Nous touchons à la fin de la résidence de la 27e Région au lycée Gabriel Fauré d’Annecy. C’est l’heure d’un premier bilan sur les réalisations et sur la poursuite des projets au-delà de la résidence.
Le kit de speed dating
La première réalisation des résidents consiste en un kit de speed dating pour lycéens. Il contient des t-shirts pour le staff, un sifflet, un chronomètre, des plots, une ligne de démarcation, un fanion et un mode d’emploi. Il est mis à disposition des élèves dans le bureau de la vie scolaire de l’internat. Les objets ont en eux-mêmes un fort pouvoir de transmission. La matérialité du kit devrait favoriser l’appropriation de l’idée du speed dating par les élèves et le personnel du lycée. C’est en soi un dispositif très simple, et le kit permet de le mettre en place en un clin d’œil à la récréation ou à la pause déjeuner. C’est l’exemple parfait du type de micro action que nous préconisons.
Le projet de signalétique poétique et critique
Le projet de signalétique poétique a été prototypé et testé avec une classe et son professeur de français. Lors de cette expérimentation, les plaques de rues avaient été figurées par des feuilles de papier. Il s’agissait alors de tester la capacité des élèves à identifier des espaces spécifiques dans l’établissement et à les renommer. Cet atelier d’écriture poétique a encouragé les élèves à s’interroger sur leur perception du lycée. L’action d’aller rebaptiser chaque couloir en accrochant une plaque de rue a renforcé leur sentiment d’appropriation des lieux.
Pour que le projet se poursuive, il faut désormais passer à la réalisation des plaques de rues en bois. Cela représente un budget peu élevé et l’équipe de la maintenance du lycée a les outils et les compétences pour le réaliser. Mais l’impulsion doit venir de la direction pour que l’intendance fasse partir un devis. Or, le proviseur, à qui le projet a été soumis, ne l’a pas rejeté mais n’a pas pour autant dit qu’il allait le mettre en œuvre.
Le trombinoscope : rendre visible les invisibles
Le trombinoscope a été une expérimentation lancée en fin de deuxième semaine et a reçu un accueil mitigé. Les élèves n’ont pas immédiatement perçu l’enjeu de cette représentation commune de l’ensemble des « habitants du lycée », visibles et invisibles, des lycéens jusqu’aux agents. Pourtant, en fin de troisième semaine, on voit encore quelques élèves s’arrêter devant le trombinoscope. En revanche, au regard des photos émouvantes que nous avons prises des agents techniques traversant en groupe le hall du lycée pour venir regarder le trombinoscope, on peut dire que ce travail de représentation a produit quelque chose : une émotion, un événement, et peut-être plus ?
Le micro : vers un partage de la parole entre administration et lycéens
A la suite des débordements qui ont suivi l’expérimentation du micro dans le hall, le dispositif a été déplacé dans le bureau de la vie scolaire. Le contenu et la fréquence des messages a été entièrement modifié par ce déménagement. Nous avons entendu, uniquement au moment des pauses, des appels pour s’inscrire à la soirée des terminales et pour donner des vieux meubles pour aménager le foyer. Seulement, le micro utilise pour le moment la ligne téléphonique d’une CPE en congé maladie. Un autre CPE suggère de rendre disponible la ligne dont se sert le bureau de la vie scolaire aux élèves, du moment qu’il s’agit de messages informatifs ou créatifs. Il aura donc fallu que nous installions un micro dans le hall pour faire évoluer certains usages. Quoiqu’il en soit, l’expérimentation de mercredi n’aura pas été vaine : elle a révélé le besoin qu’ont les élèves de s’exprimer. Entendre les élèves se souhaiter leur anniversaire ou le souhaiter à un surveillant introduit plus d’humanité et de quotidienneté dans l’établissement.
Le projet du foyer : évoluer vers des protocoles de micro action
Le projet du foyer, comme expliqué dans le billet précédent, est désormais dans les mains d’une CPE, Myriam. C’est la transformation de l’association du Foyer Socio-Educatif en Maison des Lycéens qui est à l’origine du réveil du projet d’aménagement du foyer. Un professeur très investi dans le FSE et qui est à l’origine de la journée Kulte partage sa perception de la réunion du 20 mai, dédiée à l’aménagement du foyer. Au contraire de Myriam, il ne croit pas que ce changement de nom du FSE va changer quoi que ce soit. En revanche, il est convaincu par le protocole de micro action que nous avons proposé. « C’est fou ce que les élèves sont procéduriers » dit-il. « Il y a ce mythe d’un protocole administratif qui donnerait la bataille gagnée d’avance. » Il est maintenant convaincu que l’important est de faire venir les élèves dans le foyer pour que le processus d’aménagement s’enclenche : « On habite les lieux avec plus de pertinence au bout d’un certain temps. » Il reconnaît aussi que Kulte a placé la barre de la conduite de projet très haut, au risque de couper le lien avec les élèves susceptibles de se l’approprier. Des actions plus modestes et ponctuelles peuvent susciter des envies. « On a un protocole qui est né de votre passage » conclue-t-il.
Une conclusion mitigée
Alors que nous nous apprêtons à partir, nous sommes assez brutalement confrontés à la réalité du lycée Gabriel Fauré. La direction aura été peu à l’écoute et n’a garanti la réalisation d’aucun de nos projets qui, dans un autre contexte, auraient pu être mis en place très rapidement car ils demandent peu d’argent et peu de savoir-faire. La signalétique comme le trombinoscope restent en suspens.
Arrivés au lycée par l’intermédiaire d’un professeur de philosophie frondeur et atypique, fatigué de se heurter aux blocages administratifs qui accompagnent chaque projet, nous avons été confrontés aux mêmes difficultés. Nous espérons que la poursuite de la discussion avec la région Rhône-Alpes prolongera le travail accompli pendant la résidence.