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L’ ERIC Cyber-base TPM de La Seyne-sur-Mer Berthe entre en résidence, 1er Jour: Arrivée et premiers contacts

C’est dans l’ERIC-Cyberbase de Berthe à la Seyne-sur-mer que s’installe la 27e Région et ses résidents composés de Corinne Ielh, Sociologue, Léo Guinard, étudiant en science de l’info-com et Julien Defait, Anaïs Triolaire designers.

Avant d’en venir au pourquoi ou au comment de cette résidence, un topo bref et nécessaire s’impose: Que sont une Cyberbase, un espace publics numériques ou un ERIC (Espaces régionaux internet citoyen)? Il s’agit de labels (NetPublic pour l’Etat, ERIC pour la Région PACA etc…) qui recouvrent une seule et même volonté des pouvoirs publics depuis le développement  d’internet : celle de lutter contre la fracture numérique via des structures d’accueils adaptées. Leurs missions: initier et aider les citoyens dans leurs pratiques du numérique.

Dans les années 2000, la problématique principale de ces Espaces publics numériques etait de permettre aux populations un accès le plus large possible aux technologies avec la mise à disposition des outils nécessaires comme des ordinateurs, des connexions internet. Avec le développement extraordinaire de la Société de l’information et la démocratisation de l’usage d’internet la donne a changé. Cela implique une nécessaire remise en cause des approches et des missions de ces espaces.

Les objectif de la résidence ?

– Co-esquisser  avec les collectivités, associations de quartier, animateurs et publics-usagers, le futur de ces espaces publics numériques.

-Expérimenter de nouvelles pistes plus en phase avec les  désirs et  besoins de ses utilisateurs.

-Essaimer les pistes dégagées dans  cette résidence  dans d’autres espaces ERIC de la région.

Présentation de l’ERIC-Cyberbase de Berthe et contexte de la résidence

Dès notre arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par l’équipe composée de quatre animateurs et un chef de projet. Nous sommes ensuite reçus par Laurent Ciavatti, coordinateur des ERIC-Cyberbases pour l’IFAPE (Association spécialisée dans la formation, l’emploi, l’éducation qui regroupe 5 Cyberbases dont celle de Berthe) Il nous présentent la Cité de Berthe, la  « CBB »  ( pour Cyberbase) et ses missions.

La CBB est implanté au coeur de la cité de Berthe à  la périphérie de la Seyne-sur-Mer. Crée en 2007, grâce au soutient fort de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, Toulon Provence Mediterrannée (TPM), la Caisse des dépôts et consignations et l’IFAPE. Cette CBB est la deuxième de France par sa superficie et son parc d’ordinateurs.

« Dans un quartier en pleine réhabilitation où vivent plus de 2000 habitants dont 40% au chomage, les missions de la CBB vont au delà de la simple initiation au numérique et à internet. » Pour Laurent Ciavatti, « emploi et développement économique via les TIC sont aujourd’hui  deux vecteurs forts du redéploiement du rôle des ERIC sur les territoires .» La CBB développe toute une série d’ateliers  transversaux « e-emploi » et « e-entreprise » qui vont de la prise en main de systèmes d’exploitation comme Windows jusqu’à la réponse à un appel d’offre en ligne, en passant par l’utilisation de suites bureautiques.

L’exemple du projet E-tpme est emblématique de cette nouvelle politique « du faire émerger, les entrepreneurs qui s’ignorent. » Ce projet mené par la CBB se veut un accompagnement de micro-projets un appui à la fois technique, stratégique et relationnel pour les tpe et pme, sur la zone. Dans les « tuyaux » de l’IFAPE, d’autres projets sont en cours: un projet de micro-crédit en partenariat avec Planète Finance ou encore le projet d’une plateforme web pour favoriser la rencontre entre demandeurs d’emplois et entrepreneurs sur Berthe.

Il reste pour Laurent Ciavatti des manques à combler comme, entre autres, le problème de la mixité des usagers, le manque de liens entre les associations du quartier ou le problème de la visibilité  des lieux et des actions de la CBB.

Le reste de la journée est consacré à l’installation physique de nos résidents au sein de la CBB, à la prise de rendez-vous avec les animateurs et aux premiers contacts informels avec les publics.

La gare rurale de demain, première visite

Nous étions le 11 février, en visite dans trois gares de Bourgogne pour évaluer le potentiel d’une future résidence autour du sujet de la gare rurale. les photos de la journée sont visibles ici.

Romain Thévenet était présent pour la 27e Région, accompagné de Adrien Demay, designer, de Pierre Gaudin et Laurent Jacobi, consultants en créativité, et de Mihaela Bonescu chercheuse à l’université de Dijon.

Un partenariat est établi avec la Région Bourgogne et la SNCF, et pour cette pré-visite nous avions choisis ensemble de visiter trois gares sur la même ligne: la ligne de Laroche Migennes à Corbigny.

La matinée commence par une première expérience imprévue. Trop absorbés par nos échanges avec Luc Fousset , mandaté par la SNCF/activité Gares et Connexion pour être notre guide pour la journée, nous sommes montés dans le mauvais wagon du train pour Corbigny.

Nous nous sommes ainsi retrouvé à Avallon, à 40 kilomètre de notre destination!

Le train se sépare en deux à Cravant Bazarnes, et nous n’étions pas dans la bonne partie du train…

Corbigny, le bout de la ligne

Un taxi nous emmène finalement à Corbigny pour rattraper le programme de la journée. Nous sommes accueillis par Isabelle Monmasson et Laurianne Legeay du comité de développement du Pays Nivernais Morvan, et Patrick Marmion, adjoint au maire de Corbigny et président de l’Office du tourisme.

Ils nous brossent rapidement le portrait de cette gare de « bout de ligne ». Corbigny est un terminus rural assez particulier, probablement la plus petite commune dont le nom est annoncé dès le départ de Paris.

Il n’y a actuellement plus que 2 trains par jours. Un qui part le matin, un qui arrive le soir (on peut habiter à Corbigny, mais pas venir pour y travailler…) Ils transportent environ 5 voyageurs par jour l’hiver, et 3 à 4 fois plus l’été.

Un bus complète cette offre avec un trajet 6 fois par jour qui permet de relier les différentes communes entre Corbigny et Clamecy. Nous avons le sentiment que la gare est « sous perfusion », et mesurons la volonté locale nécessaire pour réussir à maintenir ce service de proximité.

Même la Sncf a déserté la gare, et en sous-traite la gestion à la filiale VFLI. Il reste également encore un peu de fret pour transporter les production locales : du bois et des pierres.

Nous avons eu peu de contact avec les agents de gare sur place dont l’information relative à notre passage ne leur était pas parvenue.

Au final on se rend compte de la richesse d’acteurs et d’événements à Corbigny (notamment avec l’Abbaye de Corbigny, une résidence d’artistes permanents), mais l’on mesure aussi les difficultés de cette gare délaissée.

Si l’on considère l’évolution des transports ferrés en milieu rural, dans un scénario noir, on peut considérer que cette Gare a 20 ans d’avance. La Sncf s’est désengagée, est ce que cela va devenir une norme ? Elle reste propriétaire des bâtiments, mais pour elle, son action s’arrête à Clamecy. Y a-t-il une opportunité à prendre en compte cette évolution possible pour considérer la gare comme étant autre chose qu’un lieu d’accueil pour les voyageurs en train?

Clamecy, pour combien de temps?

La suite de la visite s’effectue en bus sur la ligne Corbigny Clamecy. A part nous il n’y a personne à cette heure-ci. Deux à trois voyageurs montent dans le bus lorsque nous descendons à Clamecy.

Ici par contre le personnel est au courant de notre visite. Ce sont des salariés SNCF, et ils ont pu être prévenus par leur établissement. Alain nous fait visiter et nous raconte leur quotidien.

A Clamecy, il y a jusqu’à 40 voyageurs par jour l’été. La gare est beaucoup plus active qu’à Corbigny avec 8 trains par jour. C’est une gare rurale mais il y a encore, par exemple, un guichet pour acheter ses billets.

Même si la gare est active, on sent le ralentissement. Un train a été encore supprimé cette année. L’aiguilleur nous confie son ennui: la séparation des compétences à la SNCF depuis le 1er janvier empêche la souplesse des cheminots. Par exemple un  chef de gare ne peut plus vendre au guichet. Pour lui « Il n’y a pas assez de travail, on s’ennuie et ça donne une image négative auprès des usagers »

Nous sommes là dans une gare en transition, « elle bouge encore ». La question qui nous taraude pourtant est « pour combien de temps? » La personne qui est encore au guichet part bientôt à la retraite, sera-t-elle remplacée? Combien de trains vont-ils être encore supprimés? Après Corbigny est-ce que Clamecy sera bientôt, elle aussi, réduite au minimum?

Le train qui nous emmène à Auxerre nous permet de faire le point avec l’équipe. Ces nouvelles rames financées par le conseil régional sont de vrais espaces de travail, avec tables à quatre, et alimentation électrique. A cet instant, nous entrevoyons la possibilité de faire la résidence directement dans le wagon…

Auxerre, une petite gare immense

Nous sommes accueillis par Benoit Vo-Dinh, qui nous présente la gare et l’équipe présente. Auxerre est définitivement une gare en mutation.

Les gens que nous rencontrons ont la responsabilité des trains circulant en gare d’Auxerre, mais également sur la ligne jusqu’à Clamecy, ce qui nous permet de mettre en perspective les discussions du début de journée.

Benoît nous explique que malgré sa taille, cette gare est limitée dans son développement. Par une bizarrerie historique, il n’existe qu’une seule voie entre Auxerre et Laroche Migennes pour relier Paris. Ce qui implique qu’un seul train passe à la fois dans les deux sens. La fréquence des trains entre Auxerre et Paris est à son maximum. Le développement de la gare est donc suspendu à la construction d’une deuxième voie.

Cette gare n’est pas réellement une gare rurale, puisqu’au Auxerre est une ville assez active, mais c’est réellement une gare de seconde zone qui pourrait tourner avec seulement trois salariés. Les opportunités de cette gare sont donc liées à ce dynamisme qui fait d’elle une gare de « très grande banlieue » puisqu’elle est directement connectée à Paris.

Après cette journée riche et passionnante, différents sujets apparaissent:

Trois échelles de gares sur la même ligne

La visite sur cette même ligne, donne l’impression de « zoomer » dans la configuration de ces gares. On pourrait dire également qu’on a trois gares à différents stades de périclitation (ou de maturation?). Ce qui nous fait évoquer la possibilité d’une résidence sur la ligne, plus que sur une gare en particulier, et sur les connexions entre elles.

Le premier étage des gares, des bâtiments pleins de potentiel

Les anciens logements de cheminots, que nous avons pu visiter dans ces gares apparaissent comme étant tous les mêmes dans de nombreuses gares. Que faire de tous ces « premiers étages » promis à la décrépitude ?

Pour cette résidence, c’est la direction « Gare et Connexions » de la Sncf qui nous accompagne. La problématique serait certainement intéressante pour eux, et un prétexte pour envisager l’évolution des gares rurales.

La connexion à Paris, un sujet en tant que tel ?

Il y a aujourd’hui beaucoup de Parisiens qui utilisent cette ligne. Nous avons pu souligner également l’importance des trains du dimanche soir, du lundi matin et du vendredi soir pour ces « résidents pendulaires » qui vivent en Bourgogne et travaillent à Paris. (Ce qui n’est pas sans rappeler un des scénarios de prospective du SRADT)

Cette connexion permet également un afflux de touristes l’été qui arrivent directement de la capitale. Corbigny est « certainement la plus petite gare, directement connectée à Paris » mais est-ce vraiment significatif, quand on pense qu’il faut plus de 4 heures pour aller à Paris? Certains préfèrent prendre leur voiture pour aller à la gare de Montbard.

Peut on miser sur un développement ferroviaire de ces gare?

La gare d’Auxerre est promise à un développement potentiel avec la construction de la deuxième voie, mais quid des deux autres, qui sont plutôt elles, en régression?

Difficulté tangible des cheminots

Un autre sujet pourrait être de travailler directement au contact des salariés Sncf qui avouent qu’il n’y a pas assez d’action. Dans quelle mesure est ce qu’ils peuvent offrir d’autres services? Qu’est ce que la gare doit devenir pour qu’ils retrouvent leur rôle de médiation?

Autant de sujets qui s’annoncent riches et passionnants. Pourtant, nous ne pourrons pas traiter correctement toutes ces questions en seulement trois semaines. Nous allons commencer par choisir, avec l’équipe et les partenaires, une seule gare pour la résidence. Puis nous programmerons une autre visite, afin de préciser encore le sujet de l’expérimentation. L’idée étant, comme dans chacune des résidences, d’attaquer le vaste sujet de « la gare rurale de demain » par la transformation locale, et la réalisation de projets concrets. Cette première visite est, en tout cas, prometteuse pour la suite de la résidence!

Quel désir de « local » pour le numérique?

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Au programme de cette matinée du jour des enfants:

– Tout d’abord un débriefing de notre courte présentation publique de la veille.

Cet accrochage sommaire et volontairement simple dans la cafétéria de la Maison des Associations nous a permis d’engager de nouvelles discussions techniques et théoriques avec BUG. Notamment chercher à faire coïncider au mieux notre résidence avec l’action du futur chargé de mission que va recruter l’association dont l’une des missions sera de coordonner et d’animer non seulement la Ruche mais également le projet d’un wiki Rennes.

– Enfin, nous avons pris un temps d’écriture pour mettre au clair nos perspectives d’action/réflexion. A la recherche d’une définition de la Ruche… où le « social » ne serait pas un seulement un mot galvaudé et où les possibilités d’échange éviteraient le spectre « facebookien » du seul lien faible.
Aider à ce que cette initiative centrée sur une technologie ne prenne pas la technologie comme seule raison d’être. Pour cela, nous souhaitons imaginer en collaboration avec BUG les outils évènements, rencontres, affichages publiques) qui permettraient de dynamiser, motiver cette communauté virtuelle (actuelle et à venir).

Quels outils?

– Des options sur le site (plus précisément la carte de la page d’ouverture) qui allieraient une possibilité de géo-localisation, de présentation d’évènements (désir des associations) mais aussi une invitation à ajouter des infos sensibles et subjectives des habitants et leur suggestion. Ce qui permettrait de rendre sensible dès la première page du site, l’esprit de co-construction de La Ruche et pour mettre en évidence le potentiel d’une géo-localisation de proximité, « locale ».

– Inventer des évènements « ruchiens » qui seraient à cheval entre les Apéruches (déjà mis en place avec le CRES l’année passée avec cette qualité des thématiques abordées) et des propositions plus ouvertes, hybrides, festives. Pourquoi pas la fête annuelle des cyber-pôles où chacun amène son avatar de la Ruche ou encore des actions collectives urbaines initiées par des artistes ou « activistes de la ruche »ou …
La liste est à inventer, compléter ensemble…P1030935

Quel désir de « local » possible pour le numérique?

Pour avoir quelques pistes pour enrichir cette liste et pour que ces perspectives restent ancrées dans les pratiques et envies des rennais, nous sommes allés visiter le Forum du Landrel (Blosne, quartier sud de rennes étiqueté « à problème »). Nous avions pris rendez-vous avec Yassin, l’animateur du pôle multimédia, que nous avions rencontrés brièvement lors de notre journée de repérage.
Il nous a présenté le pôle et introduit à la dizaine d’enfants agglutiné autour des écrans.

Nous circulons un moment, avec deux jeunes filles, sur le site de la Ruche, immédiatement elles posent la souris sur la carte et cherche le quartier du Blosne,comme pour vérifier qu’il existait bien sur cette carte de Rennes. Comme on regarde sa photo perso. Elle découvre que leur centre est inscrit sur la ruche, mais que sur la « fiche complète » rien n’est écrit d’autre que ce qu’elles savent déjà…

Pour que le réseau puisse affirmé sa qualification de « social », nous avons souhaité rencontrer les autres animateurs de quartier/de rue qui travaillent au Forum et utilisent de temps en temps le pôle multimédia.
Quelle possibilité voient-ils pour un réseau comme la Ruche dans leur pratique d’animateurs et pour la vie du quartier ?P1030931
Ferdinand, animateur de la maison de quartier, nous donne quelques pistes mais avoue ne pas réussir à « imaginer la force d’un réseau local »
Quelques pistes:

– lien entre la ville d’habitation (Rennes) et le pays (ville) d’origine pour les populations immigrées. En effet, le multimédia peut aider à nourrir les échanges avec le pays d’origine. (Valoriser sa culture, se sentir proche par vidéo conférence, partager un moment collectif, cuisine etc…)

– renforcer la visibilité des actions du centre

Au Triangle, dans le quartier du Blosne

Au Triangle, dans le quartier du Blosne

16h Visite de l’atelier urbain du Blosnes (lieu de concertation publique pour la requalification du quartier du Blosnes)

Rencontre avec la personne chargée des micro animations de concertation auprès d’enfants et adultes du Quartier. Elle nous confie que l’outil internet pourrait être davantage utilisé pour cette concertation qui concerne la ville (forum, visualisations..) mais qu’elle n’a pas la compétence pour le mettre en place.

La ruche nous apparaît comme une plateforme où il serait pertinent de rendre publique des impressions, des souvenirs des rennais et où l’on pourrait y échanger des avis concernant ces projets urbains. La carte apparaît encore comme un outil pertinent qui permettrait de localiser les lieux de la ville « débat »,les « zones » à re / penser collectivement.
Sorte de « journal de quartier » sans texte mais intuitif et évolutif qui susciterait aux rennais l’envie de participer aux groupes de discussions que propose la Ruche.P1030897