Ce mardi 13 novembre, en marge des semaines de résidence du programme Transfo, nous avons rendez-vous avec deux élus de la Région PACA : une conseillère régionale déléguée à l’emploi et le nouveau vice-président de la Commission Emploi, Développement Economique Régional, Enseignement Supérieur, Recherche et Innovation.
Nous avons constitué un groupe de 9 personnes : deux résidents de la 27e Région et 6 agents impliqués dans la transfo.
Le but de cette rencontre est de questionner avec les élus la thématique qui se dessine (les jeunes dans l’emploi) et les deux axes de travail que nous avons dégagés dernièrement (les emplois d’avenir et l’hébergement des apprenants), sachant que les contributions d’élus sont un élément indispensable du processus Transfo.
Cette rencontre nous pousse à rentrer dans les détails des objectifs de la Transfo face à des interrogations qui questionnent le dispositif en profondeur.
Place de l’expérimentation, production et langage
La question que nous soulevons avec les élus, est celle de la place de la recherche-action dans l’institution publique. C’est ce que défend la 27e Région, en revendiquant l’existence d’un réel espace pour l’expérimentation avec les usagers, dans le but de produire autrement, d’autres dispositifs d’action publique. Si le processus proposé trouve écho chez les élus, demeure néanmoins des interrogations quant à la possibilité d’installer une fonction permanente de recherche-expérimentation au sein des collectivités, à une époque où celles-ci cherchent à produire des dispositifs efficients et moins coûteux. Cela sous-entendrait-il que l’expérimentation et l’implication des usagers serait trop coûteux et peu efficace? Voila qui pose clairement les enjeux de la Transfo… Mais ne pourrait-on pas faire un pas de côté par rapport à ce rapport coût/efficacité pour regarder un peu plus les processus d’actions et leurs prolongements… Car l’autre question soulevée concerne la nature de « ce qui est produit » par un programme comme la Transfo. Que trouverons-nous à l’issue de la Transfo sur les questions d’emploi des jeunes ? Celle-ci peut-elle réussir le pari du « faire mieux avec moins »? Là encore prenons en compte le processus et faisons le pari commun qu’il marquera durablement l’écosystème dans lequel il s’inscrit.
Enfin, nous débattons sur le vocabulaire de la Transfo : expérimentation, innovation, laboratoire, démarches collaboratives… ce champ lexical a-t-il sa place dans l’action publique ? Comment la trouve-t-il ?
Processus démocratique
En ce qui concerne les thèmes proposés, les élus questionnent la deuxième piste (l’hébergement des apprenants) par rapport à la pluralité de pistes qui avaient été évoquées à l’issue de la semaine de septembre. Ils suggèrent au groupe Transfo d’élargir cette question des freins à l’apprentissage en joignant à la problématique de l’hébergement celle de la mobilité. Au delà du thème que nous devons continuer de travailler avec le groupe Transfo, en prenant en compte ces remarques, cette discussion nous renvoie à une question fondamentale du processus Transfo : Comment orchestre-t-on les choix, les décisions, sachant que notre groupe est mouvant et que l’on ne retrouve pas les mêmes personnes à chaque étape ? (Cela nous renvoie à l’organisation et aux objectifs de l’atelier du 25 octobre au cours duquel ont été faits les choix).
On continue
Lors de cette rencontre notre démarche a été mise en débat (fondements, objectifs, méthodes…) voire bousculée. Mais, nous avons aussi le sentiment que ce débat était de qualité, que nous avons collectivement bien « défendu » notre action, et que nous avons obtenu des informations nécessaires (ce qui pour nous est une forme de contribution à la Transfo). Enfin, ce que nous retenons, est la mise en place d’une forme de réunion composée d’élus, de résidents et d’agents avec une bonne circulation de la parole, et un consensus autour de la thématique des emplois d’avenir. En ce qui concerne la participation des élus au processus Transfo, cette rencontre remet en lumière un des enjeux fondamentaux de la Transfo : Comment intégrer les élus au processus collectif de travail et de décision sans mettre en place un système de validation « à posteriori » ? à suivre…
La gouvernance en question : suite
Nous sommes là au cœur de la rencontre (et du paradoxe?) entre la démarche de la 27e Région et celle de l’institution publique et au cœur de l’une des questions soulevées lors du dernier atelier : quelle forme de gouvernance pour le processus Transfo ?
Du coté de certains agents présents lors de la rencontre, certains retiennent les idées suivantes :
– Ne garder qu’un seul projet pilote (les emplois d’avenir)
– Mettre en place une validation par étape (en dehors des ateliers) plutôt qu’intégrée au processus de travail,
– Intégrer l’enjeu de la réduction des dispositifs « qui doit être partagé pour prioriser et tester des solutions visant une meilleure réponse aux besoins », ce qui n’enlèverait pas à la 27e Région son caractère innovant puisque pour l’un d’entre eux : « Ce qui est innovant dans la méthode 27e Région, c’est d’avoir une entrée usager et une approche technique pluridimensionnelle (à la fois économique, emploi et formation »…
En tant qu’équipe de la 27e Région, même si nous entendons la nécessité d’intégrer à nos modes de travail une sorte de « principe de réalité » liée l’organisation de l’institution publique, notre projet reste celui de faire bouger les lignes et de proposer d’autres modes de conception.
Alors, où placer nos enjeux de transformation ?
Dans les formes de gouvernance ? Lesquelles ? Comment ?
Dans le fait de faire mieux avec moins ? Moins de dispositifs régionaux pour plus d’efficacité ?
Dans les résultats produits par la Transfo en ce qui concerne le sujet traité ?
Dans l’intégration effective d’une fonction recherche-action au sein de la Région ?
…
Peut-on conjuguer l’ensemble ? Comment?
Des questions à moyen terme
Derrière ces questions se cachent peut-être d’autres questions à moyen terme que nous devrons aborder progressivement à l’issue des programmes Transfo (et en regard également du programme « Territoires en Résidences ») :
- En quoi le processus Transfo permet-il de transformer la manière de concevoir les politiques publiques et les politiques publiques elles-mêmes ?
- Le processus Transfo peut-il s’appliquer à tous les champs de l’action publique ?
- Quels sont les enjeux institutionnels, organisationnels et politiques questionnés par la Transfo ? Quelles sont les questions soulevées ?
Voilà de quoi faire réfléchir tout l’écosystème de la 27e Région et de ses complices, car même si nous nous entendons sur différents points en théorie et en intention, et que nous avons d’ores et déjà des confirmations d’hypothèses liées à « Territoires en Résidences », reste l’enjeu primordial de la mise en pratique de la Transfo, en tant que démarche collaborative, transversale, expérimentale… et politique ?