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Rencontre avec 4 jeunes utilisateurs de la Cyber Base de Cenon

Un coup d’œil dans la salle de la Cyber Base, quatre jeunes adolescents sont installés derrière les postes du fond. L’un accepte de suite un petit entretien, intéressé. Il interpelle à son tour ses copains. « Allez venez parler les amis ! Faites pas les timides ! »
Les 3 garçons et la jeune fille, tous âgés de 14 ans en classe de 5ème et de 4ème au Collège Jean Zay, se prêtent à l’échange pour nous faire découvrir leurs pratiques aussi denses qu’insaisissables. Ils habitent les tours voisines « on se connaît de la Cité, enfin du quartier. »

Garçon.ordi
Génération web 2.0

Chacun a créé son ou ses Blogs, activité-passion qu’ils partagent avec nombre de leurs camarades collégiens.

« On est plus de la moitié à faire des blogs dans la classe. Enfin tous sauf ceux qui n’ont pas Internet chez eux. »

« Je mets des photos et des images et des chansons. Parfois c’est des photos d’Internet ou des photos qu’on a fait aussi. »

« On partage ce qu’on aime… nos goûts. Mais on ne met pas nos petits secrets. »

« Moi j’en ai plein [de blogs], mais il y en a que 2 que j’aime bien. Il y en a un qui parle de ma vie et le 2ème c’est Bordeaux.
La ville ?
Non, l’équipe de Bordeaux ! Eh : Bordeaux en force ! ».

« Ils sont sur Skyblog nos blogs. Tout le monde a ça c’est plus facile. »

Faire son blog avec ses copains

Faire son blog avec ses copains

Le rôle du blog semble paradoxal : ils « publient » et pourtant n’aimeraient pas que l’on rende public leur blog… La question de l’adresse et du destinataire semble assez complexe. Justement jeudi après-midi, lors de la restitution de l’enquête “Construire la rive droite numérique” d’Amar Lakel, Maître de conférence en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Bordeaux 3, et Houda Benabdeljalil, Chargée d’études, nous avons eu l’occasion d’en découvrir un éclairage et d’en débattre, et nous espérons pouvoir bientôt publier ici un lien vers leur travail.

L’un développe à la fois « un facebook et un blog sur le crashtreck et le speed way [course de motos]. C’est mon grand père qui me fait découvrir ça. Et comme j’aimais la mécanique… et ouais voilà, [je le complète] quand j‘ai le temps. Je veux être mécanicien.» « Sur facebook je discute avec des coureurs, avec des amis… »

Son blog sur le crashtreck et le speed way

Son blog sur le crashtreck et le speed way

« On va sur MSN beaucoup mais on n’a pas le droit ici. »

« Sinon on va sur Habbo et tout… Tchat ado, facebook [hésitant dans la prononciation], Tchat énergie un truc comme ça… »

Se connecter, seul ou à plusieurs

Tous équipés chez eux d’ordinateurs et connectés à Internet, ils viennent pourtant très régulièrement à la Cyber Base pour jouer et échanger en groupe.  « Ici on est tranquilles au moins ».  D’ailleurs ils ont un autre lieu de repli, le centre social.

Lorsque je leur demande combien de temps ils passent sur internet, cela semble difficile à évaluer. Ils ne sont pas tous d’accord :

« 6 heures par jour tous les jours » dit un premier,  « Non ça va pas toi… » lui rétorque un second. « En fait, je crois 2/3 heures par jour. » « C’est pas autant pendant l’école. » « Moi j’ai pas le droit d’y aller le soir. » « Comme ça ferme à 6h on n’a pas  trop le temps. Mais quand on sort à 3h ou 4h [du collège] on vient. » « On ne peut pas être tous ensemble chez nous. »

Une pratique de groupe

Une pratique de groupe

Alors les lieux collectifs permettent de jouer, d’échanger à plusieurs. Ils ont même tenu un blog collectif, et ont fini par le laisser. Loisir, activité collective, occupation ( « On est tout le temps dehors sinon, quand c’est fermé [la cyberbase]. »), moyen de communication, lieu de développement de l’identité et de développement de liens particulier, l’accès à la cyberbase et les connections qu’elle suscitent semble primordiale pour eux.

Apprentissage et liens générationnels

Ils ont tous appris chez eux, même si pour certains, l’école leur a aussi servi de lieu d’apprentissage.

« Moi au début à l’école et après tout seul chez moi.»

Dans le précédent collège de la jeune fille, l’accès à Internet au collège a été arrêté en cours d‘année. « Il y a eu une baston avec 2 collèges parce qu’il y a eu des blogs qui traitaient sur les autres. Il y  a eu des couteaux et tout. Maintenant on n’a plus le droit d’aller sur Internet. Des fois juste, on a des exposés à faire à l’école avec Internet. » On imagine alors la difficulté des établissements scolaires à se positionner par rapport à l’outil.
Leurs parents utilisent tous le net : MSN principalement, mais aussi Skyblog et des jeux.

« Mon père, il fait que jouer à un jeu débile avec des châteaux fort et des flèches. Un vieux jeu. »

La jeune fille navigue régulièrement sur le blog familial lancé par une cousine et une tante qui relate événements et publie des photos… Pourtant, ils ne partagent pas leurs blogs avec leurs parents, surtout ceux qui traitent davantage de la vie quotidienne. Ceux-là s’adressent à leur proches amis, et à « leurs amis » (entre 30 et 50) qu’ils connaissent tous de l’école, du quartier, du club de sport, ce sont aussi des cousins. Quelques fois 1 ou 2 personnes extérieures les sollicitent, ils semblent alors méfiants et n’accepte pas toujours la proposition.

Lorsque je leur demande ce qu’ils aimeraient apprendre sur l’ordinateur a priori ce n’est pas la priorité : « On sait presque tout … presque. Les adultes, ils ont plus de trucs, donc ils ont besoin d’apprendre pour aller sur leur compte ou quoi….. Nous on est la nouvelle génération ! Si je voulais apprendre pour faire des montages de photos, mais bon là ça y est, j’ai trouvé… »

Enjeux complexes d’intégration de la jeunesse comme utilisateurs essentiels du numérique sur le territoire.

Voilà une rencontre qui donne envie d’aller plus loin dans la découverte de ces pratiques foisonnantes qui semblent dépasser nombre d’acteurs institutionnels (éducation nationale, médiathèques, centre sociaux, mairie…) ! La charte de la Marie de Cenon sur l’utilisation d’Internet par les mineurs semble vouloir cadrer ces pratiques sans pour autant maîtriser leurs enjeux. Chacun des protagonistes rencontrés se pose la question de leur évolution, tout en assurant l’importance du cadre. Au-delà, les pratiques des enfants semblent évoluer rapidement, avec l’âge (ils se lassent vite) comme avec l’apparition de nouveaux outils.
En remerciant vivement nos 4 internautes que nous retrouverons certainement sur le Net ou lors de notre prochain passage.

Rencontre avec Eric Plamondon de Cenon Hebdo

Eric habite à Cenon depuis 6 ans et travaille beaucoup avec les nouvelles technologies dans le cadre de son travail. Le blog local qu’il a lancé était l’aboutissement d’une réflexion liée à son goût pour les médias locaux et à la fois une bouteille à la mer, afin de tester les réactions à ce projet et susciter des collaborations.

« Mon blog est une envie de découvrir mon propre territoire… »

De nombreux projets de billets, de reportages n’ont pas aboutis à ce jour car le goût ne suffit pas, il faut aussi trouver le temps.

« J’aimerai bien une fois par semaine rencontrer un asso d’ici et publier un billet sur eux dans mon blog… »

Mais pour lui, il y a une place pour un « journal des voisins » entre SudOuest et le magazine municipal, parce que les gens aiment discuter de leur quotidien et de ce qu’il s’y passe.

Cenon sur le web, on est d’accord, il y a le site de la mairie et c’est tout… »

« J’ai senti qu’il y avait une place pour quelque choses comme ça ici (un média très local et participatif). »
« L’ambition de mon blog, c’est un peu d’être entre Sud Ouest et la Mairie. »

Mais de reconnaître que la pratique locale de l’information demande du temps, de l’énergie, de l’animation. Sans compter que pour passer le cap, il faudrait réussir à passer rapidement sur un mode collaboratif, plus difficile à atteindre. Le goût pour le média local ne suffit pas..

Eric participe également d’un autre blog, celui d’une association de parents d’élèves. Mais il ne connaît pas beaucoup de Cenonais branchés, plus des consommateurs que des acteurs et les pratiques, même de listes de discussion, ne sont pas toujours très affinées, ce qui ralentie les possibilités de communications entre personnes aux niveaux de pratiques différents.

« La réalité du numérique, c’est que s’il n’y a pas une personne payée 35 heures par semaine pour vous le faire, personne n’y va… »

Sa pratique internet locale est assez active, notamment pour chercher de l’information (évènements, associations, magasin, spectacles…). Pour lui, l’internet est le principal lieu pour se documenter sur le territoire, mais cette pratique se révèle vite assez déceptive vis-à-vis de ce qu’il trouve (manque d’offres de loisirs en ligne, pas d’agenda suffisamment complet et « plaisant »). Il l’utilise pour faire de l’achat (musique, livres) et consulter de la presse (surtout nationale, hormis SudOuest). Il utilise aussi les petites annonces sur l’internet (LeBonCoin.fr) pour trouver des produits que les gens vendent localement.

« Pour arriver à comprendre ce que les gens font sur le web local, il faudrait arriver à comprendre ce que les gens en retirent… »

Sur la rive droite, premier jour

Traverser la Garonne
Nous allons de l’autre côté de la Garonne, dans cet espace qui n’est pas répertorié sur les cartes touristiques que l’on trouve sur à l’Office du tourisme de la Gare Saint-Jean à Bordeaux. Cet espace dont même le concierge de notre hôtel – un hôtel pour VRP en bordure d’autoroute – nous met en garde : « attention, ne prenez pas le tram, vous allez vous faire dépouiller ». Ce n’est pas ce qu’on trouve pourtant sur ce territoire, à l’identité contrastée et en grande redéfinition. Bien sûr, nous sommes sur la rive droite, « celle d’en face », forcément moins prestigieuse que le centre ancien de Bordeaux. Pourtant, le territoire est plus contrasté et complexe qu’on ne nous l’avait parfois décrit. Des vieilles maisons de pierres du bord de la Garonne, à une banlieue en grande partie pavillonnaire qui s’étend sur les derniers coteaux de la Gironde, aux quelques barres d’immeubles que l’on trouve sur le plateau et surtout à une activité intense de constructions plus modernes qui parsèment le paysage d’innombrables chantiers et de logements neufs de tout standing. Un tram tout neuf traverse en boucle cet espace depuis peu, dont chaque rame est déjà étonnement bondé et ravi. La rive droite ne ressemble pas à la représentation que les bordelais en ont. Comme souvent.

cenonbanniere

Cyber point de base

Nous nous installons dans la cyber base de Cenon, situé à la Maison des associations, l‘un des 9 espaces d’accès publics que l’on trouve sur de la rive droite. Nous y rencontrons l’équipe d’animateurs qui s’occupent de cet espace, dont François Vergnon, le directeur de l’espace, qui nous explique ses spécificités et ses difficultés, qui nous ouvre son agenda et nous met à disposition un espace pour travailler.

GPV

La Cyberbase de Cenon est un équipement assez récent qui fait d’une manière assez traditionnelle de l’accueil multimédia et des ateliers de formation, notamment auprès de population plutôt non connectée et surtout âgée (même si la Cyber base accueille tous les publics et notamment quelques scolaires). Bien évidemment, reconnait d’ailleurs son directeur, les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés : la cyberbase a du mal à valoriser et faire connaître ses actions et les acteurs ont du mal à avoir une cartographie claire et complète des points d’accès, de ce qu’il se passe sur le territoire numérique.

GPV

Malgré quelques difficultés de connexion, nous passons l’après-midi à caler des rendez-vous et à commencer l’exploration numérique du territoire. Nous commençons à imaginer des premiers prototypes. Nous calons pour demain 17h, une réunion de présentation de notre travail. La semaine n’a pas même commencé que nous devons déjà montrer ce que nous allons faire… Alors que nous n’avons encore rien en main. Nous imaginons déjà un outil pour valoriser le web local dans toute sa diversité sous la forme d’un concours permanent permettant de mettre en avant toutes les formes de créativité en ligne local (photos, vidéos, blogs, sites d’entreprise…). Nous esquissons de premières cartographies pour mettre en avant acteurs et verbatim que nous tentons de recueillir. Nous mettons de côté un outil pour engranger des ressources numériques que nous allons être amenés à découvrirNous esquissons une piste sur Facebook pour tenter de recueillir des témoignages en ligne

Retour à l’hôtel à point d’heure. Tiens, il faudrait que la 27e Région face un partenariat avec Gites de France, pour que la proximité des résidences s’accorde sur le fond et la forme.

Hubert pour l’équipe (Fanny, Denis, Mattieu et Romain pour ce premier jour).

Débarquement sur la Rive droite

Préparation de la résidence à Paris

Une première journée de visite, suivie d’une semaine de préparation ont permis aux résidents de lancer la résidence de la Rive droite de Bordeaux. Leur port d’attache sera la Cyber-base de Cenon. Retrouvez dès demain, leur carnet de bord, jour après jour.

L’équipe de résidents :
Matthieu Savary, designer, USER STUDIO
Fanny Herbert, Sociologie & espace public, AFU
Laura Pandelle, étudiante, Ensci – les Ateliers
Hubert Guillaud, Journaliste, internetactu.net
Romain Thévenet, Chargé de mission design de service, la 27e Région
Denis Pellerin, designer, USER STUDIO