Archives mensuelles : septembre 2011

Ils ont participé

Retrouvez ici les portraits des participants aux journées créatives de la Transfo Champagne-Ardenne.

Jour 5 – Bilan

Vendredi, début d’après-midi, l’heure est au bilan… Afin de mieux évaluer le « succès » ou non de cette première semaine de travail et d’en tirer des enseignements pour la suite, nous remettons aux participants un planning de la semaine sur lequel ils peuvent annoter leurs commentaires. Les questions posées sont les suivantes:
– quels ont été les moments forts?
– quels ont été les moments faibles?
– qu’ont-ils appris?
– quelles recommandations pour la suite?

Evaluation de la semaine à partir du planning

Les moments forts
LE moment fort qui ressort de façon spontanée et quasi à l’unanimité est la journée en immersion à l’école de la deuxième chance et à la mission locale. La rencontre avec les jeunes, le dialogue et la confiance instaurés, l’approche terrain, le test d’outils co-crées par les participants sont autant de raisons qui font de cette journée celle qui a le plus marqué. Les participants retiennent aussi comme moment fort, la journée du jeudi avec d’une part la formalisation de la démarche commune des rencontres et d’autre part l’exposition comme moment de partage de leur travail.

Les moments faibles
Parmi les moments faibles cités, il y a ceux moins corrélés à l’accompagnement de la démarche des forums, comme la journée du lundi moins axée sur cet aspect et cherchant davantage à entamer la réflexion sur le thème de la Transfo en Champagne-Ardenne: la relation Région/jeunesse. Difficile de faire coïncider, et faire comprendre, des objectifs à court et long terme à des participants n’ayant pas tous les mêmes attentes ou grilles de lecture.
Un point précis a parfois affaibli les séquences de la semaine: l’organisation des temps. Les participants regrettent par ex. de ne pas avoir eu plus de temps pour produire les outils du dialogue et insuffisamment de moments pour faire la synthèse, partager.

Les enseignements
Beaucoup des participants nous parlent des nouvelles méthodes de travail qu’ils ont apprises et souhaitent réutiliser par la suite: la cartographie, les nuages de mots, les outils du dialogue, les scénarios… Ils repartent en quelque sorte avec un kit d’outils renouvelé. Tant la qualité que la richesse de cette boite à outils est dû en grande partie aux profils divers qui ont travaillé dessus et apporté leur expertise dans leurs domaines. Il semble que les participants aient beaucoup appris les uns des autres et apprécié de travailler dans un environnement interdisciplinaire.

Les recommandations pour la suite
On nous conseille pour la suite d’anticiper sur la communication autour de ces moments créatifs pour laisser à chacun le temps de les décrypter, de mieux en comprendre les objectifs et de s’organiser pour être davantage présent. Un enseignement pour nous allant en ce sens est d’éviter d’organiser ces moments en septembre: la phase plus creuse de l’été ne permet pas l’anticipation souhaitée dans l’organisation et la communication. Enfin, la question de la participation discontinue est posée: cela peut-il fonctionner correctement? Faut-il imposer des « packages de jours » lors des inscriptions? Faut-il imaginer des temps de travail différents selon le moment d’arrivée? A creuser d’ici les prochaines semaines.

Jour 5 – Préparer la suite

Les nouveaux participants sont nombreux en cette dernière journée. Ceci s’explique notamment par la tenue l’après-midi d’une réunion à la Région pour faire le point sur l’organisation des rencontres de novembre. Nous profitons donc de l’exposition mise en place la veille pour raconter la semaine créative aux nouveaux arrivants. Si c’est un temps nécessaire, quoique trop court, pour ces derniers, les personnes présentes depuis le début de la semaine ne s’y retrouvent pas. Cette configuration du vendredi soulève la problématique de la participation aux journées créatives en format discontinue: nous ré-évoquerons cette question lors du bilan.

Pour « préparer la suite » nous passons en format atelier. Répartis en groupes de 2 à 3 personnes, les participants sont invités à imaginer les changements produits par les rencontres régionales. Ces changements, ils vont les raconter à la première personne via les fiches histoires « un an après ». Ils doivent, à partir d’une photo choisie parmi une palette de personnages, écrire à la première personne le changement provoqué par les rencontres pour cette personne.

Les fiches "un an après" pour raconter à la première personne ce qu'ont changé les rencontres régionales auprès des jeunes

Fin de matinée, le groupe a produit une trentaine de scénarios. Nous les racontons lors d’une mise en commun. Ce qui ressort de plus étonnant est la noirceur de nombre d’entre eux: les rencontres n’ont rien changé, pire encore elles ont éloigné les jeunes de la Région en créant des frustrations. On peut interpréter ces scénarios comme des preuves d’un certain scepticisme quant à la démarche engagée par la Région. Mais on peut aussi se dire qu’ils sont des alertes sur ce que les organisateurs doivent se prémunir de produire: des rencontres qui ne changent rien. Ne résumons pas cependant les histoires produites à des récits négatifs. Les autres scénarios proposés imaginent bien des changements (et positifs qui plus est): mise en réseau des acteurs, des jeunes, ouverture de la région, participation à la construction des services… Et il en reste encore à imaginer! Vous voulez essayer?

Partage des scénarios "un an après"

Jour 4 – Partager

Le jeudi soir, après une dense semaine d’activités créatives, une exposition est organisée à l’Hôtel de Région pour partager tant l’expérience vécue que les productions produites. Cette exposition a permis, à ceux qui n’ont pas ou peu été présents, de découvrir l’ensemble du travail qui a été fait et, à ceux qui ont pu beaucoup participer, de se retourner sur leur travail et leurs impressions.

Avec un peu d’imagination, quelques accessoires et du ruban adhésif, le cheminement intellectuel et expérimental de la semaine a été retracé en un cheminement spatial par l’accrochage des productions et de photos d’ambiance de la semaine. Quelques vidéos permettaient aussi de se rendre compte pleinement de certains moments forts comme la matinée de jeux théâtraux avec les jeunes (étape « briser la glace »).

Elus, agents, journalistes, personnes intéressées par les questions liées à la jeunesse (…) Un large public a pu investir l’Hôtel de Région pour entendre le récit, étape par étape, des participants aux journées créatives.

La présentation s’est conclue gaiement autour d’un verre où chacun, participant ou non, a pu discuter des ses impressions, de la méthode ou des résultats.

Ce diaporama se propose de vous emmener visiter cette expo:

Jour 4 – Reformuler

L’un des objectifs de cette semaine créative est d’accompagner la Région et le CRAJEP dans la construction d’une méthode d’animation des rencontres régionales envers la jeunesse. Si les 3 journées de travail précédentes ont permis d’esquisser un cadre d’animation (documentation, aide à la thématisation, construction et test d’outils du dialogue), elles ont aussi révélé des visions parfois très différentes des rencontres à venir. Nous profitons donc de la journée du jeudi pour co-construire, à partir des enseignements des ateliers précédents, un cadre partagé d’organisation des rencontres afin de créer une cohérence entre les 8 événements de novembre pour un meilleur bénéfice commun.

Nous nous accordons sur le fait que ces rencontres doivent permettre l’émergence « de dialogues de qualité et de visions à partager ». Cet objectif en tête, les participants se répartissent en 4 groupes qui vont chacun définir un des 4 « piliers » du cahier des charges des rencontres:
– incarner les thèmes du dialogue
– les outils du dialogue
– les outils de la visualisation/restitution
– casting + aménagement

Au cours de la matinée, chaque atelier définit selon son thème ce que doivent être les traits communs aux différents évènements. Les photos ci-après sont le résultat de ces ateliers.

Incarner les thèmes: l'idée de cet atelier est de lister les objets de la Région qui peuvent être un bon point de départ pour dialoguer avec les jeunes et ouvrir la conversation vers d'autres thématiques

Les outils du dialogue: définir les outils du dialogue dans lesquels pouvoir puiser pour animer les rencontres

Les outils de visualisation/restitution: grands oubliés de la journée test, l'équipe en charge de cet atelier a cherché à définir quels pourraient être les outils permettant de garder une trace des productions des rencontres et de les partager

Casting et aménagement: ce groupe définit le casting des rencontres (nombre mini, maxi de participants, profils..) ainsi que les questions du choix du lieu et d'aménagement de l'espace pour des rencontres de qualité

Nous consacrons l’après-midi à simuler l’organisation d’un forum à partir de ces critères. Le lieu et l’objet du forum simulé sont tirés au sort: ce sera à Revin avec comme objet de dialogue l’entreprise.
En parallèle, le groupe dédié auparavant aux objets de la Région affine le cahier des charges co-construit le matin.

Les discussions sont vives l’après-midi. Elles continuent de révéler des incompréhensions, ont le mérite de soulever des doutes, de faire partager des interrogations. On s’accorde sur le fait qu’il ne s’agit bien entendu pas de remettre en cause les démarches entreprises par les acteurs de terrain pour les rencontres ni leur capacité à les animer mais bien un souhait de co-construire les grandes lignes de ces rencontres pour une plus grande cohérence. La réunion bilan du vendredi après-midi entre les organisateurs des rencontres confirmera l’intérêt d’avoir formuler ensemble ce cahier des charges.

Jour 3 – Les outils du dialogue

L’un des objectifs de ces journées créatives était « d’équiper » les organisateurs des rencontres régionales de novembre 2011, tant côté Région que côté CRAJEP, d’outils susceptibles de faciliter le dialogue avec les jeunes.

L’idée était que ce kit d’outil du dialogue soit co-crée et testé par les participants aux journées créatives. C’est ce à quoi ont été dédiées les journées du mardi et mercredi avec notamment une journée de test avec les jeunes de la mission locale de Châlons en Champagne et de l’école de la deuxième chance. Les thèmes sur lesquels nous souhaitions échanger avec eux étaient le bonheur/bien être et la débrouille.

1/ Briser la glace

Lors de la journée de test en immersion, il nous a semblé nécessaire de prendre un temps en début de journée pour « briser la glace » entre notre groupe qui « débarquait » et ces jeunes avec lesquels nous souhaitions échanger. Nous voulions créer un climat de confiance entre eux et nous pour faciliter la parole lors des ateliers de l’après-midi. Pour ce faire, après avoir brièvement expliqué la raison de notre présence parmi eux, nous avons mis en place des jeux issus de la méthode du Théâtre de l’Opprimé et proposés par la compagnie NAJE :

– L’espace-stop : tout le monde marche seul dans la pièce dans tous les sens, en occupant l’espace le plus régulièrement possible. Chacun s’arrête là où il est dès que l’animateur du jeu dit « stop ! ». L’animateur donne alors une consigne que chacun – et le groupe – doivent réaliser (par exemple : « formez deux cercles et deux carrés », « regroupez-vous selon la couleur de vos yeux », « selon votre origine », « selon votre plat préféré »…). Le groupe reprend la marche après réalisation de la consigne et ce jusqu’au nouveau stop de l’animateur.  Ce jeu permet au groupe de faire connaissance.

– Le guide et l’aveugle : le groupe se répartit en binômes au sein desquels chacun est à tour de rôle guide et aveugle. Le guide appelle l’aveugle à voix basse par son prénom, et celui-ci, yeux fermés, doit se laisser diriger à travers l’espace, sans s’aider de ses mains, par la seule voix du guide. Ce jeu vise à susciter confiance et bienveillance entre les participants.

– Mise en images : plusieurs participants jouent statiquement une scène afin que les autres la commentent ou interagissent. Une image figée comme celle sur la photo peut susciter des interprétations et réactions différentes. Ce jeu permet de libérer la parole, de faire réagir et d’interagir.

Jeu de la mise en images

– La bombe et le bouclier : c’est un jeu collectif où chacun détermine de façon secrète qui dans le groupe va être une bombe pour lui (A) et qui sera un bouclier pour lui (B). Une fois le jeu lancé, chacun se déplace et l’animateur commence un compte à rebours jusqu’à l’explosion de la bombe. L’objectif de chaque participant est d’avoir son bouclier (B) entre lui et sa bombe (A) au moment de l’explosion. Dans un deuxième temps, on reprend le même principe, mais chacun est invité à être le bouclier qui va protéger une personne (B) d’une bombe (A). Tout cela crée un joyeux bazar qui a le mérite de créer une ambiance conviviale et de la solidarité.

– Le nœud : tous les participants forment un cercle en se prenant par la main. Au signal de l’animateur, ils avancent et comment à s’entrelacer en passant au-dessus/en dessous des mains des autres (mais sans jamais détacher ses mains de celles des deux personnes à côté de soi). Le jeu continue jusqu’à ce que le groupe forme un nœud qui ne peut plus se serrer davantage. A partir de là, il revient en arrière et essaie de se dénouer jusqu’à revenir au cercle initial. Tout au cours du jeu, chacun doit considérer que les deux personnes dont il tient les mains sont fragiles. Ce jeu agit sur la collaboration et le contact physique.

– L’hypnose : le groupe se répartit en binômes. L’un met sa main en face du visage de l’autre à environ 20 centimètres. A partir de là, les deux considèrent que le visage est lié à la main : le visage doit garder toujours la même distance et la même orientation par rapport à la main. Le guide doit mouvoir sa main assez doucement pour que le visage puisse la suivre. Au bout d’un moment, l’animateur du jeu change la consigne : ce n’est plus au guide d’orienter les mouvements, c’est ensemble que le binôme doit se mouvoir. Il ne doit y avoir aucune parole échangée. Le but est de trouver le plus de plaisir et d’égalité dans cette relation.

Après chaque jeu, un échange en grand groupe permet à chacun de dire ce qu’il a éprouvé, ressenti, compris à travers cette expérience.

2/ Le jeu du double chapeau ou jeu des deux boites
Testé sur le thème de la débrouille comme celui du bonheur ce jeu s’organise de la façon suivante: on tire au sort, dans la première boite le prénom d’un participant, adulte compris, et dans l’autre une question sur un sujet du quotidien (ex pour la débrouille: « Comment finir les fins de mois ? ») auquel la personne dont le nom a été tiré au sort est invitée à répondre, et à partir duquel la discussion s’engage.
Ce jeu a bien marché sur le thème de la débrouille, en permettant de rentrer dans les astuces quotidiennes des jeunes. Un des constats était justement que lorsqu’ils se mettent à en parler ensemble, il y a là une expertise collective de bon niveau, ils s’échangent des tuyaux et s’entraident, se font confiance (la confiance « entre pairs » peut-être clé pour débloquer des situations: ex d’un jeune qui, grâce à cette réunion, a enfin admis qu’il avait droit à une bourse particulière parce que ses copains lui avaient dit, alors que l’animateur lui en avait déjà parlé mais ça n’avait pas eu le même effet…)

Jeu du double chapeau ou des deux boites

3/ Le set d’images
Le groupe qui a utilisé cet outil a travaillé le thème du bonheur/bien-être. Les animateurs avaient récolté une soixantaine d’images pouvant évoquer les notions de bonheur/bien-être: des amoureux, une plage, une chambre d’ado, un bon repas, des animaux (…). Dans un premier temps, chaque participant du groupe, jeunes comme animateurs, a choisi deux images qui évoquaient le plus pour lui le bonheur. Un tour de parole autour d’une de ces images s’est ensuite organisé pour partager avec les uns et les autres son approche du bonheur. Un travail en binôme a ensuite été mis en place pour la deuxième image. Chaque membre du binôme devait expliquer à l’autre pourquoi il avait choisi telle image. La restitution de l’explication était faite par celui dont ce n’était pas l’image.
L’approche par l’image permet de rentrer très rapidement dans le sujet. Elle sert de bon support pour entamer le dialogue. L’animateur doit cependant avoir une idée de ce qu’il souhaite apprendre/approfondir pour guider la conversation.

Set d'images cherchées sur Internet pour parler du bonheur

4/ L’échelle du bonheur
Le groupe qui a utilisé cet outil a travaillé le thème du bonheur/bien-être. Les animateurs avaient préparé une trentaine de cartes-mots pouvant contribuer au bien-être: un boulot, un appartement, une famille sympa, des amis, un Smartphone, un diplôme, le permis de conduire, une chambre chez ses parents, une mutuelle (…). Dans un premier temps, les participants du groupe, jeunes comme animateurs, se sont répartis en deux groupes. Chaque groupe a ordonnancé, du plus important au moins important, les cartes en fonction de leur représentation du bien-être. Ce classement a donné lieu à de nombreux échanges sur l’approche du bonheur. Chaque groupe a ensuite expliqué à l’autre pourquoi il avait choisi tel classement. Enfin, à partir des deux classements présentés, l’ensemble des participants a dû se mettre d’accord sur un classement commun.
L’approche par les cartes avec des mots permet de rentrer très rapidement dans le sujet. Elle sert de bon support pour entamer le dialogue. Il convient de laisser des cartes vierges pour pouvoir y ajouter des éléments si nécessaire (exemple : un animal de compagnie). Le classement final a dû s’ effectuer par grand pôle pour pouvoir trouver une vision commune au groupe dans son entier « l’entourage », « le matériel », « le superficiel ».

Discussion autour de l'échelle du bonheur

5/ Les cartes « super héros »
« Les cartes de super héros » sont des cartes dont les questions commencent par « Et si…? » Par exemple, « Et si je pouvais offrir ce que je veux à mes proches ? ». Elles ont été testées sur le thème de la débrouille, après le jeu des doubles boites. L’enchainement avec ce jeu a bien marché (on part de ce qu’ils font aujourd’hui, pour imaginer ensuite des avenirs possibles). Les jeunes ont bien aimé ce jeu. L’un des constats est terrible : ils se brident, retiennent leurs désirs, ont les espoirs à la hauteur de la m**** dans laquelle ils sont ou ils se voient. (« Si je pouvais m’offrir le logement de mes rêves ? un 2 pièces pas trop petit… »). Techniquement, on a trouvé que nos questions « Et si » n’étaient pas assez décoiffantes, qu’il fallait les retravailler et ne pas hésiter à les pousser plus loin. Mais de l’avis général ça marche très bien, et les jeunes ont aimé qu’on leur offre cette liberté de rêver, d’imaginer des trucs apparemment impossibles mais dont le fait de les exprimer rendait plus tangibles.

Exemple de cartes super héros

Jour 3 – Immersion à la Mission locale

Le second groupe s’est donc rendu à la Mission locale pour l’emploi des jeunes, en pleine rénovation. Venus de plusieurs missions locales de la Région, une dizaine de jeunes étaient présents à l’heure du rendez-vous. Plus ou moins intimidés et un peu circonspects quant à ce qu’on attendait d’eux.

Accompagné de Bruno, conseiller emploi, et de Maud, psychologue clinicienne, Philippe, le directeur, nous a accueillis autour d’un café. Puis il a invité participants et jeunes à le suivre pour une rapide visite des locaux, en plein chambardement : l’occasion de nous en raconter le fonctionnement quotidien. De retour dans la salle, nous avons expliqué le cadre de cette immersion, le fonctionnement de la journée, et ce que nous attendions des jeunes. Et puis, pour « briser la glace », nous avons consacré une bonne heure et demie à pratiquer différents jeux du Théâtre de l’opprimé : l’espace-stop, l’aveugle guidé, la bombe et le bouclier, le nœud, l’hypnose… L’ambiance s’est franchement détendue, les jeunes ont accepté de rentrer dans les jeux sans gêne ni moqueries, ils ont apprécié de se retrouver sur un pied d’égalité avec les représentants d’institutions qui leur semblent souvent inaccessibles.

Après la pause-déjeuner, nous nous sommes séparés en trois groupes pour plancher sur les thématiques proposées : le premier s’est attelé au thème « autonomie-débrouille », les deux autres ont réfléchi sur le bonheur et le bien-être. Différents outils (les deux chapeaux, les cartes super-héros…) ont été utilisés pour échanger. Enfin, tout le monde s’est retrouvé pour une heure de bilan-évaluation. Les jeunes ont été unanimes pour saluer « le respect », « la qualité d’écoute », « l’absence de jugement », « le côté ludique », « la répartition équitable de la parole »… Ils ont aussi souligné qu’ils avaient énormément appris les uns  des autres par le simple échange des expériences personnelles. Mais ils nous ont aussi interrogé sur les suites qui seraient données à cette journée. Et ils ont exprimé le souhait que de telles opérations, si elles devaient être rééditées, soient davantage axées sur la formation et l’emploi.

Jour 3 – Journée d’immersion à l’Ecole de la Deuxième Chance

C’est le grand jour : nous allons tester les méthodes d’écoute et de dialogue conçues la veille directement avec les jeunes de deux établissements : la Mission locale et l’Ecole de la 2e Chance, toutes deux à Chalons en Champagne. La démarche peut sembler déroutante, mais en réalité, elle va permettre à la fois d’associer étroitement les jeunes à la démarche régionale, mais aussi de réduire les risques d’échecs ou les difficultés lorsqu’il s’agira d’animer les 8 rencontres que la Région souhaite organiser sur tout le territoire…

Les participants se répartissent en deux groupes. L’un des groupes a rendez-vous avec Emmanuel Le Locat, directeur de l’Ecole de la Deuxième Chance, et ses équipes. Après une présentation générale de l’établissement, nous rentrons dans le vif du sujet. Une rencontre est prévue entre notre groupe constitué d’une dizaine d’adultes, et une quarantaine d’élèves. La salle prévue est trop petite, nous allons finalement nous retrouver… dans la salle de gym! Ce qui tombe plutôt bien, car histoire de briser la glace, Fabienne Brugel (Compagne NAJE) propose à tout le monde quelques exercices. Le jeu de la bombe est un must  : je désigne secrètement 2 personnes : l’une est la bombe et peut exploser à tout moment, l’autre est mon bouclier et empêche la bombe de m’atteindre si je réussis à me placer derrière elle… Chacun se jauge, se demande s’il va jouer le jeu, mais rapidement la dynamique prend. Les jeunes se parlent entre eux, mais surtout engagent la conversation avec les adultes, bien obligés de laisser le protocole au vestiaire aux aussi. Un ou deux jeux encore plus impliquants plus tard, et le groupe s’est solidifié. Il y a bien un peu de raffut et des débordements isolés (tout comme des jeunes qui décident de rester en dehors), mais globalement tout le monde s’est pris au jeu. On sent une énergie positive. « Je ne les avais pas souvent vu comme ça », nous glisse un des animateurs de l’école.

Fabienne Brugel (NAJE) à la manoeuvre au milieu des jeunes et des adultes de la Région et des associations locales.

Tout le monde rejoint alors la cafétéria de l’école, les adultes se dispersent au milieu des élèves. Déjà les discussions se font plus libres. « Vous ne venez pas nous raconter que la Région va régler les problèmes du chômage, quand même ? », dit l’un d’eux. Et poursuit : « Pourquoi les politiques ne nous proposent-ils jamais des choses dans lesquelles on pourrait réellement jouer un rôle, avoir prise, plutôt que de nous proposer toujours de nouveaux dispositifs ? ». C’est dit entre la poire et le fromage, et l’on pressent déjà ce qui va devenir une certitude pendant la journée : lorsqu’on crée les conditions d’une véritable conversation, les jeunes s’expriment -quel que soit leur situation ou leurs difficultés-, cette parole fait sens et nous oblige à changer de regard.

Partagés entre le scepticisme et un véritable enthousiame, les jeunes acceptent de tester les outils de dialogue avec nous.

Nous nous répartissons alors en plusieurs groupes, dans lesquels agents de la Région, animateurs de missions locales et d’associations vont tester les outils et jeux conçus la veille. L’équipe de la 27e Région et les designers observent et facilitent l’animation lorsque c’est utile. On essaie tour à tour le « jeu des deux boîtes » (on tire au sort, dans la première le prénom d’un participant, adulte compris, et dans l’autre une question sur un sujet du quotidien), puis « les cartes de super héros », dont les questions commencent par « Et si…? » Par exemple, « Et si je pouvais offrir ce que je veux à mes proches ? » (« pas mal mais il faudrait retravailler les questions, les rendre plus décoiffantes »).

Les jeunes sont partis prenantes du test, ils participent à l'élaboration de la démarche. Et ils ne se privent pas de dire ce qui les choque ou les gènes : "Mais vous, vous allez aussi répondre aux questions ?"

Jour 2 – Préparer l’immersion

Après la pause déjeuner au restaurant inter-administratif, à deux pas de la Région, on se retrouve pour travailler sur les outils qui nous serviront à animer le travail de demain avec les jeunes. On commence d’abord par choisir deux thèmes parmi les quatre proposés : « Bonheur » et « Autonomie » remportent les suffrages. On prend quelques minutes, par petits groupes, pour préparer comment expliquer aux jeunes pourquoi ce sujet nous tient à cœur. Et puis, en deux sous-groupes, on fait la liste des méthodes d’animation qui nous semblent opportunes. On en sélectionne quelques-unes et préparons le kit outil que nous expérimenterons demain… Programme chargé pour cet après-midi.

Deux thèmes sont choisis pour la journée test du lendemain: autonomie et bonheur

Les outils qui seront utilisés le lendemain sont préparés dans l'après-midi

Jour 2 – Thématiser

Nous sommes une bonne trentaine à nous retrouver à l’heure du café à l’Hôtel de Région, dans une ambiance chaleureuse. La plupart ont déjà eu le temps de se connaître la veille, les nouveaux arrivants se présentent par duos, puis Florent et Philippe leur racontent brièvement la première journée.

Véronique expose ensuite la commande de la Région : huit Forums (deux par département), en partenariat avec le Crajep, pour aller à la rencontre des jeunes, en essayant de tenir compte des spécificités de chaque territoire dans le choix des thématiques. La finalité, c’est qu’« on puisse se rencontrer, que les jeunes puissent faire part de leurs aspirations, leurs préoccupations, leurs problèmes… La Région n’est pas là pour vendre ses dispositifs, mais pour les écouter ».

Un débat suit sur les objectifs plus précis du projet, et donc sur les indicateurs pertinents pour juger de sa réussite : faut-il privilégier la qualité du dialogue, le nombre de problèmes ayant trouvé une solution ? Certains participants ajoutent que l’écoute ne suffit pas, qu’il faut entrer dans un vrai travail réciproque entre les jeunes et les représentants des institutions.

Le second temps de la matinée est consacré au choix des thématiques. Tout le monde se saisit de post-it pour proposer trois thèmes qui lui plaisent. On fait des recoupements, on vote, et quatre questions finissent par se dégager : autonomie, bonheur, citoyenneté, ressources… Florian et Armelle, pour l’Ecole de la deuxième chance, puis Philippe, pour la Mission locale, nous expliquent quels jeunes nous allons rencontrer demain, et ce qu’ils savent de cette journée. On se sépare en quatre groupes pour dessiner des « nuages de tags » sur chacune des thématiques choisies… Tout le monde prend plaisir à ce travail ludique.

Brainstorm autour des thématiques clés de la jeunesse

Affiner la thématique grâce au nuage de tag. Outil utilisé ici: wordle