Archives mensuelles : juillet 2009

Vendredi, jour de restitution

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La future page d'accueil de la Ruche ?

Nous ne voulions pas partir sans avoir présenté à l’équipe de Bug notre avancement suite à cette première semaine si riche. Nous avons donc consacré la matinée à créer un ensemble de visuels de présentation et de maquettages de nos idées. Difficile cependant de synthétiser le bouillonnement de ces quelques jours et le raisonnement global qui en est né, difficile aussi d’afficher et de discuter si rapidement des perspectives qui chamboulent les visions de l’ensemble de l’équipe sur leur propre projet…

Malgré tout, la présentation fut un moment fort d’échanges et de confrontation productive d’idées.

Télécharger la présentation :

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Valoriser son inscription territoriale

La fin de la première semaine de résidence approche. Nous préparons nos premiers maquettages et la mise en relief des valeurs de la Ruche.

La matinée est donc entièrement consacrée à une séance de réflexion et propositions dont ressortent quelques points majeurs. Nous les « testons » aussitôt énoncés auprès de l’équipe de Bug.

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Subjectif et collectif

Si aujourd’hui la carte affichée sur La Ruche mélange individus et collectifs au sein d’un espace commun, la possibilité de n’être bientôt dédiée qu’à l’un ou à l’autre restait ouverte. En fonction des suppositions, La Ruche passerait ainsi de l’espace d’expression individuelle à l’espace de communication dédié aux collectifs. Parallèlement, et depuis le début, chaque acteur du projet s’accorde à dire qu’il serait bon que ces « réseaux sociaux » apporte enfin un plus social. La solution pour que cela soit possible, et même, la condition sans laquelle cela ne fonctionnerait pas, semble donc être de ne pas dissocier ces deux types d’utilisation : individuelle et collective. Car les associations et les structures établies ont déjà leurs moyens de communication « officielle » au travers d’agendas culturels sur papier comme sur le web. De même, chacun peut se connecter à un ou des réseaux sociaux de toutes sortes avec les limites déjà évoquées. Par contre, l’idée fédératrice de former un tout, un ensemble complexe visible et vivant à l’image de la ville semble étonnament peu présente sur le web et plus particulièrement dans les réseaux sociaux.

Voilà ce qui semble pour nous faire la particularité de la Ruche : un espace où l’individu et le collectif se font entendre à même hauteur, et où sont valorisés à la fois indépendamment et conjointement des impressions subjectives et des manifestations collectives, tout ce qui fait le foisonnement d’une ville.

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Il s’agit pour nous de valoriser la vie d’un territoire et l’usage qu’en font ses habitants, ce que permet très bien le numérique. Ce besoin de valorisation semblait d’ailleurs encore se confirmer lors de notre visite de l’atelier urbain du Blosnes. Mais, à l’image de cet atelier, il faut également penser une passerelle entre cette interface et l’ancrage dans le réel.

Une fois la vitalité de la ville représentée sur La Ruche, dès la page d’entrée, cette même page pourrait très bien être affichée dans la ville : sur les bus, sur les écrans, sur l’agenda culturel local ? Cette image de la Ruche serait alors :
– le reflet des dernières activités de toutes sortes (inscription d’un nouveau participant, événements à venir, groupe de discussion actif, annonce associative, mise en ligne d’un article sur le centre-ville en 1800…)
– un objet sensible ancré dans le quotidien du territoire. Publiée, tous les mois, cette image pourrait devenir propice à susciter la curiosité des connectés comme des non-connectés. Cela permettrait ainsi une forme d’aller-retour permanent entre le virtuel et le réel, entre ce qui se passe vraiment dans la ville et la représentation de ce même espace sur la toile ; deux plans se nourrissant l’un l’autre.
A la fin de l’année on pourrait imaginer une collection pour le public de 12 « instantanés du territoire », 12 ruches prisent en photo, 12 photos de la vitalité de la ville proposant une géo-localisation participative.

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Entre 12h et 14h nous avons participé à la présentation par Richard Delogu (de l’asso Bug) de Lift à Marseille. L’occasion de re-questionner nos réflexions sur la Ruche, face aux points récurrents de cette présentation :
– idée le la métaphore collective (cartes)
– volonté de co-construction, avec l’idée de pouvoir faire agir les habitants à l’aide de controleurs
– penser l’acceptabilité sociale des outils et projets
– méthode pour  d’innover avec des non-innovants

Tous ces exposés parlent du « faire ensemble », reste à trouver le moyen de passer des intentions à de réelles pratiques collectives. Par exemple, la proposition de Pachube.com s’avère bien limitée ; tout le monde peut mettre en ligne des infos, mais pourquoi faire ?

Finalement, tout le monde peut se géolocaliser sur la Ruche, mais pourquoi exactement ?

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Quel désir de « local » pour le numérique?

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Au programme de cette matinée du jour des enfants:

– Tout d’abord un débriefing de notre courte présentation publique de la veille.

Cet accrochage sommaire et volontairement simple dans la cafétéria de la Maison des Associations nous a permis d’engager de nouvelles discussions techniques et théoriques avec BUG. Notamment chercher à faire coïncider au mieux notre résidence avec l’action du futur chargé de mission que va recruter l’association dont l’une des missions sera de coordonner et d’animer non seulement la Ruche mais également le projet d’un wiki Rennes.

– Enfin, nous avons pris un temps d’écriture pour mettre au clair nos perspectives d’action/réflexion. A la recherche d’une définition de la Ruche… où le « social » ne serait pas un seulement un mot galvaudé et où les possibilités d’échange éviteraient le spectre « facebookien » du seul lien faible.
Aider à ce que cette initiative centrée sur une technologie ne prenne pas la technologie comme seule raison d’être. Pour cela, nous souhaitons imaginer en collaboration avec BUG les outils évènements, rencontres, affichages publiques) qui permettraient de dynamiser, motiver cette communauté virtuelle (actuelle et à venir).

Quels outils?

– Des options sur le site (plus précisément la carte de la page d’ouverture) qui allieraient une possibilité de géo-localisation, de présentation d’évènements (désir des associations) mais aussi une invitation à ajouter des infos sensibles et subjectives des habitants et leur suggestion. Ce qui permettrait de rendre sensible dès la première page du site, l’esprit de co-construction de La Ruche et pour mettre en évidence le potentiel d’une géo-localisation de proximité, « locale ».

– Inventer des évènements « ruchiens » qui seraient à cheval entre les Apéruches (déjà mis en place avec le CRES l’année passée avec cette qualité des thématiques abordées) et des propositions plus ouvertes, hybrides, festives. Pourquoi pas la fête annuelle des cyber-pôles où chacun amène son avatar de la Ruche ou encore des actions collectives urbaines initiées par des artistes ou « activistes de la ruche »ou …
La liste est à inventer, compléter ensemble…P1030935

Quel désir de « local » possible pour le numérique?

Pour avoir quelques pistes pour enrichir cette liste et pour que ces perspectives restent ancrées dans les pratiques et envies des rennais, nous sommes allés visiter le Forum du Landrel (Blosne, quartier sud de rennes étiqueté « à problème »). Nous avions pris rendez-vous avec Yassin, l’animateur du pôle multimédia, que nous avions rencontrés brièvement lors de notre journée de repérage.
Il nous a présenté le pôle et introduit à la dizaine d’enfants agglutiné autour des écrans.

Nous circulons un moment, avec deux jeunes filles, sur le site de la Ruche, immédiatement elles posent la souris sur la carte et cherche le quartier du Blosne,comme pour vérifier qu’il existait bien sur cette carte de Rennes. Comme on regarde sa photo perso. Elle découvre que leur centre est inscrit sur la ruche, mais que sur la « fiche complète » rien n’est écrit d’autre que ce qu’elles savent déjà…

Pour que le réseau puisse affirmé sa qualification de « social », nous avons souhaité rencontrer les autres animateurs de quartier/de rue qui travaillent au Forum et utilisent de temps en temps le pôle multimédia.
Quelle possibilité voient-ils pour un réseau comme la Ruche dans leur pratique d’animateurs et pour la vie du quartier ?P1030931
Ferdinand, animateur de la maison de quartier, nous donne quelques pistes mais avoue ne pas réussir à « imaginer la force d’un réseau local »
Quelques pistes:

– lien entre la ville d’habitation (Rennes) et le pays (ville) d’origine pour les populations immigrées. En effet, le multimédia peut aider à nourrir les échanges avec le pays d’origine. (Valoriser sa culture, se sentir proche par vidéo conférence, partager un moment collectif, cuisine etc…)

– renforcer la visibilité des actions du centre

Au Triangle, dans le quartier du Blosne

Au Triangle, dans le quartier du Blosne

16h Visite de l’atelier urbain du Blosnes (lieu de concertation publique pour la requalification du quartier du Blosnes)

Rencontre avec la personne chargée des micro animations de concertation auprès d’enfants et adultes du Quartier. Elle nous confie que l’outil internet pourrait être davantage utilisé pour cette concertation qui concerne la ville (forum, visualisations..) mais qu’elle n’a pas la compétence pour le mettre en place.

La ruche nous apparaît comme une plateforme où il serait pertinent de rendre publique des impressions, des souvenirs des rennais et où l’on pourrait y échanger des avis concernant ces projets urbains. La carte apparaît encore comme un outil pertinent qui permettrait de localiser les lieux de la ville « débat »,les « zones » à re / penser collectivement.
Sorte de « journal de quartier » sans texte mais intuitif et évolutif qui susciterait aux rennais l’envie de participer aux groupes de discussions que propose la Ruche.P1030897

La Ruche, proposer sans imposer ?

Deuxième jour de résidence. Notre journée est polarisée par le premier rendu que nous allons faire à 18h à la Maison des associations. 

Notre objectif est double: 
-continuer à rencontrer des acteurs du monde associatif et numérique rennais, et des usagers.
– dégager quelques constats et propositions à présenter pour le soir.

Des rencontres éclectiques

Entre l’élu de la ville de Rennes, la bibliothécaire chargée du service numérique et le primo-arrivant qui vient dans les cybercentres pour mailer et apprendre le français, nous rencontrons des personnes avec des objectifs et usages du numérique très disparates.

9h, Nous rencontrons Sarah et Pierre, animateurs dans deux  pôles multimédia du sud de Rennes  (Maison des Squares / Maison de Suède). Ils nous parlent avec plaisir de leur quotidien et de ce qu’ils perçoivent de leur rôle. A la fois, animateurs de projets de groupe (journalligator), conseillers pour la recherche d’emploi et formateurs à l’outil internet, ils définissent leur position à cheval entre le culturel et le social. De fait, ces pôles sont bien souvent intégrés à une maison de quartier qui travaille en partenariat avec le centre social, l’association d’apprentissage au français, le comité de quartier. Pour nous, c’est l’occasion de voir la réalité des « usagers » et de savoir ce que représente pour eux le réseau social local de la Ruche.

Deux types de population fréquentent les centres:  
Les jeunes, 10 /18 ans,  plutôt débrouillards, jonglant entre MSN, Facebook et les jeux en réseau. La ruche, ils ne connaissent pas.  Nous allons avec l’un d’entre eux sur l’interface de la Ruche. Un réseau social localisé à Rennes, cela apparaît comme logique, car ses amis (sur MSN, Facebook) sont rennais. 

Quelque chose comme « le local » semble encore pertinent sur le web…
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Les autres usagers de ces centres, sont ceux qui viennent  pour bénéficier d’une formation pour utiliser internet : personnes âgées, usagers des centres sociaux. Un public qui ne manipule pas encore bien l’outil informatique ou bien se limite à des actions simples : quelques mails avec des membres de la famille éloignés, une gravure sur cd de photos numériques pour inviter les autres à découvrir leur vacances.

La ruche ? Elle est encore loin d’eux…

Pierre, animateur du pôle multimédia de la Maison de Suède, nous fournit la conclusion de notre visite  :
« Pour moi, la Ruche, en ce moment, c’est plus culturel que social. C’est comme un agenda culturel »

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La Ruche : réseau social local

Local, on voit.
Social, c’est moins évident, surtout si personne ne l’utilise.

Nous continuons notre enquête auprès d’autres acteurs plus décisionnels (élus, bibliothécaire, CRES) pour connaître leur utilisation et volonté concernant un « numérique local ». Tous relèvent que le numérique peut contribuer à mettre en avant la participation du citoyen.

La Bibliothèque veut redéfinir sa politique et donc ses services en mettant les usagers au centre. Une Bibliothèque connectée et active dans un réseau social local, « c’est imaginable » pour Françoise Sarnowski. C’est même l’objectif de la déterritorialisation des institutions.

Autre exemple d’ouverture au numérique:
Sébastien Sémeril et Fréderic Bourcier , tous deux élus à la ville, affirment que l’apport des nouvelles technologies dans le domaine de la concertation des habitants (dans le cadre d’un projet d’urbanisme) peut être considérable :
– vues en 3D
– entrée dans un projet à n’importe quel moment
 
En quoi la Ruche peut concerner ces problématiques urbaines et citoyennes ? 
Mais tout d’abord, utilisent-ils la Ruche ? Non… pas encore…
Pourtant le potentiel d’un outil participatif, local, numérique semble exister… Il est encore à développer.

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Au fil des rencontres, nous voyons un premier objectif de notre résidence se préciser : définir, circonscrire les objectifs de la Ruche avec ses concepteurs. Pour qu’elle ne soit pas le fourre-tout des attentes de chacun, un projet sans fin, mais davantage une proposition lisible et stimulante.

Quelle est son identité et donc sa fonctionnalité ? Beaucoup nous parlent de sa spécificité ( par rapport à Facebook), de son image éthique (protection des données des usagers…) rares sont ceux qui nous parlent de leur utilisation ou d’une potentielle utilisation.

La ruche un outil conçu pour les associations ?

C’est ce qu’attendait Thierry Vincent, acteur associatif important de Rennes (CRES) et Richard Delogu lorsqu’ils ont mis en place les apéruches : débats citoyens autour d’un thème. Initiative qui inaugure une sortie de la Ruche dans le « réel physique » et qui, pensons-nous, peut être développée. Un outil qui permettrait d’échanger plus facilement des infos entre assos, de mutualiser des compétences, de se prêter du matériel. Pourtant techniquement, la Ruche permet -en bonne partie au moins- de répondre à ces attentes par la constitution de groupes, la publication d’annonces et des événements de chacun. Mais le paradoxe actuel veut que presque personne n’utilise toutes ses fonctionnalités (dont certaines sont en ligne depuis peu).

Un travail de sensibilisation (pédagogie ?) de ce qu’est La Ruche nous apparaît de plus en plus nécessaire. Pour cela il s’agit de trouver ceux qui seraient à même d’en révéler le potentiel et de la faire vivre : ses potentiels ambassadeurs. C’est pourtant prendre le problème à l’envers. Comment les animateurs des pôles que l’on verrait bien dans ce rôle, pourraient faire vivre La ruche s’ils ne comprennent pas eux-mêmes son objectif ?

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Les choses semblent circulaires. Un élément nous a permis de sortir de ce cercle : poser la question sous cette forme aux concepteurs de la Ruche. C’est ce que nous avons eu l’occasion de faire lors de notre présentation à 18h. Un nouvel élément de compréhension nous a été donné.

« L’objectif de la Ruche, c’est aux usagers de le définir »

« C’est à eux (les usagers) de nous dire ce qu’est elle est et non à nous (les concepteurs) de donner une définition qui tombe d’en haut. En gros, c’est de l’usage que viendra le sens. Le but est qu’elle devienne ce que les abeilles veulent en faire : un outil à inventer. »

Position louable, qui consiste à ne pas trop pré-penser d’en haut un usage mais inviter les potentiels usagers à bricoler, braconner et faire leur ce lieu virtuel. Mais n’est-ce pas limiter ici l’usage du réseau aux initiés ?

Entre une définition trop réductrice et pédagogique de ce qu’est la ruche et l’entière liberté laissée aux abeilles d’imaginer ses différents usages, un juste milieu peut être trouvé. Que la ruche soit force de propositions participatives et collectives, libre aux abeilles de maintenir l’énergie et de devenir, elles-mêmes, initiatrices de nouvelles propositions.

 

Prendre du recul et imaginer un projet participatif

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Deux perspectives sont envisageables :
– aider à définir ce qu’est la Ruche (valeurs, objectif) en partenariat avec ses concepteurs et les usagers actuels et potentiels pour mieux communiquer et initier ses potentiels représentants (ambassadeurs)
– concevoir une réalisation concrète participative et collective pour ranimer la Ruche (happening, installation dans des lieux physiques, organisation d’un « Flash butinage »)

Il s’agit de savoir comment on peut influer une énergie à cette Ruche, ce que nous disions plus haut, faire qu’elle ne soit pas qu’un « concept éthique » pour devenir un véritable lieu d’échange et un outil repéré par les associations et les citoyens.

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Autant de propositions qu’il faut construire pour ne pas perdre cette « énergie » que représente la Ruche. Car « les gens s’y sont inscrits alors qu’on ne leur offrait rien » rappelle Richard Delogu de BUG, « il faut savoir répondre à ce premier désir ».

Quel désir exactement ?
Partager, échanger, créer, se situer…

Et comment ?

Accédez au diaporama:
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Premier jour à Rennes

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Aujourd’hui, installation et premières rencontres en vue de la présentation de demain mardi. De 10h à 17h, nous avons rencontré différents acteurs des réseaux locaux :
– l’équipe de Boutique solidaire Bretagne
– à Rennes Métropole, Norbert Friand, directeur de la prospective et de l’aménagement d’espace, et Marie-Laure Moreau, journaliste et responsable du contenu web
–  à la Région Bretagne, Emmanuelle Botta, chargée de mission développement des cybercommunes, et Laurent Flamand, chargé de mission e-éducation

Au programme aussi, découverte plus en détails de la Maison des Associations et de la bonne ambiance qui y règne.

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La journée a permis de recueillir quelques « mise à plat » des réseaux de chaque personne rencontrée, et de préparer la présentation de demain. Rendez-vous à 18h !

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Rencontre avec 4 jeunes utilisateurs de la Cyber Base de Cenon

Un coup d’œil dans la salle de la Cyber Base, quatre jeunes adolescents sont installés derrière les postes du fond. L’un accepte de suite un petit entretien, intéressé. Il interpelle à son tour ses copains. « Allez venez parler les amis ! Faites pas les timides ! »
Les 3 garçons et la jeune fille, tous âgés de 14 ans en classe de 5ème et de 4ème au Collège Jean Zay, se prêtent à l’échange pour nous faire découvrir leurs pratiques aussi denses qu’insaisissables. Ils habitent les tours voisines « on se connaît de la Cité, enfin du quartier. »

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Génération web 2.0

Chacun a créé son ou ses Blogs, activité-passion qu’ils partagent avec nombre de leurs camarades collégiens.

« On est plus de la moitié à faire des blogs dans la classe. Enfin tous sauf ceux qui n’ont pas Internet chez eux. »

« Je mets des photos et des images et des chansons. Parfois c’est des photos d’Internet ou des photos qu’on a fait aussi. »

« On partage ce qu’on aime… nos goûts. Mais on ne met pas nos petits secrets. »

« Moi j’en ai plein [de blogs], mais il y en a que 2 que j’aime bien. Il y en a un qui parle de ma vie et le 2ème c’est Bordeaux.
La ville ?
Non, l’équipe de Bordeaux ! Eh : Bordeaux en force ! ».

« Ils sont sur Skyblog nos blogs. Tout le monde a ça c’est plus facile. »

Faire son blog avec ses copains

Faire son blog avec ses copains

Le rôle du blog semble paradoxal : ils « publient » et pourtant n’aimeraient pas que l’on rende public leur blog… La question de l’adresse et du destinataire semble assez complexe. Justement jeudi après-midi, lors de la restitution de l’enquête “Construire la rive droite numérique” d’Amar Lakel, Maître de conférence en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Bordeaux 3, et Houda Benabdeljalil, Chargée d’études, nous avons eu l’occasion d’en découvrir un éclairage et d’en débattre, et nous espérons pouvoir bientôt publier ici un lien vers leur travail.

L’un développe à la fois « un facebook et un blog sur le crashtreck et le speed way [course de motos]. C’est mon grand père qui me fait découvrir ça. Et comme j’aimais la mécanique… et ouais voilà, [je le complète] quand j‘ai le temps. Je veux être mécanicien.» « Sur facebook je discute avec des coureurs, avec des amis… »

Son blog sur le crashtreck et le speed way

Son blog sur le crashtreck et le speed way

« On va sur MSN beaucoup mais on n’a pas le droit ici. »

« Sinon on va sur Habbo et tout… Tchat ado, facebook [hésitant dans la prononciation], Tchat énergie un truc comme ça… »

Se connecter, seul ou à plusieurs

Tous équipés chez eux d’ordinateurs et connectés à Internet, ils viennent pourtant très régulièrement à la Cyber Base pour jouer et échanger en groupe.  « Ici on est tranquilles au moins ».  D’ailleurs ils ont un autre lieu de repli, le centre social.

Lorsque je leur demande combien de temps ils passent sur internet, cela semble difficile à évaluer. Ils ne sont pas tous d’accord :

« 6 heures par jour tous les jours » dit un premier,  « Non ça va pas toi… » lui rétorque un second. « En fait, je crois 2/3 heures par jour. » « C’est pas autant pendant l’école. » « Moi j’ai pas le droit d’y aller le soir. » « Comme ça ferme à 6h on n’a pas  trop le temps. Mais quand on sort à 3h ou 4h [du collège] on vient. » « On ne peut pas être tous ensemble chez nous. »

Une pratique de groupe

Une pratique de groupe

Alors les lieux collectifs permettent de jouer, d’échanger à plusieurs. Ils ont même tenu un blog collectif, et ont fini par le laisser. Loisir, activité collective, occupation ( « On est tout le temps dehors sinon, quand c’est fermé [la cyberbase]. »), moyen de communication, lieu de développement de l’identité et de développement de liens particulier, l’accès à la cyberbase et les connections qu’elle suscitent semble primordiale pour eux.

Apprentissage et liens générationnels

Ils ont tous appris chez eux, même si pour certains, l’école leur a aussi servi de lieu d’apprentissage.

« Moi au début à l’école et après tout seul chez moi.»

Dans le précédent collège de la jeune fille, l’accès à Internet au collège a été arrêté en cours d‘année. « Il y a eu une baston avec 2 collèges parce qu’il y a eu des blogs qui traitaient sur les autres. Il y  a eu des couteaux et tout. Maintenant on n’a plus le droit d’aller sur Internet. Des fois juste, on a des exposés à faire à l’école avec Internet. » On imagine alors la difficulté des établissements scolaires à se positionner par rapport à l’outil.
Leurs parents utilisent tous le net : MSN principalement, mais aussi Skyblog et des jeux.

« Mon père, il fait que jouer à un jeu débile avec des châteaux fort et des flèches. Un vieux jeu. »

La jeune fille navigue régulièrement sur le blog familial lancé par une cousine et une tante qui relate événements et publie des photos… Pourtant, ils ne partagent pas leurs blogs avec leurs parents, surtout ceux qui traitent davantage de la vie quotidienne. Ceux-là s’adressent à leur proches amis, et à « leurs amis » (entre 30 et 50) qu’ils connaissent tous de l’école, du quartier, du club de sport, ce sont aussi des cousins. Quelques fois 1 ou 2 personnes extérieures les sollicitent, ils semblent alors méfiants et n’accepte pas toujours la proposition.

Lorsque je leur demande ce qu’ils aimeraient apprendre sur l’ordinateur a priori ce n’est pas la priorité : « On sait presque tout … presque. Les adultes, ils ont plus de trucs, donc ils ont besoin d’apprendre pour aller sur leur compte ou quoi….. Nous on est la nouvelle génération ! Si je voulais apprendre pour faire des montages de photos, mais bon là ça y est, j’ai trouvé… »

Enjeux complexes d’intégration de la jeunesse comme utilisateurs essentiels du numérique sur le territoire.

Voilà une rencontre qui donne envie d’aller plus loin dans la découverte de ces pratiques foisonnantes qui semblent dépasser nombre d’acteurs institutionnels (éducation nationale, médiathèques, centre sociaux, mairie…) ! La charte de la Marie de Cenon sur l’utilisation d’Internet par les mineurs semble vouloir cadrer ces pratiques sans pour autant maîtriser leurs enjeux. Chacun des protagonistes rencontrés se pose la question de leur évolution, tout en assurant l’importance du cadre. Au-delà, les pratiques des enfants semblent évoluer rapidement, avec l’âge (ils se lassent vite) comme avec l’apparition de nouveaux outils.
En remerciant vivement nos 4 internautes que nous retrouverons certainement sur le Net ou lors de notre prochain passage.

Rencontre avec Eric Plamondon de Cenon Hebdo

Eric habite à Cenon depuis 6 ans et travaille beaucoup avec les nouvelles technologies dans le cadre de son travail. Le blog local qu’il a lancé était l’aboutissement d’une réflexion liée à son goût pour les médias locaux et à la fois une bouteille à la mer, afin de tester les réactions à ce projet et susciter des collaborations.

« Mon blog est une envie de découvrir mon propre territoire… »

De nombreux projets de billets, de reportages n’ont pas aboutis à ce jour car le goût ne suffit pas, il faut aussi trouver le temps.

« J’aimerai bien une fois par semaine rencontrer un asso d’ici et publier un billet sur eux dans mon blog… »

Mais pour lui, il y a une place pour un « journal des voisins » entre SudOuest et le magazine municipal, parce que les gens aiment discuter de leur quotidien et de ce qu’il s’y passe.

Cenon sur le web, on est d’accord, il y a le site de la mairie et c’est tout… »

« J’ai senti qu’il y avait une place pour quelque choses comme ça ici (un média très local et participatif). »
« L’ambition de mon blog, c’est un peu d’être entre Sud Ouest et la Mairie. »

Mais de reconnaître que la pratique locale de l’information demande du temps, de l’énergie, de l’animation. Sans compter que pour passer le cap, il faudrait réussir à passer rapidement sur un mode collaboratif, plus difficile à atteindre. Le goût pour le média local ne suffit pas..

Eric participe également d’un autre blog, celui d’une association de parents d’élèves. Mais il ne connaît pas beaucoup de Cenonais branchés, plus des consommateurs que des acteurs et les pratiques, même de listes de discussion, ne sont pas toujours très affinées, ce qui ralentie les possibilités de communications entre personnes aux niveaux de pratiques différents.

« La réalité du numérique, c’est que s’il n’y a pas une personne payée 35 heures par semaine pour vous le faire, personne n’y va… »

Sa pratique internet locale est assez active, notamment pour chercher de l’information (évènements, associations, magasin, spectacles…). Pour lui, l’internet est le principal lieu pour se documenter sur le territoire, mais cette pratique se révèle vite assez déceptive vis-à-vis de ce qu’il trouve (manque d’offres de loisirs en ligne, pas d’agenda suffisamment complet et « plaisant »). Il l’utilise pour faire de l’achat (musique, livres) et consulter de la presse (surtout nationale, hormis SudOuest). Il utilise aussi les petites annonces sur l’internet (LeBonCoin.fr) pour trouver des produits que les gens vendent localement.

« Pour arriver à comprendre ce que les gens font sur le web local, il faudrait arriver à comprendre ce que les gens en retirent… »