bruit, qui dérangent… Les habitants sont d’accord pour dire : « on a choisi d’habiter ici, le fait est que c’est un quartier avec tous ses avantages et ses inconvénients… En fait, on voit le verre à moitié vide ou à moitié plein » ?

Seconde journée de visite à Wazemmes …

Mercredi 22 décembre 2010, nous voici à Wazemmes pour notre seconde journée de visites et de préparation de la résidence, qui débutera le 17 janvier prochain. D’emblée, certains éléments ressortent de nos entretiens. D’une part, les entrepreneurs sociaux et les bénévoles rencontrés sont actifs et passionnants. Cependant, ils dénoncent un manque de participation de la population. D’autre part, il existe une vie associative particulièrement riche et diversifiée, mais celle-ci est difficilement perceptible.

La grisaille et le froid hivernal nous poussent à écourter notre visite du quartier et à rejoindre au plus vite les lieux où nous avons rendez-vous. Au pied d’un groupe d’immeubles « napoléoniens » aux traditionnelles briques rouges, des enfants nous indiquent la petite entrée de l’association Générations et Cultures. Delphine nous reçoit. L’association organise des activités, dont le but est de « favoriser le rapprochement entre personnes de générations et de cultures différentes, dans le respect de leur identité individuelle et collective ». La transmission de la mémoire du quartier, la fabrication d’objets en matériaux de récupérations, des rencontres, des gardes partagées sont autant d’activités proposées. Delphine nous raconte avec ferveur la difficulté de mobiliser les gens sur le long terme et le bonheur, quand, finalement, « ça prend et ça marche ». Comment expliquer le manque de participation des habitants ? Il est dû en partie, nous explique-t-elle, à la place de l’animateur. Celui-ci est vu comme la personne à tout faire et favorise le désengagement. En outre, Wazemmes est construit en plusieurs cours, chacune commune à plusieurs immeubles et « les gens refusent de se croiser entre les cours ». Il y a aussi un renoncement face à la vie …

 

Latifa Labbas, a de l’énergie a revendre, malgré son implication au sein de plusieurs associations du quartier – dont celle des Fenêtres qui Parlent. Elle nous raconte le franc succès de la Tente des Glaneurs, une initiative récente à laquelle elle a pris part. À la fin du marché de Wazemmes, la Tente distribue les invendus des commerçants aux personnes dans le besoin. Des légumes et des fruits, encore consommables et présentables, sont donnés dans de jolis cabas. Pas question d’oublier le principe de dignité !

Cette initiative apparaît comme « une bonne nouvelle sociale » en tous points. Elle permet de réduire le gaspillage de la nourriture et le travail des équipes de nettoyage à la fin du marché. D’autre part, dès la genèse du projet, elle engage certains commerçants et d’autres associations aux contacts avec les bénéficiaires de l’opération. Aussi, elle poussent d’autres commerçants, étrangers au projet, a donner eux aussi leurs marchandises non vendues de manière spontanée. Un boulanger est venu offrir son pain. Enfin, l’initiative vient en aide à des catégories sociales, qui ne se croisent pas forcément au quotidien : étudiants, chômeurs, sans domiciles fixes, mères de familles nombreuses …

Cette initiative semble porteuse de sens pour nous, puisqu’elle apporte une proposition d’action « légère » dans l’espace public. N’est-ce pas une manière d’interroger l’usage de l’espace public du marché, en répondant ici à des objectifs de solidarité ? Notre intervention se situe peut-être là, au sein d’espaces urbains existants, qui nécessitent d’être « réactivés », « réinterrogés », « mis en forme » avec la participation de la population concernée. Les courées, les cours, le marché, les façades, les jardins communautaires, le parvis de la Maison Folie, ne contiennent-ils pas un potentiel d’innovation sociale ?


Nous sommes maintenant dans les locaux de Magdala, dans un bâtiment en briques, dont les façades imposantes ne laissent rien paraître, à première vue, de la singulière activité qu’il s’y déroulent. Magdala est une communauté d’église qui vient en aide aux plus pauvres et oeuvre à leur « re-construction ». Elle rassemble, depuis 1986, « des familles du Quart-Monde, des personnes à la rue, en squat, des sortant(e)s de prison ». Certaines personnes y résident, d’autres y viennent uniquement pendant la journée pour participer aux ateliers : repas, création plastique, poterie, théâtre … La philosophie de l’association est basée sur la participation de chacun et la discussion collective. Les problématiques de l’espace urbain concernent pleinement les membres de l’association, nous explique Pascal, un des bénévole : « les gens dans la rue sont très sensibles à ce qui est visible, à ce qui est physique. ». Magdala a déjà travaillé sur la qualité des espace publics avec ses voisins, notamment avec les propriétaires du kebab de la rue, qui versaient de l’huile de cuisson sur le trottoir. L’espace public est, en autre, « une question de voisinage ».

Revenons à la problématique de la résidence. Les manières de « co-habiter » au sein de l’espace public de Wazemmes représente une piste intéressante, dont nous parlons depuis le début et dont il faut préciser les contours.

La question de la qualité de cet « espace public» est redondante : désir de propreté et de beauté des rues, de mixité sociale, de bonnes relations sociales et de liens de voisinages, d’espace agréables où flâner, débattre, lire …

La pérennité du « mieux vivre » ensemble est apparu aussi à plusieurs reprises : les événements fédérateurs sont nombreux et efficaces, mais ne durent pas. En effet, l’espace public est d’ores et déjà investi souvent de manière évènementielle. Parmi d’autres, on peut citer « Les Fenêtres qui Parlent », les « Balcons Fleuris », le festival de la soupe, le festival d’accordéon, de Hip-hop.

L’espace public semble également occupé par des événements de la vie quotidienne, comme le marché, figure incontournable du quartier.

Notre réflexion autour de l’espace public à Wazemmes ne semble donc pas s’orienter vers des événements fédérateurs déjà existants, mais sur l’implication des habitants au quotidien. Notre regard se tournera vers des initiatives locales, réalisées par des habitants et/ou des associations. Nous entendons par « initiatives locales », des actions à valeur sociale, qui inventent et mettent en place des nouveaux modes de vies durables. Elles sont souvent méconnues, anonymes et dispersées : collaborations de voisinage, réseaux d’échanges de services, réappropriation des espaces publics, circuits alimentaires courts, mobilité alternative… Nous faisons le pari que ces initiatives tissent un réseau d’actions d’une grande richesse, particulièrement adapté aux besoins et aux modes de vie des habitants. Des initiatives dont les acteurs publiques ont tout intérêt à prendre en considérations pour leur futurs projets.


Programme de la première semaine

HABITER WAZEMMES : Programme de la semaine du 17 au 21 janvier

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L’équipe de Résidents

Présentation de l’équipe de résidents :

Perrine Boissier, designer, chargée de journalisme.

Julien Defait, designer.

Marie Coirié, designer.

François Jégou, designer, responsable du transfert des méthodes.

Pauline Scherer, Sociologue.

Contact pendant la résidence :

habiterwazemmes@gmail.com

local des ambassadeurs 26 rue Jules Guedes, 59000 LILLE