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Transfo Pays de la Loire / Semaine 5 / Jour 1 : Lancement

Lundi 12 novembre 2012

L’équipe Transfo est de retour à l’Hôtel de Région pour une 5ème semaine un peu particulière. D’une part parce que nous sommes (déjà !) à mi-parcours, et d’autre part parce que, si pour l’heure l’équipe retrouve sa composition habituelle (Jacky, Shah-Dia, Léonie, Magali), c’est aussi la dernière semaine de Léonie et Magali en tant que résidentes.

D’abord, quelques mots sur le contexte général. En Pays de la Loire, le but de la Transfo est de faire l’interface entre la prospective et les politiques régionales. Au cours de cette 5ème semaine, nous souhaitons donc mettre en avant la porosité entre ces deux éléments trop souvent dissociés. Comment ? En s’attaquant à l’amélioration d’un dispositif régional à l’aide des tendances prospectives construites par la DPSA21 (devenue Direction de la Prospective, des Schémas et du Développement Durable, DPSDD) et le Labo des mutations.

Pour cela, nous avons choisi de nous saisir d’un dispositif qui, s’il n’est pas spécifiquement dédié à l’orientation, se retrouve souvent à accompagner les usagers dans ce processus, sans forcément être outillé pour : les espaces régionaux numériques (ERN). Objet à la fois physique, technique et humain, les ERN reflètent bien l’enjeu de l’adaptation constante des services publics aux évolutions des pratiques sociétales.

Finalisation de l’architecture de la semaine

Au bout de cinq semaines, des processus de travail commencent à se stabiliser. Comme à l’accoutumée, la journée démarre par un premier temps de travail interne à l’équipe.

A l’ordre du jour de cette matinée:

  • re-définir collectivement les objectifs de la semaine IN (mettre en œuvre et transmettre la méthode du prototypage appliquée aux questions d’information et d’orientation tout au long de la vie)
  • finaliser le déroulé de la semaine IN (moyens de réalisation, répartition des rôles)
  • re-définir  collectivement les objectifs de la semaine OFF (préparer la semaine 6) et organiser son déroulé (moyens de réalisation, répartition des rôles, prises de RDV)
  • finaliser le déroulé de l’atelier de lancement et les outils d’animation ad’hoc (un déroulé formalisé et mis à l’écrit, une première d’organisation pour nous!)

Travaux pratiques

Avec un tel programme, l’heure de l’atelier est vite arrivée. Nous nous dirigeons vers un espace du campus régional encore inexploré (oui, s’immerger dans la Région c’est aussi explorer de nouveaux lieux au gré des salles de réunions réservées). Peu à peu, c’est finalement 12 personnes qui viennent nous rejoindre, avec des profils très divers : des agents issus de directions différentes (Labo des mutations, Prospective, Lycées, Apprentissage) mais aussi des « extérieurs » (Rectorat, Carif-Oref, Fongécif, CIO, PING).

Le temps que tout le monde s’installe, notre atelier commence finalement à 16h au lieu de 15h30.  30 minutes de moins, auxquelles s’ajoute un tour de table qui prend finalement un peu plus de temps que prévu. Eh oui, créer de l’interconnaissance et de la transversalité prends du temps, et nous ne l’avons pas forcément assez anticipé en se fixant des objectifs plutôt ambitieux pour 2h de réunion…

Avant d’entrer dans le détail, un petit retour en arrière s’impose pour mieux comprendre le déroulé de cet atelier : lors de l’élaboration du programme, nous avons pensé qu’une contribution des agents en amont permettrait d’enrichir notre séance de lancement. Ce « passage de relai » nous a semblé très important car il répond à l’un des objectifs de long terme de la Transfo : la mise en œuvre autonome des méthodes utilisées dans le programme. Nous avons donc « passé commande » aux agents, en leur demandant des contributions de deux ordres: des « paroles d’experts » sur l’orientation, la prospective et les ERN; et les retours d’une petite enquête de terrain réalisée en amont. Conscients des plans de charges de chacun, nous avons cependant pris le soin de tenter de réduire au maximum le temps de travail demandé en le facilitant par l’envoi de consignes précises.  Après un temps de présentation de la démarche par l’équipe puis un tour de table, nous leur passons donc le relai pour ces présentations introductives.

Nous commençons par une présentation rapide et à plusieurs voix des objectifs de l’orientation, complétée par un panorama des dispositifs existants en la matière à l’aide d’un support graphique proposé par Olivier Ryckewaert, du Laboratoire des mutations.

En images, cela donne ça:

Chartlotte Rautureau, chargée de mission chez PING qui accompagne la Région dans sa réflexion sur l’avenir des ERN, nous présente ensuite cet objet un peu particulier.  Elle confirme rapidement notre intuition. Si les ERN ont bien été conçus comme outils de lutte contre la fracture numérique, aujourd’hui, l’augmentation du niveau d’équipement numérique des ménages – entre autres –transforme leurs missions. Ils sont, de fait et comme beaucoup d’autres structures, amenés à faire de l’aide à l’orientation. Les ERN, qui regroupent usagers et praticiens parfois démunis sur le sujet, constituent donc un espace pertinent pour tester nos prototypes. Ce premier diagnostic est rapidement complété par les apports du terrain, grâce à un reportage photo réalisé par deux agents et qui rend compte de leur visite de l’ERN du BreilEnfin, diaporama à l’appui, 2 agents (DPSDD et Labo des mutations) nous présentent les 4 (devenus 5) signaux faibles pouvant impacter les dispositifs d’aide à l’orientation qu’ils ont pu identifier grâce à leur travail prospectif :

  • ludification (développer des formes appropriables pour faire passer des contenus informatifs et répondre au déclin de l’écrit)
  • individuation (développement de l’offre personnalisée grâce à l’utilisation de données sur la personne)
  • robotisation (systématisation de la gestion des tâches répétitives par des systèmes informatiques ou mécaniques)
  • humain (développement des métiers à caractère « social », rôle du sensible, de l’empathie, des rapports humains…)
  • proximité (relocalisation et économie du partage)

Maintenant que chacun a bien en tête ces éléments, les participants sont répartis en 2 groupes pour réaliser, armés de post-it et à partir des présentations et des discussions, un travail collectif de synthèse. Pour identifier des nœuds solides pour penser l’évolution de la fonction orientation, nous tentons de répertorier les usages des ERN et des dispositifs institutionnels d’aide à l’orientation, tout en essayant d’y injecter les points de vigilances qui découlent des signaux faibles présentés auparavant.

Chaque groupe avance à son rythme, mais la petite demi-heure qui nous reste à disposition semble un peu courte. Un des groupes prend pourtant le temps d’ébaucher un classement qui permet de problématiser la réflexion et d’identifier des « pôles » d’usages et de compétences, qui ne sont pas forcément les mêmes pour les deux « morceaux » étudiés. Nous récoltons une matière première dense, qu’il va falloir « détricoter » pour qu’elle puisse servir de base à la réflexion en vue du prototypage…

A l’issue de l’atelier, nous prenons aussi le temps d’échanger en off sur la stratégique générale de la Transfo avec Olivier Ryckewaert, notre principal allié au sein de la structure. Nous en tirons des questionnements partagés, des débuts de réponses, en tout cas des éléments qui permettent de nous projeter sur les semaines suivantes en tenant compte des objectifs généraux du programme (vus de la Région et vus de l’équipe) et du contexte politico-administratif.

Malgré la fatigue de fin de journée, nous regagnons enfin nos pénates pour une dernière séance de travail d’équipe. Comment retravailler la matière récoltée durant l’atelier pour préparer l’atelier du lendemain en fonction des objectifs fixés le matin ? RDV demain pour voir le résultat !

De la Cyberbase SOUS-MARINE…

Mercredi 19 mai, c’est aujourd’hui jour workshop avec les animateurs et les usagers à l’ ERIC-Cyberbase de Berthe.

L’objectif du jour:

Sortir des idées et des pistes de projets à partir des scénarios réalisés par nos résidents pendant l’inter-résidence et issus des grands thèmes sélectionnés. Ces scénarios prospectifs sont volontairement extrêmes pour susciter des réactions parmi la quinzaine de participants réunis. Quatre scénarios ont été élaborés sur les thématiques de l’Emploi-Formation, du réseau ERIC, Santé Numérique et le Tourisme-développement durable.

Des outils sont aussi mis à la disposition des participants : photos illustratives, « cartes-tag » et des fiches-idées pour noter les réflexions. L’ atelier se fera sous la forme d’un brainstorming de 30 minutes par thème, soit 2h. A la fin, les participants votent pour les idées ou projets avec lesquels ils ont le plus d’affinités.

Ces pistes de projet vont permettre d’approfondir l’atelier du lendemain avec les animateurs des ERIC, représentants de structures comme TPM ou de l’IFAPE, des chercheurs et des étudiants.

Extraits des scénarios : « Super Eric, sauve le monde »

EMPLOI ET FORMATION

 » Nous sommes en 2018 et le paysage de l’emploi en France s’est métamorphosé. Les réformes successives du Pole Emploi ont complètement changé sa mission. Alors qu’autrefois il accueillait les chômeurs et les orientait dans leurs recherches et leurs démarches, il a aujourd’hui un rôle de contrôle des chômeurs et de production de statistiques sur l’emploi. Il est donc devenu impossible pour les chômeurs de pouvoir rencontrer un conseiller car ceux-ci, faute de temps et de disponibilité, ne communiquent avec eux plus que par l’interface du Pôle Emploi. Les chômeurs sont donc de plus en plus isolés et coupés du monde professionnel.Les petites et moyennes entreprises ont quasiment complètement disparues, soit qu’elles aient été, petit à petit, absorbées par de plus grosses, soit qu’à force de vouloir réduire les charges et de rendre flexibles leurs salariés, les dirigeants les aient métamorphosé en auto-entrepreneur. Ainsi le télé-travail s’est particulièrement développé : chacun travaille de chez soi, avec les outils numériques. De ce fait, une grande part de la population connait des périodes de travail alternées avec des périodes de chômage sans trouver d’aide pour développer ses activités. L’individualisation des comportements désagrège petit à petit le lien social
Les Eric se sont saisis de cette question et proposent aujourd’hui aux chômeurs comme aux actifs de se regrouper afin de renouer le lien entre les personnes, tant au niveau professionnel qu’au niveau personnel. Ces cyber-coopératives professionnelles, dont le maillage sur le territoire rend leur activité particulièrement efficace tant au niveau local qu’au niveau régional, mettent à disposition des usagers des espaces et des outils : mise en commun des locaux et des moyens (internet, électricité, matériel informatique…), réseau de mise en relation, annuaire de contacts… « 

ENVIRONEMENT ET TOURISME

 » Nous sommes en 2018 et la Région PACA est saturée de touristes. Forte de son patrimoine et de ses atouts naturels, elle a toujours été une destination idéale pour les touristes français comme pour les touristes étrangers. Mais aujourd’hui cette attractivité est fortement compromise par ce tourisme de masse qui consomme plutôt qu’il ne découvre. Les côtes sont surfréquentées, la mer est polluée, les massifs forestiers sont dénaturés et le territoire perd de sa biodiversité. Ce qui fait l’attractivité de notre territoire est petit à petit en train de le tuer. Faut-il laisser cette diversité nous échapper et voir s’asphyxier notre région alors même que le tourisme représente une part importante de notre économie ? Comment responsabiliser les touristes pour qu’ils continuent à profiter d’un patrimoine exceptionnel et original tout en garantissant les emplois et les activités des habitants de la région ? Le réseau des ERIC se penche sur ces problèmes…

LE RÉSEAU ERIC :

 » Les ERIC ont perdu leur idée de réseau et fonctionnent chacun dans leur coin. Une masse pléthorique d’informations et d’initiatives éparpillées saturent les Cyber-Bases qui ne peuvent plus les traiter ni les exploiter. « Trop d’infos tuent l’info ». Pour revivifier le réseau des ERIC et valoriser les initiatives existantes, les acteurs du réseau proposent des projets avec la participation des utilisateurs pour revivifier le réseau.

SANTE ET NUMERIQUE

« Qui l’aurait cru en 2010 ? Soit dix ans plus tôt, l’internet est mis à l’index par l’ensemble du corps médical: depuis le succès massif du piercing communiquant en 2013, l’usage prolongé des «technologies de l’immédiateté permanente» est devenu la première cause d’arrêt du travail, et une hantise pour les enseignants. Tout va trop vite! Partout dans le monde, les « burning-out » sont monnaie courante dans toutes les catégories professionnelles, et les ados ne parviennent plus à décrocher du réseau, du tchat et des jeux en ligne. Comment reprendre la main sur le tsunami technologique, sans renier tous ses acquis ? la Cyberbase de Berthe y a répondu dès 2015, en devenant espace de reconnexion. « Notre priorité, c’est d’aider les habitants à resynchroniser leurs vies !». »

Les outils de l’atelier

Après une heure et demi d’atelier, trois thématiques sont traitées, celle de l' »Emploi-Formation », de l' »Environnement-tourisme » et celle du « Réseau ERIC ». La thématique de la Santé Numérique n’a pas pu être traitée faute de temps.

Les idées-projets du workshop avec les usagers et animateurs

Thématique « Emploi-formation »

Thématique « Environnement-tourisme »



Thématique « faire vivre le réseau ERIC« 

Restitution, vote et affichage des fiches-idées

A la fin de l’atelier, les projets sont affichés et nos participants votent avec des gomettes colorées pour leurs idées préférées dans chaque thématique. Le projet de la « Cyberbase Sous-marine », du « Book video » et d’une « Fête des ERIC »  sont plébicités. Puis tous nos participants se sont retrouvés autour d’un verre pour échanger informellement autour des projets lors du traditionnel « accrochage  » du mercredi.

…Suite du petit tour : portraits des ERIC-Cyberbases

La première base, au cœur de la petite ville de Brunet, dans la rue commerciale et tranquille, accueille un public surtout composé de personnes retraitées, avec l’atelier senior de la commune. Abdel est d’ailleurs en train d’animer ce petit atelier d’initiation à notre arrivée : « Bon, alors, pour naviguer et faire vos recherches, vous devez ouvrir un nouvel onglet, sinon ça va vous emmener dans un espace trop vaste et vous serez perdus ! Et, si moi, je veux aller loin, justement dans l’espace ? » s’exclame une dame toute frétillante. Ici, peu de jeunes et d’enfants fréquentent le lieu excepté en accès libre par quelques jeunes du collège. Il y a aussi un partenariat avec le lycée « Georges Cisson » pour des ateliers en direction des « primo arrivants ». Ce sont des élèves d’origine étrangère qui ne maîtrisent pas la langue française et pour lesquels un apprentissage est proposé en vue d’obtenir le « PIM », le passeport internet multimédias. Il y a aussi de l’aide aux devoirs dans le cadre du Contrat Local d’Accompagnement scolaire (CLAS).

La particularité de cet espace est qu’il est corrélé avec celui de Ste Musse, tout proche et qui travaille en étroite coopération avec le Centre socioculturel (CSC) flambant neuf. Frédéric Fallot coordonne les deux espaces pour lesquels un planning commun est élaboré. La typologie des usagers est très différente entre les deux mais les statistiques révèlent une fidélisation croissante des publics. En file active, la base de Brunet représente 900 personnes. Cela dit, il y a un problème de com en général : « certains habitants ont découvert par hasard l’existence de la Cyber-base, alors qu’ils passaient devant tous les jours ! ».

La proximité avec le Centre social et culturel renforce les relations au travers de projets transversaux. Concernant l’emploi, par exemple, l’espace Cyber-base de Ste Musse a mis en place une plateforme de permanences, dédiées à l’accompagnement des demandeurs d’emploi, mutualisée entre plusieurs asso telles que la Mission locale, CESAM, l’AFIJ, le CEDIS, organismes déjà missionnés sur ces fonctions avec chacune sa spécificité. Les publics sont accueillis sur rendez-vous pour des séances individualisées de recherche par le numérique.

Le bâtiment de la « Maison des services publics », inauguré en septembre dernier, trône sur la place accueillante au cœur du quartier de Ste Musse avec son drapeau bleu-blanc rouge de la République. Autant dire qu’il s’agit vraiment d’un service public qui impressionne un peu. Très contemporain, l’espace, vaste et entièrement blanc ressemble un peu à un centre d’art contemporain. Frédéric regrette seulement que l’architecture n’ait pas été conçue en concertation avec les utilisateurs. « On ne peut rien toucher, ni punaiser…et les usagers ne peuvent pas vraiment l’habiter ! ». Cela dit, la médiathèque qui jouxte l’ERIC Cyber-base est vraiment un « plus » pour resserrer les liens entre les divers publics et booster la collaboration sur des projets. D’ailleurs 3 postes de consultation des bases de données de la médiathèque occupent un petit espace dès l’entrée et il est question d’y intégrer un portail avec des liens fléchés « culture » : visites virtuelles de musées, programmation culturelle de Toulon, etc. Perle, animatrice à la cyber-base nous montre aussi quelques productions créatives réalisées avec des enfants. Petit aperçu sur le lien : lacartoonerie.com


Une petite spécificité dont s’enorgueillit Frédéric, coordonnateur des deux espaces numériques, c’est la Cybermobile : « C’est une mallette avec des ordi portables pour aller au devant de publics handicapés et personnes âgées. L’idée est de développer ce concept sur tous les quartiers Est de l’agglo pour introduire ces pratiques numériques dans les hôpitaux, les maisons de retraite et autres établissements spécialisés. « La merveille, explique Frédéric, c’est que des personnes âgées de la maison de retraite qui ne parlaient plus, se sont remises à parler et ont recréé des modes de sociabilité ! »

Autre lieu, autre décor, autres publics aussi : l’espace de La Valette situé au cœur d’une ZAC et d’un centre commercial est géré par l’association « Horizon multimédias ». Michèle Blain nous accueille dès notre arrivée et nous guide tout de suite vers l’Espace Ouvert d’Education Permanente, initié par la Région PACA. IL s’agit d’un libre accès aux ressources documentaires offertes aux salariés entre 35 et 45 ans en reconversion professionnelle, avec un accompagnement pour les guider dans leurs recherches. Ici aussi, un réseau d’organismes spécialisés dans l’emploi s’est constitué de façon informelle pour coordonner leurs efforts : Mission locale pour les 16-25 ans, PLIE (plateforme d’insertion par l’économique) pour l’orientation et la formation, le CFA (centre de formation des apprentis), juste à côté, à La garde. Les autres activités et partenaires ? Une toute récente, la « Cyber bébé », prévoit d’intervenir dans une crèche pour le bain numérique précoce…et ludique ! Une activité aussi en lien avec une asso d’artistes à Revest, une autre avec une école primaire, également à Revest pour la préparation au B2I (Brevet d’initiation à l’informatique), et une autre encore autour de la « cyber-dépendance » et d’outils de prévention dans les écoles pour lutter contre l’addiction à l’internet. Bien sûr, une foultitude d’activités et de projets sont aussi dans les tuyaux ou déjà en cours.

Mais le « must », réside sûrement dans la formation BPJEP/TIC. Cette formation diplômante, agrée Jeunesse et Sports et unique en son genre au sein du réseau des ERIC, offre 1340 h de connaissances approfondies liées aux EPN avec des stages en alternance et des projets collectifs pour les futurs animateurs. Une rencontre avec le groupe de stagiaires réunis au moment de notre venue, est organisée de façon impromptue. La présentation du dispositif de « Territoires en résidence » suscite pas mal de questions de la part des futurs animateurs des espaces numériques. Ils se montrent vraiment intéressés et souhaitent participer à l’aventure. Rendez-vous est pris avec eux pour une séance de tournage avec « O2zone » le lundi 21 juin de la 3e semaine. L’idée serait de les associer dans le cadre de prototypages de projets prévus à ce moment là, sous la forme de teasers mettant en scène des micro-fictions.

Direction La garde, commune proche de La Valette. La Cyber-base ERIC, gérée par l’IFAPE, est elle aussi encastrée dans une méga médiathèque, au sein d’un bâtiment communal hébergeant aussi le Conservatoire National à rayonnement Régional. Pourtant aucune relation n’existe entre ces 3 entités. IL s’agit seulement d’une cohabitation. Cette petite cellule est animée par 2 animateurs pour des ateliers d’aide à la recherche d’emploi, en lien avec le Bureau Municipal de l’Emploi et le Bureau d’Information Jeunesse. De fait, l’IFAPE a répondu à un appel d’offres avec « Initiative », (société de conseil pour le reclassement, l’ »outplacement », couveuse d’entreprises, etc.) pour un programme national, décliné au niveau territorial, de répartition des rôles entre le Pôle-emploi et les Cyber-bases, dans le cadre d’une convention avec la « Caisse des Dépôts et Consignations ». La Cyber-base dispose aussi d’un espace dans la maison des associations d’à côté, davantage fréquentée et où d’autres ateliers sont proposés, en direction de différents publics, scolaires, retraités, habitants. Pour Nadia, animatrice, les activités sont assez diversifiées mais souffrent d’un déficit de communication, constat partagé par ailleurs par tous les interlocuteurs des Cyber-bases ERIC rencontrés. De plus les animateurs n’ont pas assez de visibilité du fonctionnement de l’IFAPE pour être réellement des acteurs forces de propositions. Ils jouissent d’une réelle autonomie en matière d’organisation de leur travail mais ne disposent pas vraiment d’informations concernant la gestion.

Ce petit tour d’horizon, très incomplet, nous a donné la mesure de la richesse et de la complexité de ces EPN. Tous sont en prise avec leur environnement social et doivent passer par les fourches caudines des dispositifs de politiques publiques territoriaux. Or, au niveau local, ces dispositifs, dans le maquis et l’opacité des acronymes qui en sont le reflet, représentent souvent la seule source de financements dans ces logiques de zonage et de discrimination sociale : « CUCS », « CLAS », « PLU », etc. réservés aux « initiés » et représentent des parts de marché potentiels pour ces acteurs sociaux. Ils militent souvent pour un mieux être social mais se retrouvent du coup aussi dans une concurrence entre eux. Ces circuits, « chasse gardée », incitent peu les projets de coopération entre organismes ; dès lors, comment imaginer la plus-value apportée par la formation aux outils numériques pour rendre presque évidente aux yeux des élus et acteurs institutionnels, l’intérêt d’une coopération aux différentes échelles territoriales.

Un autre constat ressort de ces rencontres ainsi que des observations et discussions informelles : la dimension réseau n’a pas de réalité au niveau quotidien. Manque de temps ? Effet de concurrence ? D’espaces de réflexion, centralisme de gestion pour les gros organismes ? De fait, peu de projets collaboratifs à l’initiative des Cyber-bases ERIC entre elles voient le jour. Les événements, à la faveur de l’animation du réseau et à l’initiative de La région PACA ou de TPM, sont de réelles occasions d’échanges féconds mais, chacun retourne ensuite à son turbin de gestion au quotidien….Il est patent qu’une démarche collaborative stimulée à l’échelle du réseau régional mais à l’initiative des ERIC eux-mêmes, permettrait d’exploiter et de rendre visible la richesse des projets, des activités et la multiplicité des utilisateurs de ces espaces numériques. Le handicap supplémentaire, lié à la difficulté de répondre aux appels à projets, soit par manque de savoir-faire, soit par déficit de temps et aussi par la mise en concurrence des candidats ne favorise pas la dynamique de réseau et sa plus-value potentielle. Ainsi, dans les scenarii possibles, des centres de ressources numériques, plus localisés et avec les moyens idoines, auraient, entre autres fonctions, celle d’accompagner les porteurs de projets réunis au sein de collectifs d’acteurs. Une piste à explorer ?

Un petit tour des ERIC

De retour à « Berthe » lundi 17 mai pour la deuxième semaine. Les résidents reprennent pied dans l’espace…numérique où les animateurs  de la  «Cyberseyne » les accueillent. L’équipe se répartit en deux : Anaïs et Corinne, accompagnées de Rosemonde, chargée de mission du service « territoire numérique » à Toulon Provence Méditerranée et de Djamila, stagiaire de ce même service vont rencontrer deux autres ERIC-Cyberbases. L’ une située à Brunet, l’autre à La Valette. Le lendemain c’est Julien et Corinne avec Pascal Peuchot, responsable du service numérique qui vont visiter la Cyberbase de Ste Musse, au cœur du Centre socio-culturel, sise dans un bâtiment tout neuf et très contemporain. Puis, direction La Garde, petite cellule enchâssée dans la médiathèque imposante du bâtiment du Conservatoire National de Rayonnement Régional.

Il s’agit de faire un petit tour d’horizon des usages, projets, difficultés liés à ces espaces très hétérogènes dans leur profil, malgré la louable initiative de TPM d’harmoniser et de soutenir activement ces lieux.

La semaine de résidence s’annonce très dense avec trois temps forts autour d’ateliers. Le premier a lieu mercredi avec les utilisateurs de la Cyberseyne, asso du quartier, créateurs d’entreprises, jeunes du centre « Nelson Mandela » et d’autres qui, par l’entremise des animateurs, ont reçu l’info, de bouche à oreille. Il s’agit d’un moment de créativité prospective, animé par les résidents avec la contribution active de nos designers bien rôdés au Workshop. Le second aura lieu demain, jeudi avec un pique-nique d’ouverture. Il est à l’instigation de la Région PACA et organisé par l’agence Proposition, avec laquelle il sera animé. L’objectif : imaginer, faire turbiner les neurones (hémisphère créativité), se projeter et projeter les ERIC de demain.

Les politiques publiques, Régions, Europe, collectivités territoriales s’interrogent en effet sur les inflexions à donner aux services numériques un peu partout sur les territoires. De leur côté, les animateurs, les Espaces Publics Numériques dans leur ensemble se questionnent et interpellent les pouvoirs publics sur leur devenir, leur rôle dans les reconfigurations des politiques publiques. Ce travail de remue-méninges tente donc de se saisir de ces préoccupations, à cheval sur les frontières institutionnelles et tendues entre un futur incertain et un présent « chronophage » et submergé de soucis quotidiens : contexte économique et social très préoccupant, zonages accentuant les discriminations par des politiques d’empilement de dispositifs, course effrénée aux financements, réponses à appels d’offres pour ceux qui « savent faire », gestion des demandes des utilisateurs pour lesquels ces espaces représentent bien souvent une bouée de secours, des lieux de sociabilité dans le désarroi où les laissent les organismes publics comme le Pôle-Emploi ou la Caf, dans l’incapacité de répondre aux demandes les plus élémentaires et besoins des « demandeurs d’emploi », etc. Bref, les « Cyber Shiva », n’ont pas assez de tous leurs bras pour  prendre en compte ces situations d’urgence !

Pour cet atelier créatif,  l’effet réseau des ERIC est sollicité pour coordonner les initiatives innovantes (pas forcément high tech, d’ailleurs) et en impulser de nouvelles en essaimant. Mais comment se distancier du quotidien et se prêter à l’exercice de se propulser dans un futur plus ou moins proche sans faire le « grand écart » ? Véritable défi pour des enjeux actuels car, en matière de numérique tout va très, trop vite et la fracture sociale risque de devenir abyssale aux différents niveaux de gouvernance territoriale.

L’ ERIC Cyber-base TPM de La Seyne-sur-Mer Berthe entre en résidence, 5e jour: Workshopday

Préparation du Workshop

Jeudi soir, nos résidents ont veillé tard pour préparer le workshop du lendemain avec Laurent Ciavatti, coordinateur des Cyberbases de l’IFAPE, Rosemonde Savi de TPM et les animateurs de la Cyberbase. L’objectif de cet atelier : dégager des thématiques et des pistes de projets porteuses tant au niveau de leur faisabilité que de l’implication des acteurs « pros ».

A partir de nos observations, interviews et discussions informelles, 9 thématiques sont sélectionnées par notre équipe et proposées aux participants du workshop :

1-« ERIC et Mobilité »

2-« ERIC et Créativité/ Expérimentation »

3-« Accueil des publics dans les ERIC »

4-« Réseau des ERIC »

5-« ERIC et Formation »

6- « Visibilité des ERIC »

7-« ERIC et Citoyenneté »

8-« ERIC comme Plateforme/ Centre de Ressources »

9-« ERIC et Mixité des Usagers »

Sur un moodboard, les résidents « adossent » à ces grandes thématiques des idées issues de leurs propres réflexions et reformulent celles des acteurs interrogés pendant la semaine. Le dispositif est prêt, reste à en définir les règles et se repartir les tâches.

Il est décidé que le workshop dure 1h 30, soit 10 minutes par thématique. En maître de cérémonie, c’est Julien Defait qui orchestrera cette « tempête de cerveaux » en guidant les participants sur tel ou tel thème  selon la tournure des débats. Les autres résidents participeront activement à l’atelier en essayant de « booster » le débat tout en prenant des notes et en s’assurant de la bonne gestion du temps. Chaque idée nouvelle ou complémentaire d’une thématique sera « post-ité », de même pour les réserves et objections.  A la fin de l’atelier, les participants pourront voter pour deux thématiques de leur choix.

Workshop : Et le grand gagnant du jour est … Visibilité

A 8h du matin, nos résidents et les participants au workshop se retrouvent à l’ERIC-Cyberbase de Berthe, l’atelier débute.

Julien en explique succinctement les règles et les débats commencent. Sans entrer dans le détail des discussions, nous pouvons tirer plusieurs enseignements de ce premier workshop.

Quatre thématiques n’ont pas accroché nos participants. Le thème « ERIC et Citoyenneté » n’a pu être traité, faute de temps. Celui de la plateforme « centre de ressources » ainsi que la question de la « visibilité » des projets réussis et porteurs ayant occupé le centre des débats. Les ERIC-Cyberbases  comme « incubateurs  citoyens » ou « outils de la démocratie participative locale » apparaissent peu impliquants  en terme d’idée ou de projets.

La deuxième thématique peu « disputé » est celle de l’ « Accueil des ERIC-Cyberbase » mais il semble qu’elle s’intègre en fait dans une autre thématique plus transversale celle de la « Visibilité » Idem pour celle du « Réseau ERIC. »

Quant à la thématique « ERIC et Mixité des Usagers », le thème n’a pas pu être abordé non plus approfondi, faute de temps.

La thématique des  « ERIC comme plateformes/Centre de Ressources »  proposée à la discussion par nos résidents a fait débat mais n’a pas emport2 l’adhésion des animateurs et des représentant de l’Ifape et de TPM

L’idée des ERIC comme :

-Plateformes pour les associations du quartier

Détecteurs d’innovations ascendantes

-Incubateurs  de microprojets

-Forces de proposition dans des démarches d’innovation ouverte type « livingLabs »

…N’est pas « judicieuse »  pour Laurent Ciavatti et les animateurs   étant donné la forte concurrence dans ce domaine par des structures qui l’assument déjà. Les animateurs soulignent aussi le fait qu’ils ont déjà« la tête dans le guidon. »

La thématique qui a emporté l’ensemble des suffrages, est celle  de la « visibilité des ERIC ». Il y a un véritable consensus chez les animateurs comme pour Laurent Ciavatti de l’IFAPE et Rosemonde Savi de TPM : « les ERIC souffrent d’un manque de visibilité de leurs actions réciproques. » Les animateurs ajoutent qu’au sein des structures, il faut davantage « communiquer sur les activités et les compétences des ERIC. » Plusieurs idées sont avancées pour pallier ce manque :

-Mettre en place une signalétique adaptée à l’intérieur des  espaces et à l’extérieur

-Créer une « Fête des ERIC » qui serait l’occasion pour les acteurs de PACA de se rencontrer, d’échanger sur leurs projets

-Développer des  réseaux  d’ « ERIC  spécialisés » par exemple dans l’emploi

-Valoriser les projets via des dispositifs d’affichages numériques dans les Cyberbases

Les trois dernières thématiques ont été moins prolifiques  en terme d’idées ou de projets mais reste néanmoins intéressantes à creuser pour les prochains ateliers. Quelques réflexions et pistes :

-La question des ERIC-mobiles est évoquée par les animateurs avec l’idée d’ « un animateur qui se déplacerait chez les personnes âgées, malades ou handicapées, dans les prisons et hôpitaux, par exemple pour leur donner des cours d’initiation au numérique »  style réunion Tupperware.

-La question de la mobilité des animateurs est abordée avec l’idée de mettre en place des « résidences d’animateurs » dans d’autres ERIC de la région à fin qu’ils étoffent leurs compétences et échangent leurs méthodes.

-Nos résidents proposent aussi l’idée d’une « Cyberbase volante » qui travaillerait sur un mode « One-shot » ou sur des problématiques spécifiques.

-Rosemonde Savi de TPM propose l’idée sur la thématique « ERIC et Créativité/Expérimentation », de généraliser le rôle  des « ERIC comme  lieu d’expérimentation des usages de NTIC dans le cadre de la constitution d’écosystème d’innovation ouvert de type  livinglabs »

Sur la thématique « ERIC et Formation », les animateurs ont fait valoir leur souhait de « monter en compétences » et développer une véritable politique de formation afin de  répondre aux demandes de certains usagers. La question de cours sur un usage « raisonné » des technologies a également  été débattue.

Un pas vers les « usagers-exemplaires » de l’ERIC-Cyberbase

Cet atelier nous a permis de mettre en avant les thématiques porteuses en terme de consensus chez les  acteurs institutionnels et pros. Si la problématique de la visibilité des ERIC-Cyberbases doit être un des axes forts de notre réflexion tant au niveau micro que méso, nous ne devons pas perdre de vue  l’approche « ascendante » de la 27e et le potentiel créatif  des « vrais gens », premiers utilisateurs et critiques de la Cyberbase car nous pensons que c’est de la confrontation des points de vue qu’émerge des projets innovants collaboratifs et pérennes. Mais dans le contexte qui est le nôtre avec des premiers usagers  « volatiles » et peu impliqués, comment faire ? Ce thème est évoqué en « off » à la fin du workshop  et c’est là qu’arrive à point nommé ce que l’on pourrait appeler un « utilisateur-exemplaire »

Habib a travaillé pendant plus de dix ans dans une entreprise de plomberie. Un jour, il est licencié pour raison économique. Pendant plus de trois mois, il cherche du travail et n’en trouve pas. Comme il le dit lui-même : « J’aurais pu tourner mal » C’est à ce moment là que « Momo », animateur, l’incite à participer au projet «  E-tpme » et l’aide dans ses premiers pas de créateur d’entreprise.

Aujourd’hui chef d’entreprise, Habib est un de ces « usagers-exemplaires » que nous nous devons de rencontrer pour mener à bien cette résidence. Nous l’invitons à participer à un atelier créatif lors de notre prochaine semaine de résidence. Il accepte. Nous demandons ensuite aux animateurs de prendre contact avec d’autres « utilisateurs-exemplaires » comme Habib, ce qu’ils s’engagent  à faire. Ouf, l’approche « Bottom-up » est sauve !

L’ ERIC Cyber-base TPM de La Seyne-sur-Mer Berthe entre en résidence, 4e jour: Feedback “Accrochage” et réajustements

Retour sur l’ « accrochage »  de la veille, entre nous, résidents, d’abord et aussi avec les animateurs. Sans satisfecit complaisant, tous ont trouvé que « pour une amorce et une première sensibilisation à la méthode », c’est plutôt une réussite. Bien sûr, « il aurait fallu aussi inviter les assos du quartier » mais le temps nous a manqué et, rétrospectivement, nous pensons que faute de les avoir rencontrées avant, il vaut mieux prévoir une petite « com » à destination des acteurs partenaires pour la seconde semaine qui sera relayée par les animateurs.

Nos designers ont donc fabriqué des petits flyers sympas, avec des photos de l’accrochage du mercredi prises sur le vif. En fait, il s’agit de les inviter à participer à la résidence dans les temps de coopération, d’accrochage, mini événements. Momo, Chéhrazed et Mohamed se chargeront de les distribuer auprès des assos  mais aussi à des figures locales, créateurs, demandeurs d’emploi en phase de création d’entreprise.

Anaïs et Julien ont continué leur carto des acteurs. But du jeu : l’afficher dans le hall d’accueil et inviter les usagers et asso partenaires à la compléter pendant notre absence de 2 semaines. Corinne a assisté à une séance d’atelier de recherche d’emploi, animée par Chéhrazed et poursuivi les entretiens informels.

Puis Julien et Corinne ont rencontré un conseiller général, également attaché territorial chargé de développement économique à la ville de la Seyne-sur-Mer. Plus qu’un « institutionnel », Patrick Martinenq, avec son background est aussi une mine de contacts avec des jeunes, créateurs, personnalités du quartier qui ne fréquentent pas forcément la Cyber-base de Berthe mais qui représentent un potentiel d’initiatives : rappeurs, bloggers, une sociologue née ici et qui a fait un travail sur la mémoire du quartier. Il nous propose une liste de contacts incontournables.

Il nous a brossé aussi sa vision prospective des développements majeurs sur les plans économique et technologique déjà en cours à la Seyne où la Cyberbase pourrait jouer un rôle d’incitation à la prospective participative, en proposant des ateliers citoyens autour des grandes mutations en urbanisme. A suivre…

L’ ERIC Cyber-base TPM de La Seyne-sur-Mer Berthe entre en résidence, 3e Jour : Mise en place d’un dispositif de dialogue inter-acteurs et événement de mi-parcours

Cela fait maintenant trois jours que notre équipe est en immersion dans l’ERIC-Cyberbase de Berthe. Nos objectifs: co-concevoir, en lien avec les acteurs concernés, des projets ou dispositifs adaptés aux enjeux actuels des CBB. Les deux premiers jours ont été consacrés  principalement à la découverte de la CBB, de son environnement et de ses acteurs via l’utilisation d’interviews-portraits des animateurs et des représentants de TPM (Toulon Provence Mediterrannée) ou de l’IFAPE.

Hier, notre équipe de designers a voulu donner de la visibilité à la résidence en détournant le lieu par des dispositifs visuels.  Cette installation a davantage suscité l’attention des usagers de la Cyberbase sur notre démarche.

Des objets frontières, instruments de dialogue inter-acteurs

Pour une plus grande implication des usagers dans la résidence, notre groupe se penche sur la question d’« objet-frontières » capables d’instaurer le dialogue entre l’équipe de résidents, les animateurs, les usagers et les partenaires. A partir du matériau tiré des premiers interviews et des observations, un « dispositif impliquant » est mis en place :

  • Une cartographie sociale des inter-relations de la CBB avec son environnement

  • Une googlemap-like représentant la CBB, les associations du quartier, les usagers et les collectivités

Mais aussi :

  • Des portraits d’animateurs sur le mode du « Story-telling »
  • Une synthèse des thématiques abordées depuis le début de la résidence

Ce dispositif  se veut  être un révélateur des problématiques du lieu et des points d’accords et de tensions. L’ objectif: permettre aux résidents d’approfondir le débat sur le futur de la CBB lors d’un mini-évènement organisé à 17 h. Par nature évolutifs, les outils de ce dispositif seront affichés dans l’espace de la CBB et ouverts aux « hacks » des acteurs du lieu qui pourront pendant les trois mois de la résidence enrichir les réflexions et expérimentations.

Nos deux designers dans une logique « quick and dirty » imposée par le timing serré (une journée) se mettent au travail tandis que le reste de l’équipe s’occupe de la communication et de la logistique de l’évènement avec le concours motivé des animateurs.

L’ERIC- Cyberbase de Berthe est de sortie

Le choix du lieu est important. Les résidents avec l’accord des animateurs decident de faire  « sortir la Cyberbase » et d’installer l’évènement à l’extérieur pour un maximum de visibilité. Les cartographies, portraits et « moodboard » sont accrochés sous les arcades, des tables avec nourriture et boissons sont installées . « Just in time », l’ensemble du dispositif est prêt.

Le mini-évènement est une réussite et a rassemblé une vingtaine de personnes :  représentants  de structures  comme Laurent Ciavatti de l’Ifape ou Rosemonde Savi de TPM, des animateurs de plusieurs CBB, des usagers et des habitants de Berthe intéressés. Les portraits des animateurs accrochés aux arcades et la googlemap-like ont constitué des éléments forts de discussions pendant la soirée et ont permis d’ échanger de façon informelle sur le pourquoi et le comment de la résidence.

Après l’évènement, les résidents organisent un « after » pour débriefer et faire émerger  de nouveaux points de reflexion qui pourraient alimenter le workshop du vendredi matin avec les animateurs et les représentants de l’Ifape et de TPM.

L’ ERIC Cyber-base TPM de La Seyne-sur-Mer Berthee entre en résidence, 2e Jour : Premières observations et portraits

Pour ce deuxième jour de résidence dans l’ERIC-Cyberbase de Berthe, le programme est chargé  pour nos  résidents. Après la présentation par Laurent Ciavatti  et notre première prise de contact avec l’équipe d’animateurs, il est temps pour nous de rentrer dans le vif du sujet.

Un contexte social particulier et des problématiques hyper-locales

Tout l’enjeu de notre démarche orientée sur la participation et la collaboration multi-acteurs pour réfléchir aux devenir des ERIC-Cyberbase, doit passer par une implication forte des utilisateurs des services de la CBB. Or, le contexte particulier de cette résidence rend difficile cette approche.

Edifiée à la fin des années 50 dans le sillage de la reconstruction d’après-guerre et de l’activité navale, la cité de Berthe a vécu jusqu’au déclin de celle-ci, à la fin des années 70, en bonne harmonie.  Le départ des classes moyennes vers les quartiers sud de la ville, le chômage, la concentration de populations d’origine immigrée ont progressivement paupérisé la cité.

Emploi, mixité sociale, insertion, développement économique sont des préoccupations très fortes ici. Les usagers, avec lesquels nous avons pu discuter succintement, sont empêtrés dans leurs soucis et ont beaucoup de mal à prendre du recul pour s’impliquer dans le processus. Ils ne voient pas directement le lien entre notre démarche, la CBB et leurs attentes au quotidien. Comment les impliquer, leur permettre de s’exterioriser et d’imaginer un futur pour leur Cyberbase qui serait aussi transposable pour les autres CBB de la Région ? Voilà notre première priorité.

Les résidents sont dans la place

Cette deuxième journée est placée sous le signe de la visibilité de la résidence  et de l’échange avec les animateurs du lieu. Cette étape est un maillon essentiel vers la création d’un climat confiance avec les publics, acteurs indispensables aux réflexions futures et à la co-construction de projets « bottom-up »

La visibilité de la résidence est donc au coeur de nos préoccupation. Nos designers installent une signalétique pour informer les usagers de la résidence en cours. Ils réalisent un marquage au sol, des panneaux d’affichages, des banderoles et une présentation de l’équipe invitant les usagers à échanger avec nous.

L’espace choisi pour installer notre « QG » est délibéremment au coeur de la CBB au milieu des usagers. La transparence est le maître-mot de notre démarche, un rétro-planning est installé sur le mur ainsi qu’un « mur à idées » accessible à tous.

Petits portraits « made in Berthe »

Face à la difficulté des usagers de se « livrer », nous décidons d’aborder les différentes problématiques du lieu avec les animateurs de la CBB à qui Corinne Ielh demande de se raconter.

Plus que de simples animateurs, Chéhrazed, Mohamed, Germinal, Kais et Momo comme on les appelle ici, sont des figures bien connues du quartier et en connaissent  parfaitement les rouages et les habitants.

Entre les aides à la création d’entreprise, les formations multimédias à destination des enfants, personnes agées et demandeurs d’emplois ou le montage de projets autour du numérique, ils écoutent, conseillent et « connectent » les gens entre eux.  Sans leur  soutien « complice », cette résidence serait une mission très difficile voire impossible à mener.

Petits extraits choisis…

Chéhrazed, spécialiste emploi à la Cyberbase

« Jai fait une licence pro en Management des technologies, et jai été en stage ici, à Berthe dès la création de la Cyberbase. Du coup, jai participé au montage du projet et puis jai été embauchée dans la foulée par lIFAPE. »

« On a passé une convention avec le Pôle Emploi depuis avril 09 et qui court jusqu’à avril 2011. En fait, on faisait ça déjà mais de façon informelle et cette convention nous a permis d’être reconnus pour cette mission. » Dans ses ateliers sur la création de cv par exemple, elle accueille 12 personnes au maximum, ce qui lui permet de développer un rapport plus proche avec ses auditeurs. « Les outils et contenus du Pôle-emploi ? Ils me paraissent complètement inadaptés aux besoins de la population de Berthe : on aménage les documents pour les adapter à notre population. »

Seule femme de l’équipe, elle s’assume complètement mais regrette le manque de présence féminine dans l’espace. « Ben, oui, ici je suis la seule femme et il faut bien dire qu’il n’ y en a pas beaucoup dans la cyberbase même si c’est le jour et la nuit par rapport au départ » Pour elle, il faudrait un espace plus convivial, avec un petit salon, du café, un coin plus accueillant pour les faire venir…

Kais Tayari, chef de projet FEDER

Arrivé il y a 6 mois à la cyberbase, Kaîs est chef de projet FEDER (Fond Européen de développement régional) et monte un projet de plateforme web de recherche et d’offres d’emploi type Pôle Emploi. « Le site de Pôle Emploi n’est pas adapté à ceux qui maîtrisent peu l’outil informatique, l’idée est de faire un site plus simple, plus accessible et hyper-local »

Pour lui, les problèmes majeurs que rencontre la cyberbase actuellement sont ceux de la fidélisation des publics et l’image qu’elle renvoie: « Les gens viennent ici, tissent des liens mais ne font rien de plus en dehors. Ils fréquentent l’espace comme une administration, dans une logique one-shot »

La question de la mixité des publics est aussi une de ses préoccupations, «  Il faut faire venir des gens du reste de la ville dans le quartier. A part les personnes envoyées par le Pôle Emploi, il n’ y a personne qui vient d’en dehors du quartier »

Mohamed Boumetloua, spécialisé dans les partenariats et les relations extérieures

Présent sur le quartier de Berthe depuis une dizaine d’années où il a travaillé comme animateur socio-culturel pour l’association Nelson Mandela, Mohamed est aussi animateur dans la cyberbase depuis son ouverture en 2007. Infographiste de formation, ce jeune homme enthousiaste, rêve d’une cyberbase comme d’un véritable centre de ressources où « l’on rentre pour une chose et on en ressort avec 10  »

Très impliqué dans la vie de Berthe, il pense la cyberbase comme une plateforme physique et virtuelle permettant de mettre en contact des personnes qui sans elle ne se seraient jamais rencontrés : entrepreneurs et chercheurs d’emplois, étudiants et personnes agées, hommes et femmes…

L’avenir de la cyberbase, il le voit comme une maison de services avec des formations en e-administration données par le Pôle emploi ou la Caf  voire comme un véritable « centre de formation du numérique »  Mohamed croit beaucoup dans une CBB-mobile « qui se déplace chez les gens » car il pense qu’il y aurait une « forte demande des publics captifs de leurs appartements comme les personnes agées, malades ou handicapées. »

Mohamed Bejaoui, figure emblématique de Berthe et animateur

« Momo » est une figure du quartier de Berthe. Dès 1998, c’est lui qui amene internet dans le quartier en créant un cybercafé. Il a parallèlement travaillé comme animateur spécialisé en informatique dans les écoles. Quand la cyberbase de Berthe a été créé, le choix de son recrutement s’est fait tout naturellement pour l’IFAPE.

« Les activités de la Cyberbase tournent surtout autour de l ’emploi et des retraités : on les initie à l’internet pour la recherche d’emploi, la création de boîtes mail etc , ou encore pour les retraités à la retouche photos ou la rédaction de billets. »

Pour Momo, l’accès à internet  s’est globalement démocratisé. Aujourd’hui, les jeunes ont souvent un ordinateur à la maison mais c’est le problème des compétences et de l’utilisation du numérique qui se pose: « Les jeunes utilisent msn, youtube ou facebook mais lorsqu’ils doivent envoyer un cv par mail, ils sont largués car il ne savent pas créer un cv, certains même utilisent des adresses mail complêtement fantaisistes du type scarface@gmail.com »

La question des femmes et des NTIC est une question compliquée ici: « certaines (agées) ne savent ni lire ni écrire et avant de se servir du numérique, il faut d’abord leur apprendre à parler la langue » Elles ne sont pas pour autant exclues du dispositif: «  on travaille avec les femmes…par ex, pour la retouche de photos, on travaille avec le centre social Nelson Mandela. On préfère aussi passer par des associations, comme Femmes dans la cité. » Pour Momo, il ne faut pas faire des femmes une marchandise du genre : « tiens on va faire des choses juste pour elles ! Faut pas faire de discrimination positive »

La richesse du matériau produit par les portraits va permettre à  nos résidents de mettre en exergue les premières problématiques du lieu, points d’accords et de tensions  et les différentes pistes de réflexions sur ce que pourrait être le futur d’une cyberbase. Au programme demain: Cartographie sociale des acteurs, représentation spatiale de la CBB de Berthe et mini-évènement avec présentation des premières observations.



L’ ERIC Cyber-base TPM de La Seyne-sur-Mer Berthe entre en résidence, 1er Jour: Arrivée et premiers contacts

C’est dans l’ERIC-Cyberbase de Berthe à la Seyne-sur-mer que s’installe la 27e Région et ses résidents composés de Corinne Ielh, Sociologue, Léo Guinard, étudiant en science de l’info-com et Julien Defait, Anaïs Triolaire designers.

Avant d’en venir au pourquoi ou au comment de cette résidence, un topo bref et nécessaire s’impose: Que sont une Cyberbase, un espace publics numériques ou un ERIC (Espaces régionaux internet citoyen)? Il s’agit de labels (NetPublic pour l’Etat, ERIC pour la Région PACA etc…) qui recouvrent une seule et même volonté des pouvoirs publics depuis le développement  d’internet : celle de lutter contre la fracture numérique via des structures d’accueils adaptées. Leurs missions: initier et aider les citoyens dans leurs pratiques du numérique.

Dans les années 2000, la problématique principale de ces Espaces publics numériques etait de permettre aux populations un accès le plus large possible aux technologies avec la mise à disposition des outils nécessaires comme des ordinateurs, des connexions internet. Avec le développement extraordinaire de la Société de l’information et la démocratisation de l’usage d’internet la donne a changé. Cela implique une nécessaire remise en cause des approches et des missions de ces espaces.

Les objectif de la résidence ?

– Co-esquisser  avec les collectivités, associations de quartier, animateurs et publics-usagers, le futur de ces espaces publics numériques.

-Expérimenter de nouvelles pistes plus en phase avec les  désirs et  besoins de ses utilisateurs.

-Essaimer les pistes dégagées dans  cette résidence  dans d’autres espaces ERIC de la région.

Présentation de l’ERIC-Cyberbase de Berthe et contexte de la résidence

Dès notre arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par l’équipe composée de quatre animateurs et un chef de projet. Nous sommes ensuite reçus par Laurent Ciavatti, coordinateur des ERIC-Cyberbases pour l’IFAPE (Association spécialisée dans la formation, l’emploi, l’éducation qui regroupe 5 Cyberbases dont celle de Berthe) Il nous présentent la Cité de Berthe, la  « CBB »  ( pour Cyberbase) et ses missions.

La CBB est implanté au coeur de la cité de Berthe à  la périphérie de la Seyne-sur-Mer. Crée en 2007, grâce au soutient fort de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, Toulon Provence Mediterrannée (TPM), la Caisse des dépôts et consignations et l’IFAPE. Cette CBB est la deuxième de France par sa superficie et son parc d’ordinateurs.

« Dans un quartier en pleine réhabilitation où vivent plus de 2000 habitants dont 40% au chomage, les missions de la CBB vont au delà de la simple initiation au numérique et à internet. » Pour Laurent Ciavatti, « emploi et développement économique via les TIC sont aujourd’hui  deux vecteurs forts du redéploiement du rôle des ERIC sur les territoires .» La CBB développe toute une série d’ateliers  transversaux « e-emploi » et « e-entreprise » qui vont de la prise en main de systèmes d’exploitation comme Windows jusqu’à la réponse à un appel d’offre en ligne, en passant par l’utilisation de suites bureautiques.

L’exemple du projet E-tpme est emblématique de cette nouvelle politique « du faire émerger, les entrepreneurs qui s’ignorent. » Ce projet mené par la CBB se veut un accompagnement de micro-projets un appui à la fois technique, stratégique et relationnel pour les tpe et pme, sur la zone. Dans les « tuyaux » de l’IFAPE, d’autres projets sont en cours: un projet de micro-crédit en partenariat avec Planète Finance ou encore le projet d’une plateforme web pour favoriser la rencontre entre demandeurs d’emplois et entrepreneurs sur Berthe.

Il reste pour Laurent Ciavatti des manques à combler comme, entre autres, le problème de la mixité des usagers, le manque de liens entre les associations du quartier ou le problème de la visibilité  des lieux et des actions de la CBB.

Le reste de la journée est consacré à l’installation physique de nos résidents au sein de la CBB, à la prise de rendez-vous avec les animateurs et aux premiers contacts informels avec les publics.

Jeudi : expérimentation « carte perso » et premier passage de témoin

Le fond de carte que nous avions préparé est imprimé et les étiquettes autocollantes en forme de bulle sont découpées. Avec ce matériel sommaire, nous partons aux quatres coins de la Maison des associations faire tester l’idée de carte personnelle. Chaque personne rencontrée est invitée à coller des bulles où bon lui semble et à commenter l’endroit ainsi pointé. Nous expliquons simplement que ce document est anonyme et peut être rendu publique. Libre à chacun d’écrire ce qu’il veut sur la carte de « sa » ville.

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Le but de l’expérimentation est de mettre en pratique l’idée selon laquelle l’individu participant à un réseau social local pourrait se présenter à l’aide d’une carte de sa ville
personnalisée. Nous reprenons ici l’un des scénarios proposés en deuxième semaine de résidence : « plus qu’un profil personnel, ma façon de vivre le territoire ».
Quels seront les usages que les personnes feront faire de ces cartes ? Echanger des infos, des souvenirs, des bons coins, des critiques… ? Est-ce des images/ souvenirs  d’eux, des invitations à changer un truc dans la rue, une adresse publique… ?

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Nous avons collecté ainsi 16 cartes.

Passage de témoin à la ville

Le temps d’un café, nous retrouvons Richard Delogu (Bug) et Sébastien Séméril, élu de la ville de Rennes. Nous focalisons l’entretien sur les propositions ayant trait au rôle de la Ville dans la réussite d’un réseau social local. Nous expliquons pourquoi et comment il appartient à la Ville de donner une place au réseau en ligne dans l’espace public réel. Nous nous servons de nos dernières expérimentations (affiche la Ruche, « pochoirs de mémoire ») comme autant d’exemples pour rappeler que cela ne prend pas obligatoirement la forme d’écrans géants interactifs et imaginer ensemble ce qui pourrait être fait dès demain. Après quelques idées lancées, conclusion est faite qu’une parution régulière sur une page du Rennais (le magazine municipal) serait intéressante et faisable rapidement. Le poste d’animateur de la Ruche, nécessaire pour une telle action, va bientôt prendre place et l’idée en elle-même semble pouvoir convaincre les différents responsables. Le projet est entre les mains de la Ruche et de la Ville de Rennes !

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Les bulles publiques s'affichent dans le magazine municipal le Rennais