Dernière séance de travail pour cette semaine 2 de la Transfo PACA. Cette fois nous sommes « entre nous », l’équipe de la 27ème région et une douzaine d’agents, de ceux qui ont suivi le processus depuis juin et qui portent des idées et/ou des problématiques qui leur tiennent à coeur. Il s’agit de faire un point d’étape sur les idées d’expérimentation qui ont émergé depuis le début de notre démarche et de décider d’une éventuelle deuxième piste d’expérimentation – ce qui suppose, du reste, la validation d’une première piste, sur les emplois d’avenir.
Récapitulation : les idées ne manquent pas
Nous avons collé sur le long mur de la salle « Notre Dame », cinq mètres de papier blanc, traversés d’une longue flèche sur laquelle nous demandons aux agents de réinscrire toute l’histoire de notre travail collectif. Nous affichons aussi le tableau de synthèse de la semaine de septembre, qui liste les idées d’expérimentation proposées à ce moment là et qui avaient fait l’objet d’un vote. Nous constatons que les idées qui avaient alors reçu le plus d’adhésion, concernant notamment la qualification des jeunes, le parrainage ou la formation, couvrent des questions qui ont été centrales dans nos discussions de la semaine sur les emplois d’avenir.
Notre travail se poursuit autour d’une agente de la Direction de l’Emploi et de la Continuité Professionnelle, venue nous présenter le SREFA (Soutien régional à l’effort de formation d’un apprenti) et le SRQAE (soutien régional à la qualité de l’apprentissage en entreprise). Le premier dispositif est une aide de la Région de 1000 Euros, versée aux entreprises, par apprenti, à la fin de chaque année de formation, sous condition d’assiduité de l’apprenti en CFA. Le deuxième dispositif est une aide annuelle de 600 Euros, cumulable avec le SRQAE, versée aux TPE (moins de 21 salariés) sous condition que le maître d’apprentissage inscrit sur le contrat ait suivi la formation « Maître d’Apprentissage Qualifié » (MAQ). C’est une formation de 14 heures, dispensée sous un format de deux jours entiers, à laquelle peu d’artisans assistent, nous explique l’agente. D’où le moindre succès du dispositif qui ne touche environ que 10% des entreprises concernées. Alors, comment l’améliorer, nous demande-t-elle. Sa question donne matière à toute une discussion sur la nécessité de regarder plus finement les freins à la formation des tuteurs artisans et d’innover radicalement dans les formats, les rythmes et surtout la pédagogie de formation (s’agissant d’ailleurs autant des tuteurs que des apprentis eux-mêmes).
Forts de ces pistes d’intervention possibles, nous enrichissons encore le vivier en donnant la parole à d’autres agents du groupe qui considèrent l’approche Transfo pertinente pour appréhender des questions qui les préoccupent. Une agente du Pôle Ressources de la Région partage avec nous ses questionnements sur la fonction d’accueil : Fonction déterminante pour la qualité du service rendu au public par la Région, elle est néanmoins la cible de représentations négatives de la part des agents et a du mal à remplir efficacement sa mission. Comment alors trouver les moyens de revaloriser cette fonction et de remettre de la motivation chez les agents d’accueil, première étape d’une remise à plat de leur fonctionnement et de leur articulation avec l’ensemble des services de la région ? Une autre agente enchaine et reformule une problématique déjà évoquée en septembre, celle d’assurer une meilleure visibilité de l’offre de formation de la région auprès des usagers.
Rien ne vaut une pizza pour mettre toutes les idées à leur place
Ce ne sont donc pas les idées qui manquent et, pour l’heure, elles nous donnent faim. Alors direction la pizzeria du coin, une occasion pour l’équipe de la Transfo de faire en chemin un rapide debrief de la matinée. De retour avec nos cartons tout chauds, nous trouvons une table joliement dressée, « façon picnic », par les agents, alors qu’une membre de l’équipe est en train de résumer notre travail de la semaine à Thierry Fellmann, DGA du Pôle Innovation, Emploi et Formation. Il nous quitte peu après, manifestement satisfait de voir comment nous avons avancé.
Puis l’heure est enfin à une proposition.
Nous nous accordons d’abord sur le fait que nous allons bien mener notre expérimentation « de base » autour des emplois d’avenir et nous proposons de nous mobiliser autour des deux pistes qui ont été dessinées la veille. Comme évoqué, elles sont à deux échelles différentes et imbriquées l’une dans l’autre. Expérimenter sur la VPA (Valorisation des Potentialités Acquises) nous permettra de développer et de tester rapidement un prototype d’outil – volontiers simple et « low tech » – donnant l’opportunité aux agents et usagers parties prenantes de se familiariser aux pratiques de design et de s’en approprier les principes de base. Le prototypage d’un « système d’amélioration continue » exploite quant à lui l’opportunité donnée par la Transfo de travailler sur un temps long et rythmé avec un groupe d’usagers. Il répond à l’objectif de réinventer la manière dont la Région met en œuvre son action publique en partant de la parole des usagers. Il s’inscrit dans une démarche de recherche-action, en adéquation avec l’idée que porte la Transfo sur la pratique d’un laboratoire d’innovation sociale et sur son positionnement dans une Région.
Les propositions qui concernent la visibilité de l’offre régionale de formation et l’innovation dans les rythmes et pédagogies de la formation des tuteurs/apprentis, apparaissent a priori d’une envergure assez importante par rapport à une deuxième piste pour la Transfo. Pour autant, nous ne pouvons exclure, au cours de l’année prochaine et au rythme des 7 semaines Transfo à venir, l’émergence de questions en lien avec ces problématiques, qui pourraient nous amener à vouloir tester rapidement une idée nouvelle.
Les demandes concernant l’amélioration de la formation MAQ ou la revalorisation de la fonction accueil peuvent quant à elles être des opportunités de préfigurer et de tester une forme d’intervention d’un laboratoire d’innovation sociale : A savoir, dans un espace de temps plus court, de « déblayer le terrain » sur une question donnée, en partant de la parole et de la situation des usagers concernés et en fournissant les outils et l’expertise nécessaire à la prise de relais par la Région dans le processus de transformation.
Nous restons donc sur cette liste de pistes qui apparaissent au groupe encore présent comme tout à fait valables et intéressantes. Celles-ci doivent faire maintenant l’objet d’un échange avec les élus concernés.
Nous prenons peut-être bien un chemin d’innovation…
Notre dernière proposition introduit naturellement une discussion entre les agents encore présents sur la manière dont ils vont assurer le fil de la réflexion et de l’action entre les semaines d’immersion de la Transfo, et sur leur disponibilité, contrainte ou choisie.
La nuit est tombée quand nous bouclons la séance – à l’origine programmée sur une demie journée. Juste le temps d’un petit ménage et d’un court débriefing avant d’aller attraper nos trains respectifs. Nous nous quittons avec le sentiment d’avoir bien avancé et tenu nos objectifs de la semaine. Mais en ayant conscience que nous sommes collectivement embarqués dans une aventure dont nous ne saisissons pas pour l’instant tous les tenants et les aboutissants… Serait-ce le signe que nous sommes bien dans une démarche d’innovation… ?