François Jégou, 100409
Approfondir les solutions…
Le premier jeu de Cartes-solutions autour du thème d’un « Campus ouvert » élaboré à partir des visions et suggestions de la première semaine de résidence est utilisé en début de deuxième semaine pour reprendre et stimuler la discussion avec les uns et les autres. L’objectif est double: appropriation et approfondissement. Les exemples de projets et d’actions proposés dans les cartes correspondent-ils à ce que les habitants du lycée et les acteurs externes ont en tête? Comment vont-ils les modifier pour se les approprier? Peut-on déjà entrer dans les questions que poserait leur mise en œuvre? Des fiches sont préparées par les résidents pour recueillir le fruit des discussions sur les Cartes-solutions: au verso 4 cases Ce qui fonctionne déjà? Ce qui va être difficile? Quelles suggestions? Quelles étapes à suivre pour entamer la mise en place? et au verso, l’emplacement pour esquisser une nouvelle Carte-solution…
Lors d’entretiens informels ou de réunions en groupe, chacun selon son point de vue, son activité professionnelle choisi quelques cartes et les commente, les projette dans son propre contexte et parfois commence même à les développer…
Certaines Cartes-solutions rencontrent des actions déjà en cours et pourraient y trouver des synergies: « Semaines bloquées » ou l’auto-organisation d’activités éducatives par les élèves dans des périodes libérées de leur l’emploi du temps pourrait trouver échos dans le projet de mise en place d’un quota de 3-4 heures d’Accompagnement pédagogique renforcé dans la grille hebdomadaire des lycéens.
De même, « Hébergement de spectacle » s’insère parfaitement dans le projet de Programmation culturelle d’établissement qui envisage en particulier un partenariat avec la Salle Jean Villard de Revin, des échanges avec les comédiens de la compagnie La Stada qui y sont en résidence, leur intervention dans les classes sur le travail de comédien comme sur l’étude d’œuvre du programme de littérature…
D’autres Cartes-solutions évoquent des actions qui existent ailleurs ou qui ont existées par le passé au lycée de Revin:
De part son passé ouvrier, Revin et sa région sont riches en associations de tous types qui déplorent aujourd’hui le peu d’engagement des jeunes générations. Bien au delà d’un « Échange d’heures avec une association » le lycée de Revin accueillait certaines années un véritable Salon des associations qui pendant une journée venaient présenter leurs activités aux élèves: un bel évènement à remettre sur pied pour gagner en visibilité et en recrutement!
Les bords de la Meuse aux alentours de Dinant font des envieux: c’est la ‘Côte d’Azur belge’, bien aménagée en équipements touristiques, accueillant belges et hollandais en vacances. La promotion du tourisme local évoquées dans « Micro-tourisme local » pourrait trouver échos dans les formations doublement diplômantes appliquées à l’hôtellerie: deux langues français et néerlandais pour mieux accueillir le nord de l’Europe qui commence à s’implanter dans la région…
Enfin certaines Cartes-solutions font émerger des idées ou des envies nouvelles:
« L’école des parents » s’ancre dans le travail de médiation des CPE pour familiariser les parents avec la vie du lycée, leur enseigner toutes les facettes de l’école où vont leurs enfants pour les impliquer dans le suivi et la vie scolaire de ces derniers et plus génralement favoriser le dialogue parents-enfants.
Encore une fois « l’Échange d’heures avec une association » est une source de stimulation pour l’animation de la vie du lycée: L’AREL, l’Association Revinoise d’Education et de Loisirs qui anime des projets autour de la vidéo pour nourrir d’émission Revin web TV pourrait épauler les élèves chargés par la Région de faire un film témoignage tout au long de l’avancement du chantier du nouveau lycée.
Le « Micro-tourisme local » suggère une formule intéressante entre le sport et la valorisation touristique du territoire: créer avec les élèves, les professeurs d’éducation physique et sportive d’une part et les professeurs d’histoire d’autre part, des parcours à vélo qui rallient les hauts lieux de l’histoire industrielle de la vallée.
« Echange séminaires contre visites » suggère de multiples formes de collaboration avec les entreprises locales: relocaliser la formation permanente courte, les stages de mise à niveau et autres habilitations en utilisant l’infrastructure du lycée de Revin permettrait d’initier une présence d’industriels et de professionnels dans les locaux auprès des étudiants.
Et pour finir de restituer cette co-construction de solutions qualifiantes pour le lycée, quid d’envisager l’ouverture d’une nouvelle section de formation aux techniques du bâtiment HQE (Hautes Qualités Environnementales) dans le nouveau lycée à l’architecture intégrée au paysage, couverte de toitures végétale et si prometteuse en terme de développement durable…
…et les ancrer dans le réel
Projeter un lycée comme un ‘campus ouvert’ suppose une architecture adaptée et l’architecture du nouveau lycée si elle est prometteuse en tous points, mérite tout de même d’être interrogée. Comment peut-on entrer graduellement dans l’établissement? Accéder à certaines salles, au CDI, au centre sportif, à l’agora centrale… sans devoir ouvrir tout le site? Comment être bien accueilli hors des horaires scolaires sans avoir l’impression de passer par la petite porte?
Les élèves et le personnel d’encadrement sont séduis par ce qu’ils ont vu du projet. Ils se posent aussi toutes sortes de questions sur comment cette nouvelle architecture paysagère, étalées en gradins va transformer leur manières d’habiter le lycée… Est-ce que l’on verra bien le paysage de la vallée? Comment chemine t’on d’une classe à l’autre quand la sonnerie retentit? Où est-ce que l’on va pouvoir se retrouver pour discuter? En particulier une place intrigue beaucoup: comment va t’on se sentir dans cette grande agora centrale dans laquelle toutes les classes vont se déverser à l’heure de la récré? Est-ce qu’il y aura des bancs, des rambardes? Est-ce que l’on pourrait imaginer y installer une petite cafète autogérée? Peut-être même que le salon des associations évoqué plus haut pourrait s’y installer ou une exposition ou encore un spectacle….?
Les élèves de Nadine Krantz, Professeur de mercatique avaient déjà gambergé à partir de l’exercice projectif ‘Et si je pouvais…’ proposé par les résidents la première semaine. Ils ont fait des diagrammes: ‘habiter tous les jours au lycée’; ‘l’aménager pour d’autres élèves’… Ils ont même esquissé des petits schémas d’aménagement qui font ressembler un peu leur vision du lycée idéal à un village-vacances…
Cette semaine, avec l’aide des résidents ils se projettent dans l’agora: ils s’imaginent et se dessinent dans cet espace. L’idée c’est de se préparer pour inviter l’architecte: celui-ci à promis de venir au début de la troisième semaine les rencontrer pour encore mieux affiner l’avant-projet détaillé!
Le Campus Wall installé en première semaine ne représentait que la face cachée de l’iceberg: trouver quelques écrans et les installer dans un bel encadrement n’est certainement pas la partie la plus difficile. En revanche, assurer la gestion de l’information, animer le Campus Wall en assurant l’intérêt des utilisateurs sur le long terme est un travail bien plus conséquent et problématique. L’appétit pour une information digitale, dynamique et horizontale repérée lors de la première semaine demandait à être pérenniser dans la mis en place d’un véritable service. Avec la collaboration active de M. Ighzernali, Conseillé Principal d’Education et Mme Tombeur, Professeur de Secrétariat à l’initiative des deux premiers numéros du LP News du lycée de Revin, un Bureau d’éditeurs est créé. Ce n’est pas un club à proprement parler mais plutôt une contribution active de groupes d’élèves qui se succèderont chaque mois pour assurer la récolte, la sélection et la publication des InfoPub: des publicités pour des sources d’information, des petites annonces brèves diffusées en boucle, renouvelées progressivement et attirant l’attention sur des actions, des personnes, des évènements internes ou externes à l’établissement.
L’ensemble des caractéristiques de fonctionnement du Bureau d’éditeurs a été progressivement mis au point dans un dialogue entre élèves, personnels d’encadrement et résidents pour aboutir après 3 jours à la rédaction d’une charte de fonctionnement et d’un mode d’emploi du Campus Wall. Elle fixe les grandes lignes: un Bureau d’éditeurs mixte entre les deux lycée qui se réunit 2 fois par semaine; un ordinateur dédié installé dans le CDI; un renouvellement tous les mois avec un chevauchement pour permettre au Bureau sortant de former le Bureau entrant; des Responsables d’édition qui encadrent la publication et assurent un planning de renouvellement tout au long de l’année… Émilie, Lorine, Jean et Jannis se lancent dans l’aventure: ils assureront jusqu’à la fin du mois de mai la permanence du Bureau d’édition. Première tâche: se focaliser sur la prochaine semaine du Bien-être organisée dans le quartier, identifier les actions susceptibles d’intéresser le plus les lycéens, promouvoir les initiatives du lycée de Revin… Pour leur mettre le pied à l’étrier, les résidents organisent une micro-formation pour leur donner des notions de mise en page, de calibrage de textes et de cadrage de photos…
Le Bureau d’éditeurs démarre! En troisième semaine, il faudra poursuivre son ‘accrochage’ dans l’établissement: charte graphique avec les enseignants d’art plastiques; édition journalistique dans les classes de français; mise en place d’un réseau ‘d’antennes’ dans l’établissement et en dehors pour ‘rabattre’ l’information vers le Bureau d’éditeurs; articulation avec le nouveau site web du lycée et son blog d’actualités, diversification des programmes du Campus Wall susceptible d’inclure un clip vidéo sur l’avancement du chantier du nouveau bâtiment; un concours de pocket-films sur l’atmosphère conviviale du lycée; la présentation des scénarios de vie issus de la collaboration avec Territoires en Résidences…
L’attachement de la résidence à mettre en place et pérenniser le Campus Wall peut paraître curieuse: même si la circulation de l’information est apparue d’emblée comme une question clé au lycée de Revin, ce n’est pas seulement avec de la communication que l’on transfigure une institution publique… Dans le Campus Wall les résidents voient plus qu’un support d’information: ce projet semble ‘ré-enchanter’ ceux qui s’en approchent et qui y contribuent. Sa mise en place progressive catalyse en positif des frustrations diffuse. Puisse la boule de neige d’intérêt rouler et au fil de la participation grandissante, devenir une avalanche d’enthousiasme…